Patrick Viot, l’emblématique gardien de but de l’Arago puis de l’USO, s’est éteint à l’âge de 68 ans

En cet été 1980, les supporters sont venus nombreux au stade de la Source pour assister au premier rassemblement de la nouvelle équipe de l’USO. Jacky Lemée a donné quelques jours de vacances supplémentaires aux héros du Parc des Princes. Ceux qui ont affronté les intouchables monégasques partagent par petits groupes ce bonheur immense d’avoir disputé une finale de Coupe de France. Les rires, les blagues, les secrets. Il y a de la joie. Il y a de la fierté.

Patrick Viot en rouge

Modeste devant l’admiration et l’amour qu’on lui porte

Patrick Viot réserve son large sourire à un cercle de complices. L’homme est discret. Il impose une distance à ceux qui s’approchent, affichant leurs belles tenues jaune et rouge pour réclamer un autographe. On entend des slogans, des chants. Patrick Viot reste modeste devant l’admiration et l’amour qu’on lui porte. Il préfère le calme du vestiaire où il retrouve sa place attitrée, près du bureau du coach.
Une nouvelle saison se prépare, quelques nouveaux font leur apparition. Patrice Garande n’est pas encore connu. Bruno Germain est déjà sur un nuage.
Dans ce groupe de 18 joueurs, 11 étaient sur la feuille de match à Paris.
La moitié est originaire du Loiret comme Patrick Viot. Il a grandi dans la banlieue d’Orléans, dans les pas d’un grand frère, Jacky, maître à jouer de l’Arago des années 70. Les frères Viot, à l’étrange ressemblance, sont rapidement réunis en équipe première par Jean-Baptiste Bordas. Ils devinrent les porte-drapeaux de toute une ville. Le petit stade de la rue Moine est le théâtre de leurs exploits dans un championnat de division d’honneur, le meilleur du football amateur.

Il y avait alors beaucoup de jeunes gardiens de but talentueux dans les clubs de la Ligue. Mais, dans cette confrérie, aucun ne conteste la supériorité de Patrick Viot. Monté sur ressorts, avec ses longs bras, le regard glaçant, il est le maître de ses 6 mètres.

« Je me rappelle de lui quand j’étais ramasseur de balles, il faisait peur, c’était un lion en cage ! » dit Jérémy, aujourd’hui quinquagénaire.

Des qualités naturelles hors du commun

Patrick Viot était un diamant brut. Des qualités naturelles hors du commun. Les centres de formation des clubs professionnels n’étaient pas pour les petits orléanais et les recruteurs n’étaient pas encore à la mode. Alors, Patrick Viot est resté fidèle à sa ville, à son club. Il a vite renoncé à l’appel de la première division pour poursuivre son chemin sur les bords de la Loire. Ses partenaires ne faisaient plus attention à ses mains noircies par la mécanique des voitures qu’il décabossait avant ou après l’entraînement. Sur le terrain, les gants de goal changent l’homme. Ils masquent même la fatigue et la lassitude d’une journée de travail d’un artisan tôlier. Pendant plus de deux décennies, c’est ce « Patou » qui a défendu le but orléanais. Mardi, il a perdu son match contre la maladie.

Philippe Voisin

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