Indre : « Je crois qu’aujourd’hui, Châteauroux pèse à l’échelle régionale »

En quelques années, Châteauroux (Indre) a changé de visage. Son maire Gil Avérous, fraîchement réélu à 70 % au premier tour le 15 mars dernier, souhaite poursuivre les grands projets initiés lors de son premier mandat et rapidement en entreprendre de nouveaux pour rendre la ville plus attractive.

Gil Avérous a été réélu maire au premier tour, le 15 mars 2020. ©Morgane Thimel

Comment Châteauroux a passé cette crise sanitaire ?

Gil Avérous : Globalement, on a bien traversé la crise. D’abord parce qu’on avait des stocks de matériel de protection qui nous ont permis d’équiper préventivement nos personnels, d’éviter toute interruption du service public et d’accompagner les commerçants ou entreprises qui travaillaient. Puis parce qu’on est un petit département où tout le monde se connaît. On a pu être assez réactif. Même si, comme partout, il y a eu une période d’hésitation. En revanche, dans certains Ehpad il y a eu beaucoup trop de morts. C’est une réalité, il faudra en tirer les conclusions. J’ai demandé à l’ARS [Agence régionale de santé] de faire une enquête.

Vous attaquez ce deuxième mandat dans un contexte particulier…

G.A. : On est à 650 000 euros d’impact sur le budget 2020. Mais 2021 sera sûrement plus difficile avec l’impact sur la fiscalité des entreprises et j’estime notre baisse de recettes à 2-3 millions d’euros. J’espère ne pas être obligé de trop couper dans nos investissements qui sont source de développement. Un territoire qui n’investit pas, ne se renouvelle pas, n’attire pas de population et ne garde pas la sienne.

Pour ce mandat, quelles sont vos priorités ?

G.A. : La première, c’est l’attractivité. Le centre aquatique Balsanéo, programmé pour mai 2021, sera un bel équipement structurant, qui va rayonner bien au-delà de l’Indre. Le second projet clé, c’est la Cité du numérique, opérationnelle en octobre prochain. Pour ce site, on monte un projet de campus connecté, qu’on souhaite ouvrir dès la rentrée 2020. Des étudiants pourront y suivre des formations dispensées par des universités extérieures. Un vrai plus car ici, nos jeunes sont trop peu mobiles pour des études supérieures. La formation est notre seconde priorité. Outre la formation initiale, on accompagne la formation continue : d’abord un centre privé sur la maroquinerie. Et on soutiendra le projet de centre de formation d’apprentissage des métiers de l’aéronautique, porté par l’UMM, l’union des métiers de la métallurgie, et le Medef. Ce sont nos deux axes portés dans le cadre du label Territoire d’industrie.

Qu’en est-il de la santé, enjeu très fort dans l’Indre ?

G.A. : C’est la troisième priorité. Trois maisons de santé sont programmées dans différents quartiers. Mais le volet innovant pour nous, c’est la formation, avec le déménagement et l’agrandissement des écoles d’infirmiers(ières) et d’aide-soignant(e)s sur le site de l’Ecocampus. On passera de 200 à 450 élèves. On souhaite y adjoindre un pôle santé qui pourrait apporter la partie pratique à la partie enseignement. On a lancé un appel à projet pour accueillir à proximité immédiate des activités privées liées à la santé. Les trois candidatures retenues présenteront leur projet début octobre. Réponse en décembre.

L’ancien site industriel du Flocage, attenant à l’Ecocampus, accueillera un pôle de santé multifonction. ©Morgane Thimel

Concernant l’écologie, quelles sont vos orientations ?

G.A. : Dans un futur proche, nous souhaitons favoriser les circuits courts. Sur nos périmètres de captage d’eau potables, on va installer de jeunes maraîchers, leur mettre à disposition des parcelles dont on est propriétaire, une centaine d’hectares. L’objectif est d’acheter leurs productions en priorité et d’alimenter les cuisines municipales et celles des 14 communes de l’agglo. On travaille également à améliorer l’accès à la voirie aux cyclistes. Une étude sur les boulevards est en cours : une voie est désormais réservée aux vélos sur deux fois 3,5 km. Si celle restante supporte le trafic, on fera des aménagements définitifs. L’idée sera alors aussi de créer un trottoir vert pour repousser les voitures et casser cette frontière artificielle que sont les boulevards, créer plus de lien entre les quartiers. Pour cela, on espère profiter du Plan vélo gouvernemental, une enveloppe d’un milliard d’euros d’investissement sous forme de subventions.

Une piste cyclable a été aménagé sur les boulevards. ©Morgane Thimel

Et la culture ?

G.A. : Si l’on veut avoir un impact culturel, il faut regrouper les activités et faire un pôle qui créé une émulation commune où les gens se parlent et travaillent ensemble. Aujourd’hui, notre handicap, c’est que chacun fonctionne indépendamment. On souhaiterait réunir l’école de musique et les beaux-arts, sur le site Racine et Katz, à côté de la scène nationale Equinoxe, en plein centre. On fera un appel à subvention auprès de la Drac, la direction régionale des affaires culturelles, afin de rénover ce bâtiment classé Monuments historiques.

Le centre Racine, en plein centre-ville, pourrait être rénové pour accueillir un vaste pôle culturel regroupant le conservatoire et les beaux-arts. ©Morgane Thimel

Qu’en est-il du musée, encore trop méconnu à l’échelle de la région ?

G.A. : En 2022, nous rénoverons des salles, nous moderniserons avec une boutique et des espaces distincts dédiés à Napoléon et aux Illustres qui ont fait la notoriété de Châteauroux. En complément, on aura bientôt également un musée de la résistance, dans l’espace Mendès-France, à proximité de l’Ecocampus. Un lieu symbolique, là où il y a eu l’explosion du dépôt de munitions à la libération de Châteauroux.

Le musée Bertrand bénéficiera prochainement de rénovations. ©Morgane Thimel

Votre ambition est-elle que Châteauroux rayonne plus à l’échelle régionale ?

G.A. : Je crois que c’est déjà le cas aujourd’hui, quand on compare à 2014. Mais il ne faut pas attendre des autres qu’ils nous prêtent de la considération si on ne la provoque pas. Nous devons créer ici des éléments qui soient d’intérêt régional tels que le Centre national de tir sportif, bientôt Balsanéo ou encore un grand pôle culturel autour de la salle Racine. Mais celui qui pèse largement et dans lequel on nourrit beaucoup d’espoir, c’est l’aéroport. Notamment avec les investissements conséquents en cours sur le hangar aéronautique et la tour de contrôle. Là, il y a une carte à jouer.

Propos recueillis par Morgane Thimel

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