La soif d’entreprendre d’Alain Courtois

Figure emblématique de la vie économique loir-et-chérienne depuis 40 ans, Alain Courtois, ancien président de la CCI 41 (1997-2010) se raconte dans un ouvrage biographique passionnant dans lequel on croise de nombreuses personnalités (Jack Lang, Maurice Leroy, Pierre Trousset…). Une aventure humaine et entrepreneuriale à découvrir chez l’éditeur controis Plume d’Eléphant. 

Fervent défenseur de l’entreprise et de l’innovation, Alain Courtois a donc choisi de prendre la plume pour faire passer quelques messages forts sur la force de l’amitié, la fidélité, la valeur du travail ou encore l’importance de l’engagement.

Enfant de Sologne, né en décembre 1943 dans une famille romorantinsaise de cinq enfants, issu d’un milieu modeste (son père était employé au Blanc Argent, sa mère secrétaire à l’usine Normant), Alain Courtois n’est pas un héritier du CAC 40 né avec une cuillère d’argent dans la bouche ! L’homme a dû se battre et travailler encore et encore pour construire sa réussite.

Son passage aux Ateliers d’apprentissage et de maîtrise de Loir-et-Cher de Villefranche-sur-Cher, la très réputées école de mécanique, constitue sans conteste le point de départ de sa vocation d’entrepreneur. Il y rencontre l’abbé Maurice Leroux, un homme extraordinaire qui deviendra son mentor et son père spirituel Alors directeur des Ateliers, Maurice Leroux va transmettre son énergie à de nombreux autres jeunes qui deviendront des hommes d’entreprises avisés comme Jean-Pierre Huet, l’associé et ami de toujours.  

Après « cette formation exaltante », Alain Courtois réalise ses premières expériences en entreprise et rencontre Bernadette, sa future épouse, lors d’un rassemblement scout. Curieux et souhaitant progresser, il poursuit aussi ses études en devenant auditeur au CNAM à Bourges, dans le domaine de l’organisation scientifique du travail. Par la suite, sa vie durant, Alain Courtois n’aura de cesse de soutenir l’enseignement, l’apprentissage et la promotion sociale dans ses différentes fonctions de président-fondateur du CETIM CERTEC, de président de l’IUT de Blois ou d’administrateur de l’école d’ingénieurs de Blois (EIVL).  

Dubuis. La vie d’Alain Courtois est indissociable de la réussite de cette entreprise de mécanique, aujourd’hui fleuron du groupe américain Stanley Black & Decker, qui a fêté ses 70 ans l’an passé. L’aventure a commencé le 1er novembre 1970 lorsqu’Alain Courtois et Jean-Pierre Huet rachètent l’entreprise à son fondateur Maurice Dubuis. Pendant 30 ans, les deux hommes vont s’employer en en faire un leader mondial dans le domaine de l’outillage hydraulique. Leur méthode reposera sur le pragmatisme, l’innovation (avec le dépôt de très nombreux brevets) mais aussi la confiance dans les équipes qu’ils managent avec humanité. 

Alain Courtois (à gauche) avec Georges Rodrigues (au centre), directeur Europe des opérations de Dubuis et le représentant du groupe Stanley Black & Decker lors des 70 ans de l’entreprise le 16 septembre 2019. ©Jean-Luc Vezon

Alain Courtois va aussi créer Sermatec une entreprise spécialisée dans la fabrication de machines d’usinage électrochimiques. Une niche industrielle qu’il va développer en pariant notamment sur l’export comme il le détaille dans le livre. On suit alors avec intérêt ses expériences commerciales souvent compliquées pour vendre en Chine. Mais, malgré les difficultés, Alain Courtois ira au bout de ce projet. Il peut alors écrire : « La mondialisation économique est un bon dérivatif à la guerre, il vaut mieux se battre sur les marchés qu’avec des bombes. L’Europe est le plus grand marché du monde et, pour le comprendre, il faut se frotter aux autres ». 

En juillet 2001, ce sera la vente de Dubuis au groupe français FACOM. Alain Courtois va alors s’engager dans le monde consulaire, d’abord au côté de Pierre Trousset puis, en succédant à ce dernier en devenant président de la CCI 41. Durant deux mandats, le chef d’entreprise va faire progresser l’économie loir-et-chérienne avec passion. Avec d’autres, il va agir pour bâtir un système de formation à Blois, aménager des zones d’activités pour accueillir des entreprises, promouvoir l’innovation (ce sera Trempolinno avec Maurice Leroy) ou doter la ville d’une grande salle omnisports (Le Jeu de Paume).  

Alain Courtois, entouré d’Yvan Saumet (président de la CCI 41, à sa droite) et de Marc Gricourt (à droite), maire de Blois, lors des 70 ans de Dubuis le 16 septembre 2019. ©Jean-Luc Vezon

Nommé président honoraire de la CCI 41 sous l’impulsion de son successeur Yvan Saumet, Alain Courtois poursuit inlassablement son travail de terrain. Délégué du pôle agroalimentaire Food Val de Loire à Contres, il accompagne les créateurs d’entreprises et de startups. Plusieurs d’entre-elles ont aujourd’hui réussi leur décollage à l’image Comme des Papas ou Terraceres grâce à l’incubateur de la CCI 41. « La recherche, l’innovation, l’ingéniosité sont nos points forts, il faut continuer à aller sur des marchés d’avenir » insiste-t-il. 

Celui qui rêve d’une « France libérée des contraintes de la réglementation, de la spoliation fiscale, de l’arrogance des énarques et des illusions des dirigeants syndicaux », fut aussi et surtout une personnalité charismatique et généreuse qui a mis ses talents au service de l’intérêt général. Le sport et le logement sont les autres cadres de l’engagement de ce boulimique d’activité qui n’a de cesser de faire naître des projets et d’entraîner. Président de 3F Immobilière CVL, il agit pour le logement social ; passionné de sport (tennisman et golfeur) il participe à la montée en puissance de l’ADA Blois Basket 41, l’une des meilleures équipes françaises de basket et vitrine du sport loir-et-chérien. Son credo : la formation des jeunes. 

Se battre pour une seconde sortie d’autoroute 

Au cœur de l’histoire économique du Loir-et-Cher, le livre revient sur les nombreux épisodes des combats d’Alain Courtois parmi lesquels le second échangeur autoroutier reste d’une urgente actualité. Comme tous les acteurs économiques du Loir-et-Cher, l’ancien chef d’entreprise défend l’idée d’une 2e sortie sur l’A 10 doublé d’un parc d’activité respectant les règles environnementales : « Nos élus locaux n’ont pas de vision à moyen et long terme. Blois est la seule ville de France de cette importance à n’avoir qu’une seule sortie d’autoroute qui se trouve saturée avec un problème de sécurité. Nous ne pouvons refuser une implantation ou un développement d’activité ».

La foi dans l’homme. C’est incontestablement la source de l’engagement d’Alain Courtois qui se livre en conclusion d’un livre vérité pouvant être un modèle pour une jeunesse à la recherche de repères : « J’ai beaucoup donné de mon temps et de moi-même, bénévolement, pour les autres, dans l’économie, le social et le sport. Fondamentalement, j’ai toujours eu envie de restituer ce que j’avais reçu, sans compter, au détriment quelquefois de ma famille. Je constate néanmoins que mes trois filles, qui ont très bien réussi leurs études, leur carrière professionnelle, sont sur la même voie ».

Jean-Luc Vezon

Alain Courtois, Choisir la liberté d’entreprendre – Plume d’Eléphant Édition –  20 euros

Commentaires

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  1. Celui qui rêve d’une « France libérée des contraintes de la réglementation, de la spoliation fiscale, de l’arrogance des énarques et des illusions des dirigeants syndicaux »,… rien que ça ?!? Heureusement que l’état providence est devenu l’état libéral qui est devenu « l’assurance tout risque » de tous les
    Ci-devants entrepreneurs de France ! Indécrottables patrons !

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