[Mag Dossier Un an déjà… Maud le Pladec, directrice du CCNO : “Nous n’avons jamais tourné au ralenti”

Il serait faux de penser que les structures culturelles de la région ont joué les belles endormies durant les deux confinements du printemps et de l’automne. Illustration avec Maud le Pladec, directrice du CCNO, Centre Chorégraphique National d’Orléans, qui a reçu Magcentre dans ses locaux.

Maud le Pladec, directrice du CCNO depuis 2017© Nicolas Despis

Est-ce-que le fait d’avoir un CCNO qui fonctionne au ralenti à cause des confinements vous a permis de dégager plus de temps pour créer ?

Maud le Pladec : Mais on ne fonctionne pas au ralenti ! On travaille toujours autant. Tout ce qui se faisait en présentiel est effectué de manière virtuelle. Donc, les cours sont assurés, y compris ceux pour les enfants, les master classes aussi, avec évidemment une voilure un peu plus réduite mais on a aussi développé d’autres projets pour garder le lien avec les publics. Donc, toutes les équipes travaillent.

De plus, on joue le jeu de l’entraide citoyenne c’est-à-dire quand Jean Castex (le Premier ministre, NDLR) a demandé la mise en place de deux jours de télétravail par semaine, on l’a fait, même si ça n’est pas obligatoire pour nous, afin de participer à l’élan national. On a même continué une grosse activité. C’est important de le dire parce qu’elle ne se voit pas et que l’on a l’impression du coup qu’il ne se passe rien alors que c’est tout le contraire.  Et c’est parce qu’on n’a pas fonctionné au ralenti que justement des chaînes comme Culturebox nous ont contactés (lire Maud le Pladec entre dans la danse de Culturebox ce 8 mars) car eux ils ont vu que l’on faisait beaucoup de choses sur le net.

les locaux orléanais du CCNO, rue du Bourdon Blanc en centre-ville © CCNO

 Comment vous êtes-vous organisés pour maintenir vos activités dès le 17 mars 2020 ? 

M.P. : On a tout fait en virtuel, un festival, des cours. En fait, il s’avère que c’était déjà dans nos pratiques. On est quand même une équipe assez jeune, un lieu tourné vers la jeunesse, donc on maîtrise le numérique. C’est ce qui nous a permis d’être tout de suite hyper réactifs. On a même anticipé le premier confinement, puisqu’avant que les annonces ne soient faites, on était déjà en télétravail. Du coup, on a pu travailler de chez soi, on a déplacé carrément tous les ordinateurs… On a aussi une forme de flexibilité et de réactivité grâce à une équipe géniale, très engagée qui s’est toujours mobilisée depuis un an sans s’essouffler. On a inventé de nouveaux cadres et c’est vrai que pour la création puisque c’était votre première question, comme on a toujours pu répéter, on a continué de créer.

les répétitions ont continué au CCNO pendant le confinement, mais pas les spectacles © Julie Pareau

Là où ça s’est vraiment arrêté c’est sur la diffusion des spectacles. Donc si rien n’a changé pour l’équipe permanente qui passe beaucoup de temps ici (au CCNO) en revanche ça a beaucoup changé pour moi puisque je prends moins d’avions et de trains. Donc j’ai été beaucoup plus présente à Orléans (rires). Ça m’a fait du bien aussi de moins bouger parce que c’est très fatigant cette gymnastique d’être à la fois au CCN tout en étant à Amsterdam ou à Paris. Ça me demande un aménagement de mon temps dans la journée qui est dingue. Je me lève, je danse car je pratique encore pour moi. Après, je suis en réunion en zoom avec l’équipe, puis  j’arrive au théâtre. Je conduis des répétitions tout en gardant un œil sur mon portable.

Pendant le confinement j’étais là, avec les équipes et donc j’en ai profité. J’en profite toujours mais je repense au premier confinement parce que ça nous est vraiment tombés dessus, on était tous chez soi, on n’avait jamais vécu ça avant, c’était assez dingue.

Ce premier confinement vous a-t-il néanmoins permis de dégager du temps pour mettre en place de nouveaux projets ?

M.P. : Oui tout à fait. Par exemple, on est en pleine transition écologique et solidaire et on a pu enfin faire un séminaire d’une journée avec la présence d’ un collectif qui nous a aidés à faire un gros audit. On s’est donc tous retrouvés face à un powerpoint et des grosses perspectives sur plusieurs échéances, un mois, six mois et trois ans. Le but est de réfléchir sur comment transiter écologiquement au CCN, de l’éco-geste en passant par des grosses initiatives en ce qui concerne la production et la diffusion des spectacles, l’accueil des artistes… et c’était génial. On a fait aussi un gros séminaire sur les droits d’auteur. Des questions de fond en fait que l’on n’a pas le temps d’aborder d’habitude parce qu’au CCN, on est tellement actifs au quotidien, à gérer les tournées, la création et les missions que l’on doit faire, que forcément on manque de temps.

Concernant la réouverture des établissements culturels êtes-vous favorable à du cas par cas dans les régions selon la situation sanitaire des unes et des autres ou préférez-vous une réouverture globale de toutes les structures ?

M.P. : C’est complexe parce qu’il y a une partie de moi qui serait tentée de dire que l’on pourrait territorialiser la réouverture des lieux.  Mais je pense que ce serait assez compliqué pour les artistes de pouvoir jouer à Rennes et pas à Nantes par exemple. Ça poserait selon moi une certaine forme d’inégalité entre les territoires qui ne serait pas juste non plus. Donc, pour moi ce n’est pas la solution et il vaut mieux une réouverture globale et totale de tous les lieux culturels qui préservera l’égalité des territoires.

 Propos recueillis par Sophie Deschamps

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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