Avec La Rêveuse, accord baroque femmes et musique

 
De retour d’une semaine dans les écoles de Haute-Saône pour “parler oiseaux et musique “, et présenter aussi son prochain spectacle jeune public “Le Rossignol et l’Empereur de Chine”, La Rêveuse, ensemble de musique baroque orléanais, continue d’élaborer son grand projet d’une histoire de la musique instrumentale à Londres. Son enregistrement, intitulé “Londres 1740″, aura lieu à l’automne prochain. Florence Bolton et Benjamin Perrot ont tenu à ce que figurent des thématiques passionnantes, dont, entre autres, “la naissance de la culture de masse et les jardins, comme lieu culturel”. 
 

La Rêveuse au Musée des Beaux Arts

 
En ce lundi 8 mars, Journée internationale des droits de la femme, on ne peut que repenser à cette conférence donnée en octobre dernier à la médiathèque d’Orléans sur le thème femmes et musique aux temps baroques via la pratique du pardessus de viole, un instrument réservé aux femmes à qui on interdisait la pratique du violon.

Les interdits de l’époque baroque

 Florence Bolton et les femmes et la musique:  Il est vrai qu’on parle, sur ce sujet, surtout des XIXe, XXe et XXIe siècle et peu de l’époque baroque. Et quand on en parle, on évoque surtout les femmes compositrices, comme Elisabeth Jacquet de la Guerre, à qui nous avons du reste, il y a longtemps, consacré un enregistrement chez Mirare. Mais la pratique de la musique au quotidien, quels instruments sont joués par les femmes, est-il bien vu pour une femme de continuer à pratiquer la musique une fois mariée, une femme peut-elle prétendre à jouer aussi bien qu’un homme… tous ces sujets ne sont pas souvent évoqués ! 
Le pardessus de viole est très emblématique de ce point de vue, car il est le “violon des femmes” à qui ont interdit en général de jouer du violon. C’est mal vu, allez savoir pourquoi, car un instrument que l’on tient entre les jambes est bien plus évocateur qu’un instrument que l’on tient sur le bras…mais bon !” 

Un atout pour jeunes femmes à marier

A la suite de cette conférence autour d’un “instruments mesquin et ingrat”,   La Rêveuse a eu la belle idée d’évoquer “Une jeune fille comme il faut”, sous-titre de Toute une époque #2“, second épisode d’une web série de la Scène Nationale d’Orléans conduite en collaboration avec le Musée des Beaux-Arts de la cité johannique. Eric Martinen , réalisateur,  et  Charly Thomas, ingénieur du son,  ont serti de cet instant musical délicat à découvrir ou redécouvrir sur You Tube. 
 

L’œuvre de Donatien Nonotte (XVIIIe)

 
Tout se déroule au cœur du musée d’Orléans devant l’œuvre de Donatien Nonotte, huile sur toile de la seconde moitié du XVIIIe siècle représentant Jacques-Huppeau,  architecte du Pont Royal orléanais, personnalité entourée de sa famille. 
 
Respectivement au pardessus de viole et au théorbe, Florence Bolton et Benjamin Perrot interprètent ici “Rondement”, suite de Joseph Bodin de Boismortier. Quelques phrases lapidaires éclairent la pause de la fille de Jacques Hupeau jouant de la vielle à roue : “Savoir la musique est l’un des meilleurs atouts des jeunes filles à marier car cela prouve qu’elles ont reçu une bonne éducation. Mais attention, ces femmes ne peuvent pas choisir leurs instruments comme le font les hommes. Elles sont également exclues de la pratique professionnelle et de la composition. Certaines d’entre elles arrivent néanmoins à s’imposer dans ce milieu très masculin. C’est l’histoire d’un parcours passionnant et semé d’embûches qui résonne encore aujourd’hui…”
 

Pardessus de viole

Un instrument à réhabiliter

Florence Bolton encore : “J’ai découvert le pardessus pendant le premier confinement et j’en avais moi-même une image tronquée, largement imbibée de toutes les légendes colportées par-delà les siècles : un “instrument mesquin et ingrat” joué par des demoiselles en attente du mariage !  Et il s’avère que c’est un merveilleux instrument, pour lequel on a écrit beaucoup de belle musique et qui demande du travail car le répertoire est en général assez virtuose ! Une belle découverte donc !”
 
A l’automne prochain la Rêveuse sortira, chez Harmonia Mundi,  un enregistrement consacré à Louis Caix d’Hervelois, élève de Marin Marais. Il y figurera une sonate pour pardessus de viole afin de  rendre hommage à cet instrument disparu et passionnant.
 
Jean Dominique Burtin
 
 
Forts de leurs complémentarités culturelles et de leurs envies communes, la Scène nationale d’Orléans et le Musée des Beaux-arts d’Orléans s’associent pour retrouver leur public autrement, même virtuellement. Les circonstances actuelles bousculent nos quotidiens et il n’est pour le moment permis de voyage culturel autrement que par le biais vidéo. Tenez-vous prêts à remonter le temps avec nous ! Né d’une envie simple, le projet “Toute une époque” a pour ambition de proposer une immersion totale du spectateur, dans un siècle ou une thématique particulière. Au travers d’une courte vidéo, il lui sera possible d’approfondir sa connaissance d’une époque par la mise en parallèle d’œuvres du musées et d’extraits musicaux d’artistes programmés, par notre structure, au Théâtre d’Orléans. .
 
 

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