Conseil municipal de Blois : Economies d’énergie et sécurité en débat

Pas vraiment de tout repos pour Marc Gricourt. Le conseil municipal de Blois qui s’est tenu le 15 février dernier, à huis clos, a permis à l’opposition de faire entendre sa voix sur plusieurs dossiers.

Le conseil municipal de Blois à la HAG agité, ce 15 février 2021. Photo Jean-Luc Vezon

C’est d’abord Gildas Vieira, l’un des leaders de l’opposition (LaFra) qui a interpellé le maire sur son inaction face à la détresse des salariés de Tecalemit Aerospace menacés de licenciement. Ces derniers sont en effet en grève depuis l’annonce du groupe, fin juin 2020, de déménager son site de Blois à Luceau dans la Sarthe. 

« On ne peut que regretter cette situation car c’est 120 emplois qui vont quitter le territoire d’Agglopolys, ce n’est pas neutre, mais nous sommes face à une décision stratégique d’une entreprise. Comment une collectivité peut-elle intervenir ? », a répliqué Marc Gricourt en annonçant qu’il rencontrerait les délégués du personnel de Tecalemit avec Christophe Degruelle, président d’Agglopolys, le 24 février prochain.

Soutenu par la CGT, les grévistes de Tecalemit ne désarment pas pour faire valoir leurs droits. Photo Jean-Luc Vezon

Parmi les 39 délibérations, la 1ère a concerné l’adoption du nouveau règlement intérieur du conseil municipal. Cela a permis à Malik Benakcha (Osons l’avenir) de remercier le maire pour la concertation qui a présidé à l’élaboration du document. « Nous souhaiterions cependant que les conseils municipaux soient plus nombreux et plus approfondis, sur des durées moins longues », a demandé l’élu LR. Confronté à des moyens financiers limités et à une organisation mutualisée avec Agglopolys, le maire a botté en touche.

1ère escarmouche sur la fiscalité

Alors que le conseil venait de voter le nouveau taux communal de la taxe foncière sur les propriétés bâties (à 57,70 %), dont le produit va compenser la taxe d’habitation sur les résidences principales (THRP) supprimée, Malik Benakcha a tiré le premier : « C’est un trompe l’œil. Les impôts continuent à augmenter du fait de l’augmentation des bases ! »

Marc Gricourt lui a répondu de façon cinglante : « Quand nous avons été élus en 2008, un audit du cabinet Knopfler révélait une situation de quasi faillite et proposait une hausse des impôts de 12 %. Grâce à notre gestion rigoureuse, les impôts ont été contenus et nous avons maintenu un bon niveau d’investissement. Cette année, pour la dixième année consécutive, il n’y aura pas de hausse des taux. » Citant en exemple le département qui a fortement augmenté ses taxes en 2004 puis 2010 et 2015, le maire a aussi pu ironiser que « la couleur politique n’est pas toujours conforme à la réalité ».

Malik Benakcha demande communication des annexes de la convention de prêt de la Fondation du doute. Photo Jean-Luc Vezon

Le vote des crédits de paiement des différents travaux de rénovation énergétique dans les écoles et gymnases de la ville a ensuite révélé la fracture profonde entre la municipalité socialiste-verte et son opposition. Répondant à un feu nourri d’Etienne Panchout (Modem) et Malik Benakcha sur « le choix des programmes et les passoires thermiques » et « la course aux labels », le maire est sorti de ses gonds : « Les 100 milliards du Grand Carénage pour EDF, ce n’est pas voler l’argent du contribuable en lui faisant croire que c’est l’énergie la moins chère du monde. On ferait mieux d’engager des milliards sur la transition énergétique ».

La sécurité au square Valin-de-la-Vaissière en question

Tandis que Yann Laffont annonçait un plan de sobriété énergétique, la suite des débats n’a pas été de tout repos. Le projet d’aménagement du square Valin-de-la-Vaissière pour lequel la ville va investir 3.360.000 € a mis le feu aux poudres. Evoquant une agression en fin d’année, Malik Benakcha (LR) juge ce lieu insécurisant pour les familles. « Les familles n’osent pas y venir. Il n’y a pas seulement les SDF, il y a aussi le commerce de drogue. Vous ne faites pas le travail en matière de sécurité », a pointé l’élu.

Yann Bourseguin adjoint en charge de la sécurité, tranquillité publique et la prévention de la délinquance puis Marc Gricourt ont alors démenti avec force ses propos. « Il y a eu une seule agression en 30 ans », a notamment pointé Y. Bourseguin en soulignant les efforts de la ville en matière de vidéo-protection.

La politique de la ville a enfin permis un vrai débat de fond. Sur le sujet de la prolongation du contrat de ville 2020-2022 et l’attribution des subventions aux porteurs de projet, l’élu RN Mathilde Paris a stigmatisé « le séparatisme, l’entre soi pour ne pas parler de communautarisme des quartiers nord de Blois » proposant en retour de « faire partager l’amour de notre pays et de faire sortir les habitants de ces quartiers dans une démarche de décloisonnement ». 

De vifs échanges

Tour à tour, Benjamin Vételé, Mourad Salah-Brahim et Claire Louis sont alors intervenus : « Vous méconnaissez ces quartiers ; les habitants demandent seulement à avoir accès aux mêmes droits. C’est le sens de la politique de la ville que de combattre les inégalités sociales », « l’amour de la France des habitants n’est pas contestable, de belles choses se construisent dans les quartiers nord ». 

« Il faut mettre des mots aux maux. Je suis surpris par la qualité de certaines associations comme Alire, Bge, Biosolidaire … qui construisent notre vivre ensemble et contribuent à faire nation pour partager une histoire commune et bâtir l’avenir. Oui, c’est vrai, il y a des problématiques de séparatisme mais cette délibération ne les traite pas », dira de son côté Malik Benakcha en citant le philosophe Ernest Renan.  

On retiendra aussi de ce conseil municipal les échanges vifs sur la prolongation du Contrat Local de Santé jugé « obsolète, pas évalué et insuffisamment partagé » par Etienne Panchout et Anne-Sophie Aubert-Ranguin (Osons l’avenir). « Nous travaillons sur l’écriture du prochain CLS qui sera intercommunal en associant de nouveaux partenaires comme la CPTS, le CIAS ou la Mutuelle de France », a annoncé Marc Gricourt.

Sujet de consensus, le soutien apporté à l’équipe de basket de l’ADA Blois à hauteur de 300 K€ dans le cadre d’une convention de partenariat prévoyant en retour des missions d’intérêt général socio-éducatives et la valorisation de l’image de la ville a été voté à l’unanimité.  

Jean-Luc Vezon

(1) Le calendrier de l’opération : 2021 choix du maître d’œuvre, 2021-2022 : études de maîtrise d’œuvre et 2022-2023 : travaux (1 an).

(2) 36 projets sont subventionnés pour une contribution globale de la Ville de Blois de 121 146 €. Parmi ces projets, 5 concernent la Cité Éducative.  

Malik Benakcha : Opposant vigilant et impliqué

Leader du groupe d’opposition Osons l’avenir, Malik Benakcha a été très présent lors de la séance. Prônant une opposition constructive dans un cadre transparent et démocratique, le vote d’une délibération sur les contrats de prêt entre la Fondation du Doute el les collectionneurs Ben Vautier, Gino di Maggio et Caterina Gualco a été l’occasion pour lui de dénoncer « le passage en force d’une délibération pour laquelle les conseillers n’avaient pas les éléments pour se prononcer ».

« J’ai reçu la convention à 18 h 02 mais il manque les 6 annexes et, éventuellement, les contreparties du prêt des œuvres. C’est la raison pour laquelle j’ai demandé le report du vote qui m’a été refusé. Au total, 34 des conseillers présents au moins n’ont pas eu connaissance des dispositions de la convention signée en 2013 », souligne Malik Benakcha.

Pour l’élu républicain, tout est nébuleux sur ce dossier qui permet par exemple à Ben Vautier de bénéficier d’un appartement lors de ses séjours à Blois. L’artiste contemporain peut aussi venir une fois par moins aux frais de la ville. A cela s’ajoute, un coût non communiqué pour l’assurance annuelle des œuvres qui ont été estimées à 2.339.400 €. 

« Quels sont les autres engagements financiers ? j’ai demandé les annexes sans réponse à ce jour », poursuit l’opposant en pointant « un lieu de culture élitiste qui n’a pas fait ses preuves en termes de fréquentation avec 20 000 visiteurs dont les scolaires de la ville et les entrées au café Fluxus ».

 

Commentaires

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  1. Bravo à cette opposition qui fait le travail. La droite est de retour dans la région

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