Alexandre Moix, auteur et réalisateur orléanais, a eu la bonne idée en cette année de disette festive, d’aller visiter les archives de Ciclic (institution régionale qui collecte et conserve les films amateurs tournés dans la région), à la recherche des images des Fêtes Johanniques. On connaissait, parce que déjà diffusées, les images poignantes des Fêtes de Jeanne d’Arc de mai 1939, tournées par un cinéaste orléanais sur une étonnante pellicule couleur, montrant le président Lebrun ouvrant un puissant défilé militaire, un an avant la sinistre défaite.
Comme le contre champ vivant des discours officiels édités en livre cette année, en 22 minutes, le film d’Alexandre Moix élargit son montage à des images beaucoup plus joyeuses et festives. Nombre d’inconnus défilent autour des scènes de la Jeanne à cheval et tous de manifester leur évidente joie de participer à des festivités dont la popularité envahit les rues pavoisées de la ville. Les décors et les costumes varient au fil de ce demi siècle (les archives, films en plus ou moins bon état s’arrêtent avec la fin du super8), et les visages se mêlent dans un kaléidoscope où l’on aperçoit si l’on sait les reconnaître bien des personnalités politiques, la palme revenant bien sûr au Général de Gaulle donnant la main à la Jeanne sur son cheval.
Pour renforcer le propos de ces images, au cadrage parfois esthétique, parfois incertain commentées en voix off, le réalisateur fait appel aux témoignages d’une dizaine de personnalités (civiles, militaires et religieuses comme il se doit) qui parlent de leur rapport personnel à ces fêtes, de leur vécu comme participant à cette ferveur si particulière qui a si peu d’équivalent en France. Il dresse ainsi un portrait sensible et contemporain de cet incontournable événement orléanais.
Et bonne idée, après la présentation du film ce week end de Fêtes Johanniques réduites, il est désormais visible sur le site de la ville d’Orléans et sur les réseaux sociaux comme pour répondre à une certaine modernité; Reste qu’au delà de la nostalgie que ne manque pas de susciter ces images joyeuses d’un passé révolu, l’avenir d’une fête qui honore une icône si originale et “irrécupérable” de notre histoire, ne doit-il pas se réinventer si l’on veut qu’elle conserve l’universalité de son message ?
GP