Des amandiers pour labelliser le Pithiviers AOP

Disparue après la Première Guerre mondiale, l’amande fait son grand retour dans le Pithiverais (Loiret). Bénéficiant d’une aide compensatrice de 100 000 € de Vinci Autoroutes dans le cadre des travaux d’élargissement de l’A10, 12 producteurs se sont lancés dans la plantation d’amandiers. L’objectif ? Avoir une amande 100% locale pour permettre au célèbre fondant de Pithivers de décrocher l’IGP et l’AOP.

Délaissée pendant la Première Guerre mondiale car jugée non prioritaire, la production d’amande est de retour dans le Pithiverais. ©EB

Bientôt flottera ici comme un parfum de Méditerranée… À Marsainvilliers, au nord de Pithiviers, 800 amandiers s’enracinent entre blé et ray grass. Un échantillon de parcelle expérimentale des 8000 arbres déjà plantés dans le Pithiverais, en Eure-et-Loir et petite Beauce par une poignée d’exploitants audacieux qui a décidé de se lancer dans l’aventure de l’amande. 

Au départ, retrouver une histoire disparue et permettre au célèbre Pithiviers d’obtenir la labellisation AOP (Appellation d’Origine Protégée), chère à la Confrérie de l’Authentique Pithiviers, défenseur de la recette originale du gâteau élaborée à partir de produits 100 % locaux. Oui mais voilà : si depuis 2019, le Pithiverais bénéficie du label « Site Remarquable du Goût », l’amande utilisée dans la recette du Pithiviers n’est pas locale, mais californienne (la Californie dominant le marché avec 80 % de la production mondiale), la privant net de la labellisation AOP. « Le label ‘Site Remarquable du Goût’ est une première étape vers l’IGP (Indication Géographique Protégée), explique Monique Bévière, présidente du Pôle d’Équilibre Territorial et Rural Beauce Gâtinais en Pithiverais à l’origine de ce projet de territoire.  L’AOP permettrait de protéger la recette originale aujourd’hui copiée. Mais il nous faut les amandes ».

Développer une filière amande dans le Loiret

Jean Eudes Lavo, l’un des 12 producteurs “start-uppers” de l’amande. ©EB

Qu’à cela ne tienne. Pour produire la poudre d’amande nécessaire, 12 agriculteurs ont répondu à un appel à projets, via la SAS Les amandes de Pithiviers, lancé en 2020 par VINCI Autoroutes, en partenariat avec la Chambre d’agriculture du Loiret, dans le cadre des mesures de compensation agricole collective liées aux travaux d’élargissement de l’A10, au Nord d’Orléans. Sélectionné, le projet, dont la convention a été signée le 26 janvier dernier, décroche une subvention de 100 000 € qui a déjà permis aux agriculteurs de planter les 8 000 premiers amandiers (25 ha) de cette nouvelle micro-filière agricole, de production, de transformation et de valorisation d’une amande locale et dont la production est estimée à 7 tonnes d’ici 5 ans. « L’objectif est d’atteindre 56 ha en 2022, annonce Jean Eudes Lavo, président de la SAS Les amandes de Pithiviers. Mais dans une approche extensive et bas carbone avec 300 arbres par hectare, sans appauvrir les sols ni les nappes phréatiques, pas comme en Espagne ou au Portugal. Nous souhaitons avoir une éthique de production ».

Avec un niveau de pluviométrie similaire au Sud de la France et une terre bien filtrante, Jean Eudes Lavo est confiant, « même s’il faut faire attention aux risques de gel car l’amandier est l’un des arbres qui fleurit le plus tôt dans l’année , les conditions climatiques sont ici propices ». Mais l’enjeu est ailleurs, à la transformation : nettoyer, casser, broyer, émonder, effiler… « Une partie de cette subvention va permettre de nous outiller et d’aller plus vite sur le marché ».

Le célèbre fondant Pithiviers en route vers l’AOP. ©EB

Si 5 kilos d’amande ont été récoltés en 2020, il faudra attendre 2023 pour avoir une première récolte significative. Mais le but de la SAS Les Amandes de Pithiviers n’est pas de tomber dans une logique de volumes mais d’histoire. « Ne pas être une amande interchangeable. Le consommateur veut être rassuré sur ce qu’il achète, d’où l’importance d’aller vers l’AOP et de lui inventer un imaginaire, recréer un attachement à un territoire, comme le champagne et la truffe ».

Estelle Boutheloup

(Photo de Une ©Pixabay)

 

Commentaires

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  1. Puisqu’on est sur le terrain, il faut voir par ailleurs un documentaire qui passe sur Public Sénat (chaîne 13) et sur son site “La Beauce, le glyphosate et moi”, très instructif !

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