Le retour des « Folies Françoises » : un grand moment de plaisir et d’émotion

Un concert diffusé en direct sur Facebook a eu lieu mercredi 15 juillet 2020. Outre le nombreux public présent à ce rendez-vous sur le net, quelques privilégiés ont pu assister au concert en direct. Quel bonheur de franchir à nouveau le seuil de l’Institut, d’y voir ses ors et ses miroirs, d’y redécouvrir ses décors floraux et musicaux, d’y ressentir l’accueil d’un lieu familier et combien prestigieux qui fait la fierté des mélomanes orléanais.

L’ensemble « Les folies françoises » y recevait son public dans un programme consacré majoritairement à Henry Purcell, suite à une résidence orléanaise qui a permis de réunir les trois membres fondateurs de l’ensemble : Patrick Cohen-Akénine (violon et direction), Béatrice Martin (clavecin), François Poly (violoncelle) avec Benjamin Chénier (violon).

Les Folies Françoises ( Photo Géraldine Aresteanu)

La première note, le premier accord subjugue d’emblée le spectateur par l’osmose qui règne entre l’acoustique et le son, entre la musique et le lieu, entre les musiciens et le public, même si celui-ci est restreint et masqué !

Deux sonates de Purcell emplissent l’espace sonore, faisant alterner les passages lents et virtuoses interprétés avec brio. La complicité entre les musiciens est communicative, autant que leur plaisir manifeste de jouer ensemble et de retrouver un public. Patrick Cohen Akénine l’exprime avec beaucoup de simplicité, et quelques nœuds dans la voix cependant : « le musicien joue pour les auditeurs, il donne à entendre la musique, il a besoin du retour du public dans l’instant unique qu’est le concert ». La période de confinement a été rude à ce niveau, même si elle a été constructive pour les « folies françoises » qui continuent d’explorer des musiques variées et de monter des projets.

Une surprise est offerte au public : la participation de Jean-Michel Fumas, contre ténor orléanais qui interprète avec passion If music be the food of love de Haendel. Grand moment de musique, d’émotion, de partage.

Retour à Purcell ensuite avec la sonate VII qui alterne des passages fugués avec des moments d’ensemble qui sonnent comme des chorals, et un final « adagio » tout en douceur

Folies françoises – ©Géraldine Aresteanu

Une sonate de Johann Gottlieb Goldberg, ce musicien peu connu pourtant très proche de JS Bach, vient apporter d’autres éléments dans ce concert. Patrick Cohen Akénine donne des clés de connaissance comme il sait le faire, avec finesse et clarté, avant de nous entraîner dans les sons filés des violons et la virtuosité du clavecin.

Purcell reste le maître de cérémonie de la soirée, avec un extrait de Fairy Queen, poignante déploration du passage Let me weep avec JM Fumas, puis la sonate V, la favorite de Béatrice Martin, nous dit-on, avant de conclure avec Georg Philipp Télémann. Cet autodidacte qui jouait d’au moins 10 instruments nous offre un trio composé en 1718 : un début « soave » saisissant avec les sourdines aux cordes et le jeu luthé au clavecin, avant un « vivace » au tempo endiablé.

Les quatre musiciens emportent littéralement leur public. Chacun d’entre eux dégage une énergie et une passion sensible dans les élans, les regards échangés, et le grand sourire qu’ils adressent au public à la fin de chaque morceau.

Les « Folies françoises » existent depuis 20 ans dont 15 ans en résidence à Orléans. Patrick Cohen Akénine rappelle brièvement cette belle aventure, basée sur une rencontre avec Dominique et Eric Valette, et riche de nombreux concerts et prestations diverses depuis toutes ces années.

Et tout ceci au service de la musique baroque qui, nous décrit le fondateur des « Folies françoises », est faite de « liberté, légèreté, poésie et rigueur »

Un vaste programme qui invite aux prochains rendez-vous prévus cet été au château de la Bussière ou de Versailles, en Novembre à la salle de l’Institut ou au Théâtre à Orléans, et sur les réseaux sociaux.

D’autres projets consacrés à Purcell semblent germer dans les têtes des artistes, mais Patrick Cohen Akénine n’en dira pas plus. Nous devrions en entendre parler bientôt, pour notre plus grand plaisir !

Anne-Cécile Chapuis

 

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