C’est une nouvelle fois par la lecture de notre confrère La Tribune des Arts que nous apprenons l’acquisition par le Musée des Beaux Arts d’Orléans d’une gravure de Aignan Thomas Desfriches représentant la construction du pont Royal qui deviendra Georges V en Hommage au roi d’Angleterre durant la Grande Guerre.*

Aignan-Thomas Desfriches (1715-1800)
Vue du Pont Royal à Orléans avec la construction d’un ponton au premier plan
Pierre noire, traits d’encadrement à la plume et encre brune – 16,8 x 33,7
Acquis par le Musée des Beaux-Arts d’Orléans
Photo : Artcurial
On sait que Desfriches réalisa de nombreuses gravures représentant la vie orléanaise dont beaucoup de reproductions ornent aujourd’hui les intérieurs de la bonne société, mais cette vue des travaux de la construction du pont, acquise lors d’une vente chez Artcurial, nous rappelle l’implication de cet homme des Lumières dans la vie de sa cité. Car Aignan Thomas Desfriches en plus de faire fortune grâce à la transformation de la canne à sucre venue des Antilles, en plus d’être un artiste et un collectionneur d’art avisé, se trouva impliqué comme conseiller de ville dans le percement de la rue Royale et la construction du pont, axe stratégique voulu par Louis XV pour relier Paris à Toulouse.
Et comme souvent avec cet étonnant personnage, ses relations se transforment en amitié, l’ingénieur en charge de la construction du pont, Robert Soyer, deviendra ainsi “son plus intime amy” en trouvant chez les Desfriches le gîte et le couvert pendant toute la durée des travaux, offrant à Aignan Thomas de quoi satisfaire une curiosité scientifique, illustrée dans cette gravure qui n’est pas sans rappeler les gravures que fit Desfriches sur son métier de sucrier pour l’Encyclopédie.
Pièce d’un vaste puzzle qui a vu l’acquisition par le musée des décors peints de la Cartaudière, la gentilhommière des Desfriches à Saint Pryvé, ou les magnifiques portraits de famille au pastel par Perronneau, autour de ce personnage si essentiel pour Orléans au XVIIIe siècle, un siècle d’or orléanais qu’il serait si opportun de rendre visible au public tant il marqua l’histoire de la ville.
Une idée pour nos futurs élus…
GP
*devenu en ces temps vélocipédiques, l’enjeu d’un débat électoral récurrent !