Scène ouverte à guichets fermés

Ce vendredi 12 mars, avait lieu à la salle Gérard Philipe de la Source, la première représentation de Monopol.com. Cette création originale et coopérative a réuni pendant trois ans pas moins de 140 personnes, qui ont travaillé sans relâche tous les jeudis après-midis dans les locaux du théâtre d’Orléans.

Scène ouverte

Les comédiens et musiciens de l’association Scène ouverte, vendredi 12 mars, salle Gérard Philippe.© Anne-Cécile Chapuis

Aujourd’hui 25 d’entre eux présentent le spectacle qu’ils ont imaginé, créé, réalisé ensemble. Un spectacle dense et dérangeant, qui dénonce les vices du système économique, social, sanitaire… toutes les situations d’exclusion que rencontrent les plus vulnérables de notre société au quotidien.

Et ils savent de quoi ils parlent ces acteurs d’un soir car ils ont tous rencontré la psychiatrie d’une façon ou d’une autre. Certains sont soignants, d’autres sont accompagnants, la plupart sont des « soignés ».

Pendant une heure trente, devant un parterre lourdement délesté de spectateurs en raison de la pandémie, les comédiens nous entraînent dans une histoire parfois grinçante, parfois drôle, souvent émouvante, qui parle d’injustice, de profit, de manipulation…

Scène ouverte

Les comédiens et musiciens de l’association Scène ouverte, vendredi 12 mars, salle Gérard Philipe.© Anne-Cécile Chapuis

On ne présente plus Scène ouverte, cette association qui œuvre à « la réhabilitation sociale des personnes en difficultés psychiques, par le biais d’activités artistiques ».

Ici le propos est cinglant. On y parle de place, de « monopoles qui ne s’intéressent qu’aux protocoles » dans une réalité qui ne serait qu’un vaste jeu de société où les gagnants exploitent les « pions », avec un système hospitalier où « soignants-soignés sont maltraités ». On frémit, on résonne avec les acteurs qui donnent le meilleur d’eux-mêmes à jouer leur propre rôle, parfois submergés par une émotion communicative.

La salle presque vide et silencieuse rajoute du stress, aux dires de Jean-Marie Martin, le guitariste mais aussi créateur du projet et animateur permanent de Scène ouverte. De plus, il manque l’après concert, le moment de rencontre avec les spectateurs, le partage, la fête qui suit ces moments d’aboutissements..

Mais le spectacle est là, la résilience intervient. Des trouvailles d’humour font clin d’œil, la musique offre de jolies mélodies bien accompagnées par les instruments (piano, guitares, accordéon, percussions, flûte à bec) et distille un fabuleux message d’espoir  « Ils peuvent empêcher les fleurs de pousser, ils n’empêcheront jamais le printemps d’arriver »

Un message qui prend toute sa force dans le contexte d’aujourd’hui.

Espérons que les prochains spectacles prévus en avril à Chécy, en mai au théâtre d’Orléans ou en septembre permettront cette rencontre qui est un des éléments moteurs d’une production théâtrale, et qui, en l’occurrence, est le fer de lance de ce pari osé mais totalement réussi.

Chapeau, les artistes !

Anne-Cécile Chapuis

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