Et si on arrêtait de manger de la viande pour sauver la planète ?

La journée mondiale du climat du 8 décembre 2020 a pour but de nous faire prendre conscience de l’état de la planète que nous léguerons à nos enfants, d’où l’urgence d’agir pour limiter notre impact. Or, on connaît très bien maintenant les trois principaux secteurs responsables de nos Gaz à effet de serre : le transport, le logement et…la production de viande. 

Beaucoup de jeunes dans la manifestation pour le climat de novembre 2019 à Orléans © Magcentre

Depuis 2014, le 8 décembre est consacré à la journée pour le climat ou plus exactement à la lutte contre le réchauffement climatique. Un événement qui reflète la préoccupation croissante des citoyens, alertés année après année par les rapports précis et glaçants (sic) des climatologues du GIEC sur une montée inéluctable du thermomètre dont les conséquences pourraient être catastrophiques pour la planète. En cause les tristement célèbres GES (Gaz à Effet de Serre) dont les causes sont aujourd’hui parfaitement identifiées avec trois secteurs pointés du doigt : les transports, le logement et la production de viande, notamment dans les élevages intensifs.

Le poids de l’élevage dans les GES du monde

Ainsi, selon la FAO, Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, l’élevage serait responsable de 14,5 % des GES d’origine humaine dans le monde (chiffre 2016 qui inclut les gaz émis aux diverses étapes du cycle de production de la viande). La même FAO, dans un important rapport de 2006 intitulé L’ombre portée de l’élevage insiste sur les autres conséquences de l’élevage : « La pollution de l’air, la déforestation, la dégradation des terres, du sol et des ressources en eau, ainsi que la réduction de la biodiversité. » Autre point d’inquiétude de la FAO, la croissance rapide de l’élevage dans le monde notamment dans les pays en voie de développement et donc l’urgence d’agir car « si selon les prévisions, la production de viande double d’ici 2050, nous devons diminuer de moitié les impacts par unité de production si nous voulons parvenir à un simple statu quo sur l’impact global ». D’où la nécessite de réduire drastiquement notre consommation de viande en Occident (120 kg annuels pour chaque Américain …contre 4 kg au Bangladesh (source FAO) et 87,5 kg en 2018 par Français

Le problème du méthane

En  Centre Val-de-Loire, les GES sont dus pour 23% à l’agriculture (chiffre 2016) alors que notre région est seulement en 6ème position pour l’élevage soit 20% du produit agricole total (chiffre 2018). A noter que la filière bovine est la 1ère dans notre région avec un peu plus de 210 000 vaches allaitantes réparties dans 3 800 élevages essentiellement dans le Berry. Cette filière qui fait la fierté de notre région est aussi la plus polluante car comme le rappelle l’organisme canadien Parlons Science : « Une vache produit 250 à 500 litres de méthane par jour », soit pour notre seule région entre 52, 5  millions à 105 millions de litres par jour !

En France le méthane des ruminants représente 5% des GES et comme le reconnaît le site viande.fr : « Il y a, en l’état actuel des connaissances, peu de marges de manœuvre sur l’émission de méthane liée à la rumination mais des recherches se développent sur l’alimentation des animaux ou encore sur la flore bactérienne du rumen. » D’autant que le méthane même s’il ne reste dans l’atmosphère que 10 à 12 ans  est en revanche 25 fois plus puissant que le gaz carbonique (CO2) en potentiel de réchauffement global (PRG) !

Les vaches sont très souvent cruellement écornées dans les élevages intensifs pour éviter de se blesser entre elles ou de faire mal aux éleveurs © L214

Pour les associations de défense des animaux, la solution est simple. Selon Raphaël Legros, correspondant L214 pour Orléans, « renoncer à la consommation de chair animale est l’action la plus abordable pour faire baisser ses émissions. Elle ne demande pas d’investissement et peut avoir des effets positifs pour notre santé. Après, le but n’est pas seulement d’arrêter la viande rouge mais aussi la consommation de poulets dont la production augmente dans le monde ». En effet, si l’impact climatique des volailles est beaucoup plus faible que celui des bovins, nous en consommons beaucoup dans le monde avec 62 millards de poulet tués en 2014 pour 300 millions de vaches et de veaux. « Sans oublier, poursuit Raphaël Legros, que pour produire 1 calorie de boeuf, il faut utiliser 10 calories végétales et 4 pour fournir 1 calorie de poulet. Et je ne parle même pas de la souffrance endurée par tous les animaux dans les élevages intensifs. »

Restrictions d’eau dans le Loiret chaque année 

Niveaux très bas pour le canal et la Loire à Orléans le 6 septembre 2020 © SD

Les premiers impacts du changement climatique se font d’ailleurs sentir dans notre région et le Loiret depuis quelques années avec notamment des restrictions d’usage de l’eau pour les particuliers et les agriculteurs l’été comme ce fut encore le cas cette année.

Selon le site MicMac climat (agréé par l’Etat et l’Ademe)  l’empreinte carbone moyenne d’un Français est de 11,2 tonnes par an,répartie ainsi pour les principaux secteurs : 2,8 tonnes pour l’alimentation, 2,7 pour le transport, 2,5 pour le logement. Mais si l’on trouve  beaucoup de recommandations pour isoler nos logements, réduire nos déplacements, privilégier le train sur l’avion ou préférer le vélo et les transports en commun à la voiture, il y a en revanche assez peu de conseils sur notre alimentation. Pourtant selon Edna Herscovici, co-fondatrice d’Info Végane Orléans : « Nous n’avons pas besoin de manger de la viande pour être en bonne santé. De plus, il est très facile aujourd’hui d’adopter un régime végétalien ou végétarien car on trouve de nombreux produits végétaux savoureux et des alternatives simili-carnées. S’il n’y a pas encore de restaurant végane digne de ce nom à Orléans, on trouve toutefois des propositions véganes dans de nombreux établissements. Il existe aussi de nombreux livres de recettes, y compris de grands chefs. » 

Sophie Deschamps

Pour connaître son empreinte carbone un test simple et facile est proposé simultanément sur le site  Micmac climat et sur le simulateur Ecolab de l’Ademe avec à la clé des conseils malins et personnalisés pour réduire son impact. On trouvera aussi des informations sur Carbone 4.

 

Commentaires

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  1. si on supprime la viande de nos assiettes, que fait-on des animaux ? Le régime végétarien n’est pas la panacée pour toute la population mondiale. Diminuer la consommation animale d’accord, mais la supprimer est utopique.

    • Il serait bon de s’interroger sur ce terme d’ « utopie », qu’on dégaine promptement pour discréditer toute idée nouvelle. Toutes les avancées sociétaires majeures ont été traitées d’utopies en leur temps. La suppression de l’esclavage,pour ne citer que cet exemple.Qu’y a-t-il d’utopique à vouloir cesser de tuer des milliards de créatures sensibles quand nulle nécessité ne nous oblige à ce massacre planétaire qui nous déshonore tous ?

  2. Ne vous inquiétez pas.
    Tous les animaux actuellement en élevage pour être mangés le seront, et bien avant d’être obligés de mourir de mort naturelle.
    Si vous êtes d’accord personnellement pour diminuer votre consommation de viande, c’est déjà un grand pas pour l’ensemble des réactions individuelles qui peuvent influer favorablement sur le climat et influer favorablement sur la production intensive de viande.
    Moins de consommation >>> moins de production.
    Pas débile le marché quand même. Si ça ne se vend pas, ça ne se fabrique plus…
    Commençons et vous verrez.

  3. Encore une trouvaille formidable des écolos à la petite semaine, après le tour de France, les sapins, maintenant veaux vaches cochons poulets…..!
    Avez vous pensés aux agriculteurs ? Il y en a un pratiquement qui se suicide tous les jours en France , mais cela visiblement , ça ne vous choque pas !!

    • Bonjour, pourquoi vouloir opposer “écolos” et agriculteurs ? Le propos de l’article est justement de dénoncer un système de consommation qui nous emmène droit dans le mur. Le modèle agricole actuel n’est pas soutenable : malgré les subventions accordées au secteur il y a toujours des agriculteurs/rices qui ne peuvent pas vivre de leur métier. Pourquoi vouloir perdurer dans ce système ? Il semble nécessaire de dénoncer l’élevage intensif qui fait des ravages sur bien des plans. Comme vous je suis choqué par les suicides dans ces professions mais aussi par les 3 millions d’animaux terrestres abattus chaque jour en France.

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