Quand le covid met à nu l’artisanat, ya des photos !

Les photographes sont des artisans comme les autres, avec un peu de créativité en plus. Et quand le covid les oblige à fermer leurs boutiques, ils ont l’art de faire le buzz. A l’initiative d’un collègue de l’Oise, ils entonnent désormais tous le même refrain “Quitte à être mis à poil par le covid, je préfère le faire moi-même“. Et le prouvent en photo !

« Nous voulons exprimer notre colère par l’humour. Privés de toute possibilité de travailler depuis l’instauration du confinement, le 30 octobre 2020, et donc de revenus, nous voulons répondre au gouvernement. Il a décidé, à cause de la situation sanitaire actuelle, que tous les commerces non essentiels devront rester fermés jusqu’à nouvel ordre. Nous sommes donc obligés de fermer nos boutiques, nos restaurants, nos salons de coiffure ainsi que salons d’esthétique, etc. Nous nous retrouvons privés de travailler ! Et donc privés de revenus”, explique sur sa page Facebook Coralie Mader, une photographe installée près d’Onzain, dans le Loir et Cher, comme l’a révélé La Nouvelle République.

Aussi, se justifie-t-elle, “Ce cliché a pour but de sensibiliser les citoyens, d’interpeller afin que le message soit passé. Je sais que ce type de photos va susciter de l’intérêt que cela soit positif ou négatif… Je ne veux bien évidemment choquer personne. J’ai simplement voulu partager avec vous un peu d’humour et en même temps de désarroi ” .

Arnaud Gras, photographe dans l’Oise, initiateur de l’opération.

C’est ce cliché qui fait notre “une” et qui, depuis, a été rejoint par beaucoup d’autres, à l’appel d’un photographe de l’Oise, Arnaud Gras, tout fier de son slogan, et qui a posé le premier. Partageant l’article de la Nouvelle République, il notait “plus de 300 partages et des dizaines de photographes qui ont emboîté le pas…Nous vous préparons d’autres surprises restez connectés”. L’une de ces surprises est notamment la création d’une page Facebook dédiée, avec deux hashtag, photographesapoil et artisanapoil, qui, six jours après, ont déjà réunis près de 90 contributions venant de toute la France. Beaucoup de photographes à l’origine, et surtout des femmes !

A Baumes les Dames (25), les commerçants ont suivi Sophie, la photographe. Photos SP.

En Bretagne, à Landivisiau, comme en Lorraine, à Nancy, en Vendée, à Soullans, ou dans le Doubs, l’initiative a été élargie à tous les commerçants, les photographes ayant voulu associer tous leurs collègues artisans et petits commerçants. Sophie Petitjean, photographe à Baumes les Dames (25), explique : “Certains se sont réunis pour émettre des idées. L’ambiance était morose, c’était triste. Il fallait trouver quelque chose de positif, pour remonter le moral à chacun(e). J’avais connaissance qu’un photographe avait posé nu pour évoquer sa situation. J’ai trouvé l’idée excellente pour montrer nos problèmes et sensibiliser les clients et les pouvoirs publics. J’ai donc proposé l’idée”. Elle a montré l’exemple, et, le 6 novembre, 17 commerçants et artisans la suivaient devant l’objectif.

La photographe Jessica Bazureau, à Soullans (85) – Photo JB

Idem pour Jessica Bazureau, à Soullans (85), qui incite ses collègues à la rejoindre “Si vous souhaitez rejoindre le mouvement on attend vos photos sur les réseaux, n’hésitez pas. Plus on est de fou plus, on rit. Ne tombons pas dans l’oubli pendant le confinement, nous petits commerçants et artisans Soullandais”. Ou Emmanuelle Ossieux, à Landivisiau (29) qui, elle ne commencera les prises de vue que ce lundi 9 novembre, avec un protocole bien établi. “Après m’être renseignée, j’ai été informée que de professionnel à professionnel j’avais le droit de travailler”.  Une proposition toutefois respectueuse des conditions sanitaires, de la pudeur de chacun, et des risques de censure des réseaux sociaux, destinés à transmettre le message. « Sur rendez-vous, la pose prend 15 minutes et je prévois 45 minutes pour aérer le lieu et le désinfecter. Dans le sas d’entrée, les participants laisseront leurs chaussures et leurs vêtements. Masques et respect des gestes barrière seront contrôlés. Pour ceux qui ne pourraient pas se déplacer, je propose de réaliser eux-mêmes leur affichette avec le slogan, de faire leur photo et de me l’envoyer, je me chargerai de l’améliorer« . Jeudi 5 novembre, elle avait déjà 20 rendez-vous de pris.

Melody Leroy, à Lille. (Photo ML)

Les photographes sont-ils moins décomplexés pour ce type de photo ? Pas forcément, mais il semble que la situation peut tout justifier. Ainsi, avoue Mélody Leroy, à Lille (59), qui vient d’avoir ses 31 ans. Quand sa mère lui a dit : “Alors ma chérie, tu vas faire une photo à poil pour soutenir l’artisanat ?”, elle a répondu que non, jamais. “Et puis, j’ai vu se multiplier les photos de mes collègues photographes et je me suis dis, en fait, pourquoi pas ?”.

Yannick Faure, à St-Tropez. (Photo YP)

Quant à Yannick Faure, photographe à St-Tropez, il rejoint le mouvement de ses collègues photographes et “participe au mouvement solidaire de la communauté des commerçants/artisans/ Photographes. Inspiré par Studio Arnography#photographeapoil#artisanapoil#artisan” car “Seul on va vite, ensemble on va plus loin”.

En région Centre-Val de Loire, le mouvement semble encore avoir été peu suivi. La Blésoise Coralie Mader ne semble pas avoir fait beaucoup d’émules. Y-aurait-il une crainte que, tout simplement, cela ne serve pas à grand chose ? Affaire à suivre.

Jean-Luc Bouland

Commentaires

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  1. Je les aurai bien vus, toutes et tous, sur une peau de mouton ou autre laine ou poil, comme les photos des bébés, dans les années 50…C’eut été moins figé et plus parlant. Excellente idée en tous les cas. Ce confinement va développer des initiatives et des nouveautés.

  2. Excellente initiative, et très sympathique.

    Petit bémol pour deux pancartes, je préfère le message originel “Quitte à être mis à poil par le gouvernement, je préfère le faire moi-même”.

    Parce quand on écrit “Quitte à être mis à poil par la Covid”, ce n’est pas exact. Le covid n’a rien fait dans cette affaire, c’est le gouvernement qui a décidé l’interdiction des commerces. Donc, autant pointer les vrais responsables.

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