Pascal Martineau, plume de l’ombre, pour le dire et l’écrire

Nous pouvons tous avoir besoin, un jour, d’un prête-plume, quelqu’un qui écrit à notre place. Ecrire pour les autres, c’est le métier de Pascal Martineau, président de l’Académie des écrivains publics de France (AEPF).

Je ne pense pas être trop maladroit à manier la syntaxe et la rhétorique, mais il m’est tout de même arrivé deux fois de recourir à un prête-plume. La première, c’était dans un village de Chalosse où se tenait un évènement littéraire autour du roman policier. Je souhaitais offrir un livre à la femme que je devais épouser prochainement, j’ai accosté Gilda Piersanti qui dédicaçait ses ouvrages.

Gilda a accumulé les prix du polar et plusieurs de ses romans ont été adaptés à la télévision. Rien ne me prédisposait à croiser cette écrivaine franco-italienne dans ce petit village des Landes, mais l’occasion faisant le larron, je lui ai demandé de dédicacer l’ouvrage que je venais d’acheter en formulant ma demande en mariage à la femme à qui je le destinais. Elle a affiché un instant de stupéfaction et s’est exclamé : « Ça, ce sont bien les hommes ! » mais s’est gentiment pliée à ma requête.

La seconde fois que j’ai eu besoin de l’assistance d’une autre plume, ce fut après avoir achevé d’écrire La petite reine de Kaboul. J’ai fait appel à Pascal Martineau que je connaissais de longue date, je lui ai demandé un avis sur mon manuscrit puis, après plusieurs échanges, d’en écrire la préface. Pascal a réalisé bénévolement – et ce fut un précieux cadeau – ce qu’on appelle, dans les maisons d’édition, le travail d’assistance éditoriale.

Quand on achève un manuscrit, on le lit, on le relit de nombreuses fois et à chaque relecture, on repère des fautes d’orthographe, de style, de syntaxe, de typographie, jusqu’au moment où on imagine avoir atteint la perfection parce qu’on ne repère plus rien. C’est à ce stade qu’on a besoin d’un tiers pour porter le regard neuf qui va implacablement détecter ce qu’on ne voyait plus. Ces gens-là ont la faculté de transformer l’eau en vin. Il parait que Flaubert faisait ce travail tout seul en étant capable de retravailler, pendant des heures, une page manuscrite qu’il raturait et corrigeait abondamment, mais c’était Flaubert…

Pascal Martineau est écrivain public, une profession qu’on pouvait imaginer voir disparaitre avec l’instauration de l’école publique obligatoire. L’apprentissage généralisé de la lecture et de l’écriture offre en effet, à tout un chacun, la capacité de rédiger les textes les plus élémentaires dont la vie courante révèle la nécessité, l’appel à la compétence d’un spécialiste se limitant à des lettres officielles ou d’une certaine complexité.

Pourtant, en 1980 est créée l’Académie des écrivains publics de France (AEPF). Le niveau général de maitrise du français, de la syntaxe et de l’orthographe, s’est plutôt affaibli ces dernières années, jusque dans l’enseignement supérieur, pour autant, l’écrit reste omniprésent et les exigences de qualité demeurent. De nouveaux besoins ont également vu le jour, notamment dans le milieu professionnel, en matière de communication institutionnelle, la fonction de conseil en écriture s’en trouve diversifiée.

Pascal Martineau est président de l’AEPF depuis 2012, son activité comporte quatre volets : le premier correspond à l’un des aspects les plus traditionnels de la profession qui consiste en la rédaction de biographies destinées à une diffusion publique ou familiale, l’aide à l’écriture d’œuvres littéraires ou documentaires avec un concours à la publication à compte d’auteur quand celui-ci est sollicité, l’assistance éditoriale comme celle dont il m’a fait bénéficier pour La petite reine de Kaboul.

Le second volet fait de Pascal un acteur social puisqu’il assure, dans le cadre du Conseil départemental de l’accès au droit (CDAD) du Loiret, une permanence régulière à la Mairie de proximité et à la Maison de la réussite de l’Argonne d’une part, et au centre pénitentiaire d’Orléans-Saran, d’autre part, qui est l’un des rares lieux de détention pénale en France disposant des services d’un écrivain public professionnel. Au cours de ces permanences, Pascal répond à la demande de personnes en difficulté avec l’écriture de courriers complexes, officiels ou à caractère personnel, de détenus ayant besoin de saisir l’administration pénitentiaire, ou de communiquer avec l’extérieur. Pascal sait faire preuve d’un grand sens de l’écoute, d’empathie, de compréhension pour trouver les mots et le style qui conviennent. Le curriculum vitae qu’il a publié sur son site internet indique qu’il peut aussi rédiger un message à caractère sentimental destiné à l’être aimé.

Le troisième volet consiste à corriger (et seulement à corriger) et éventuellement à mettre en page des travaux universitaires : mémoires, thèses, etc.

Enfin, la plume de l’ombre orléanaise collabore avec le Centre national d’enseignement à distance (CNED) au titre de la formation « écrivain public », ce qui confirme au demeurant que la profession entend soutenir son développement.

Il faut visiter la page consacrée à Pascal sur le site de l’AEPF qui dresse un bilan étoffé de son activité et démontre la diversité de ses talents. L’humanisme et les qualités de cœur ne sont pas les moindres quand il s’agit de trouver les mots pour le dire.

Patrick Communal

Pour rencontrer Pascal Martineau :

Le mercredi, sur rendez-vous en appelant au 02 38 69 01 22

À la Mairie de proximité de l’Argonne de 9 h à 12 h 30, à la Maison de la réussite de l’Argonne de 14 h à 17 h (service gratuit)

Pour toute autre prestation : 06 73 38 13 69

Deux autres écrivaines publiques de l’AEPF assurent une permanence à la Maison de la Justice et du droit : Jacqueline Masson et Ghislaine Koenig, le mercredi de 9 h à 12 h 30 et de 14 h à 17 h,
Pour prendre rendez-vous il faut également appeler au 02 38 69 01 22

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