Violences policières : “Un pays qui se tient sage”

Alors que le mouvement des Gilets Jaunes reprend du service ce samedi 12 septembre 2020, David Dufresne, auteur du film-documentaire, poursuit sa tournée nationale. Dimanche 13 septembre, lors de l’avant-première à Orléans au cinéma des Carmes, il rencontre ses spectateurs.

D’aucuns se souviennent de la vidéo où des lycéens sont interpellés, menottés et mis à genoux plusieurs heures par la police, en décembre 2018 à Mantes-la-Jolie, et où un policier zélé se lâche : « Voilà une classe qui se tient sage ! » Ces images et le dérapage verbal ont provoqué l’indignation alors que le mouvement des Gilets Jaunes démarrait un mois plus tôt avec sa déferlante de violences policières.

Depuis le début du mouvement, l’écrivain et réalisateur, connu comme lanceur d’alerte sur Twitter avec le fameux projet multimédia Allô Place Beauvau, David Dufresne, dénonce ces violences et recense les vidéos tournées lors des manifestations. De ce recueil, il en a fait le film-documentaire Un pays qui se tient sage. Si la sortie nationale en salle est prévue le 30 septembre 2020, ce dimanche 13 septembre, c’est à Orléans, au Carmes, qu’il le présente en avant-première.

David Dufresne, auteur du film-documentaire Un pays qui se tient sage, traitant des violences policières. Il répond aux questions des spectateurs lors du débat issu de la projection en avant-première au cinéma des Carmes à Orléans. Photo : Elodie Cerqueira

Ce documentaire est un savant mélange de dialogues entre sociologues, ethnologues, historiens, manifestants, syndicats des forces de l’ordre, journalistes…  qui réagissent aux nombreuses vidéos des manifestations qui ont enflammé la toile ces deux dernières années. Si le réalisateur n’a pas à vocation « de donner des leçons », il force le spectateur à s’interroger sur les rapports de force entre le pouvoir et la population.

Pour cela, pas de mise en scène spectaculaire mais une caméra portée à l’épaule pour des visages en gros plans sur fond noir. David Dufresne décide de ne dévoiler l’identité des intervenants qu’à la fin car « en ne mettant pas la fonction, en gommant les métiers, on gomme la hiérarchie sociale. On écoute ce que l’on dit mais pas qui le dit, pour gommer nos préjugés, nos préconçus pour rendre la place à la parole ».

Et ça marche ! La parole est le personnage principal. On l’écoute, on la scrute, on s’en émeut et surtout par elle, on cherche à comprendre comment notre société en est arrivée à de tels extrêmes. « Ce ne sont que des conversations entre deux personnes, parfois du même camps, parfois opposées. Pas pour s’invectiver mais pour échanger », explique David Dufresne.

En effet, les échanges partent de la définition de Max Weber : « L’État détient le monopole de l’usage légitime de la violence » et portent sur le système du maintien de l’ordre, le droit à l’insurrection, l’ordre social, la différence entre légitimité et légalité, de la place de la police dans la démocratie, de politique…

Véhiculées par Internet, ces images, parfois très violentes (âmes sensibles s’abstenir !) ont fait le tour du monde et ont une répercussion sur ce que pourraient devenir les mouvements contestataires à l’étranger, du moins la question est posée dans le documentaire et pour le réalisateur, « le film se veut universel, il est pour tous les pays où il sera diffusé, pour toutes les démocraties ».

Un documentaire de 86 minutes qui sort à point nommé alors même que les manifestations de Gilets Jaunes et leurs lots de violence ont repris ce week-end. Face à ce (heureux ?) hasard du calendrier, le réalisateur répond : « Je n’y suis pour rien, la sortie était prévue en mai ! »

Elodie Cerqueira

Photo de Une Le Bureau – Jour2fête – 2020

Commentaires

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  1. Effectivement l’état (la communauté humaine structurée en société) détient le monopole de la violence légitime, monopole nécessaire pour combattre les violences contre l’état. Mais police-gendarmerie-armée qui sont les structures permettant l’usage de la violence légitime ne peuvent en aucun cas se comporter comme des brutes (du latin brutus: dépourvu d’intelligence, privé de raison humaine) c’est à dire ayant des comportements qui se rapprochent de ceux des animaux.
    Quand un-e policier-e,gendarme, soldat-e, roue de coups un être humain à terre c’est une brute, ce n’est pas un agent de l’ordre exerçant la violence légitime de l’état (qui le paie pour assurer l’ordre publique).

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