[Billet] Des menus laïques et œcuméniques

[Billet] En pleine guerre, selon l’expression présidentielle, contre l’envahisseur viral, ayant déjà causé en France près de 90 000 décès, nos ministres ont le temps de discuter cuisine. Il est vrai que c’est le maire de Lyon, « capitale mondiale de la gastronomie », selon le prince des gastronomes Curnonsky, qui a lancé le débat.

Le maire écologique lyonnais, Grégory Doucet, a décidé de proposer des menus sans viande aux enfants des écoles primaires au retour des vacances d’hiver. La mairie explique cette décision, déjà mise en place lors du premier confinement sans bouillon, par la nécessité de respecter les directives du Ministre de l’Education nationale de deux mètres entre les enfants à la cantine. Cette obligation sanitaire ne permet plus de faire manger tous les élèves dans le temps imparti. Le recours à un menu unique, sans viande, mais incluant œuf et poisson, accélère le service et permet que tous les gamins mangent à la pause de la mi-journée.

Le Ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, ne mâche pas ces mots pour dénoncer cette mesure alimentaire. Le Ministre de l’agriculture, Julien Denormandie, a la dent dure pour fustiger les choix du maire de Lyon. Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement, et Olivier Dussopt, ministre des comptes publics ne digèrent pas mieux cette décision. Seule, la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, trouve ce choix à son gout et estime qu’il n’y a pas matière à en faire un fromage…

A l’heure où l’on discute une loi contre le séparatisme et les replis communautaires, il semble pourtant que les menus végétariens fournissent des repas qui conviennent aux athées, aux juifs, aux musulmans et aux autres…

Cette polémique est étonnante, car les menus décidés par la municipalité lyonnaise sont les seuls authentiquement laïques et œcuméniques.

Jean-Paul Briand

Commentaires

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  1. Cette polémique sans intérêt n’intéresse que les media qui cherchent le “buzz”. Mais il faut rappeler que les cantines scolaires maintenant “restaurants” ont toujours fait l’objet d’enjeux idéologiques,
    Les catholiques nous ont imposé et imposent encore le poisson le vendredi !
    Proposons des menus végétariens à ceux qui le souhaitent et des menus avec de la viande y compris le vendredi pour ceux qui le souhaitent.
    Que les religions et les idéologues laissent les professionnels faire leur travail.

    • Je suis catholique et ne mange pas de poisson le vendredi et parfois ne rechigne à manger un steak.
      Le poisson le vendredi va bien au delà de ce que la religion catholique n’impose pas, c’est devenu une tradition française, n’en vous déplaise !
      J’ai déjà écrit qu’il fallait supprimer les jours fériés religieux catholiques afin que tout le monde soit à égalité, nous autres catho prendront des congés mais tous les autres au boulot !
      Ne vous vous inquiétez pas (sauf végétarien) vous mangez du halal sans le savoir, au moins nous les catholiques sommes transparents, pas le cas de tout le monde !
      Posez vous les bonnes questions car vous tomberez de haut, au lieu de taper sur ceux qui ne viendront jamais vous agresser !

  2. Bonjour, en effet à part la filière de la viande que le ministre de l’agriculture caresse dans le sens du poil et celui de l’intérieur, qui peut se plaindre de la décision du maire de Lyon ? Lorsque l’on prend la mesure de l’impact écologique de l’élevage intensif, les scandales des transports des animaux et des abattoirs, les problèmes de santé d’une alimentation trop carnée,… on ne peut que se réjouir de cette proposition courageuse de repas sans viande pour les enfants qui s’en passent aisément d’ailleurs. Si les oeufs et le poisson restent au menu, pas de risque de carences en vitamine B12 alors, où est le problème ?

  3. Viendra aussi pour tous un jour où on mangera … les pissenlits par la racine…

  4. Je ne vois pas en quoi un menu sans viande accélère le service. En cette période, un plat chaud est nécessaire que ce soit de la viande ou du poisson ou des oeufs, le résultat est le même.
    Il est certain que dans certaines banlieues, il y a une forte progression de jeunes à confession musulmane qui consomment de la viande kascher, de même que les juifs. D’où la suppression de la viande pour satisfaire tout le monde !

  5. Non, les repas fournis par les écoles doivent avant tout et exclusivement convenir aux… enfants. Sous la responsabilité de nutritionnistes. En aucun cas l’école de la République n’a à tenir compte des exigences des religions. C’est cela la Laïcité qui comme le disait Jean Zay, nécessite que les querelles des adultes ne franchissent pas la porte des écoles. Le Vademecum de la Laïcité adopté par l’Association des maires de France est très clair en la matière : L’AMF rappelle que ” l’obligation
    alimentaire incombe aux familles et non aux communes.
    La restauration scolaire, lorsqu’une commune a fait le choix de la mettre en place, répond aux impératifs suivants :
    • assurer aux enfants de pouvoir manger, et « bien manger » (d’un point de vue nutritionnel), le midi, au cours d’une pause agréable et conviviale ;
    • appliquer la réglementation relative à la qualité nutritionnelle des repas qui vise à limiter le service des plats les plus gras et sucrés, aucun aliment spécifique ne devant donc être cité ;
    • faire l’apprentissage du goût et de la diversité des saveurs. Il appartient donc aux parents d’inscrire ou non leur(s) enfant(s)
    à la cantine en ayant connaissance des menus qui y seraient servis et des règles prévues dans le règlement intérieur. Les familles doivent s’adapter aux règles de l’école républicaine laïque et non l’inverse.
    Pour l’AMF, il n’est pas acceptable de proposer des « menus confessionnels » et il est contraire aux règles laïques de déterminer les menus en fonction de motifs religieux ou philosophiques.
    Ainsi, il serait contraire au principe de laïcité d’exclure un aliment ou un type d’aliment pour répondre à des prescriptions religieuses ou philosophiques comme il le serait d’ailleurs également de proposer systématiquement cet aliment ou ce type d’aliment.
    En ce sens, l’utilisation du terme même de « menu de substitution » est impropre.
    Les paniers repas ne peuvent, quant à eux, être envisagés que pour des raisons médicales justifiées, dans le cadre du projet d’accueil individualisé (PAI).
    Il n’est pas non plus envisageable d’obliger les communes (ou EPCI) à prévoir obligatoirement un menu végétarien.
    Dans les faits, la diversification des menus ou le choix offert aux enfants dans certaines cantines scolaires permet de leur assurer un repas équilibré sans contrevenir aux règles de la laïcité.
    Lorsque le choix n’existe pas, les personnels chargés de la restauration scolaire apportent toujours une attention particulière à compenser par d’autres aliments ceux que les enfants n’auraient pas choisis, et ce, pour quelque motif que ce soit, religieux ou pas.”

    L’argument selon lequel ce sujet serait bien bénin n’est pas acceptable. C’est en cédant constamment sur de tels sujets que la République se retrouve devant le fait accompli des exigences communautaires.

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