[Billet] Léonard n’avait pas prévu çà, du haut de sa stature quasi impériale. Par Sainte Nitouche et Saint Pansard, après les 500 ans de son décès célébrés en 2019, voilà qu’arrive cette année le bicentenaire de celui de Napoléon 1er honoré à Châteauroux, seule “ville impériale” en région. Un hommage à la hussarde pour le plus célèbre confiné de France qui peut aussi prêter à rire.
“Il faut toujours se réserver le droit de rire le lendemain de ses idées de la veille”, affirmait doctement Napoléon 1er. Rares sont pourtant, mes seigneurs, les dirigeants qui honorent publiquement ce précieux conseil. Décédé le 5 mai 1821, 302 ans et 2 jours après Léonard de Vinci, mais beaucoup moins entouré, le ci-devant Bonaparte devrait avoir cet année un hommage national un peu particulier, entre crise sanitaire et contestations d’une partie de son héritage, notamment sur la question de l’esclavage. Diantre, festoyer ainsi n’est pas vraiment festoyer, mes seigneurs. Point de libations outrancières au programme, pas de spécialités corses au menu, sinon moultes cérémonies nationales, et les initiatives des membres et partenaires de la Fédération européenne des cités napoléoniennes qui cogitent depuis des lustres sur une programmation culturelle d’envergure. Elles sont plus de 100 au total, plus de 25 en France, et une seule en région Centre Val de Loire, Châteauroux. Car c’est dans cette ville-préfecture de l’Indre qu’est né le général Bertrand, qui organisa le retour des cendres en France de l’homme le plus caricaturé outre-manche, .
Tout a déjà mal commencé, avec une conférence introductive de janvier annulée, de même que celles prévues ces 25 et 29 mars prochains. Comme un petit début de Bérézina épidémique qui empêche de trop faire les marioles, du nom d’un des célèbres grenadiers de la garde impériale. Il faudra donc attendre le 5 mai pour un dépôt de gerbe place Napoléon, puis juin et septembre pour des expos, et début octobre pour quelques évènements publics espérés, dont un grand bivouac au bord de l’Indre. Mais, entre temps, d’aucuns touristes bien avisés, idolâtres ou simplement curieux, auront pu cheminer, sans trop de barda sur le dos, pour visiter la cité et découvrir les différents lieux dédiés. Autant d’initiatives, dans une ville qui n’a jamais vu l’Empereur, qui, au demeurant, sont loin de faire l’unanimité.
Ainsi, une gente dame du nom de Sophie Winandy, peut-être émule de la Maréchale Sans gêne, s’est-elle fendu sur Médiapart d’une missive vengeresse, pour vilipender ces initiatives qu’elle estime contestables. “En 2016 les castelroussins ont vu surgir une place Napoléon au coeur de la ville, un projet contesté par des citoyens. Et voici que de nouveau, en 2021, les habitants vont devoir subir les célébrations d’un personnage il faut bien le dire, controversé. Célébrer Napoléon quand on connaît son parcours, c’est clairement imposer une construction orientée de l’Histoire et une lecture à sens unique“, écrit-elle, fustigeant “le projet de se jumeler avec l’Ile de Sainte-Hélène, certes respectable, mais qui symbolise l’échec d’un parcours, l’exil, la défaite“.
Mazette ! Voilà qui sent le soufre et la poudre à canon. Inutile d’en rajouter en demandant à François Jolivet, député de la ville, si les invitations à ces cérémonies vont être rédigées en écriture inclusive. Alors qu’il suffirait de peu de mots pour détendre l’atmosphère. N’était-ce pas Gustave Flaubert, dont on fêtera le bicentenaire de la naissance en décembre prochain, qui écrivait que “c’est quelque chose, le rire : c’est le dédain et la compréhension mêlés, et en somme la plus haute manière de voir la vie“.
Allez, mes cousins, voilà de quoi égayer un peu notre quotidien, faute de détenir l’ouvrage adéquat. Napoléon 1er restera le plus célèbre confiné au monde. Et dire que certains rêvent encore d’aller vivre sur une île…
Néo Triboulet