Ces sociétés qu’on dit « savantes » à Orléans # 1 : L’association Guillaume Budé

L’origine de l’association nationale Guillaume Budé remonte à 1917. A l’origine essentiellement tournée vers les textes anciens, cette association s’attachait à travailler les « bonnes » traductions latines ou grecques. Et traduire, c’est bien évidemment rechercher le sens en s’appuyant sur un contexte, ce qui emmène inévitablement vers la culture des civilisations approchées. Son but est de « promouvoir la connaissance du grec ancien et du latin et de révéler les richesses de l’humanisme classique, dans toutes les formes qu’il a prises à travers le monde, associant l’étude des belles-lettres à celle des sciences et des arts ».

La référence à Guillaume Budé, cet humaniste du XVIe siècle contemporain de François 1er, fondateur du collège de France, auteur de nombreux ouvrages philosophiques, atteste de la volonté de promotion d’une culture qui s’appuie sur ses racines, comme l’affiche aussi le logo, la chouette emblème d’Athéna, déesse de la raison, protectrice des arts et des lettres.

Des sections locales se créent dans toutes les grandes villes de France, et en 1954, la section d’Orléans se constitue dans cet esprit. « Se nourrir de l’Antiquité permet d’aborder le monde contemporain », professe Catherine Malissard, actuelle vice-présidente et membre de l’association depuis de nombreuses années.

Guillaume Budé
Bertrand Hauchecorne, président, Catherine Malissard, vice-présidente Association Guillaume Budé Orléans ©Anne-Cécile Chapuis

Fondée par Germain Martin, la présidence a été assurée ensuite par Lionel Marmin, puis par Alain Malissard qui, pendant 25 ans, a solidement ancré son identité et sa place dans le paysage culturel orléanais. Après sa disparition, Bertrand Hauchecorne a repris le flambeau en 2015. Il est mathématicien et au demeurant maire de Mareau-aux-prés. Ces deux appartenances ne sont pas sans conséquences : elles marquent d’une part une conception des disciplines au sens large et pas uniquement référencées aux lettres, et d’autre part témoignent de l’ouverture sur le monde d’aujourd’hui dont les « budistes » se réclament.

Les activités

Celles-ci sont nombreuses et de plus en plus diversifiées. Chaque année, environ huit conférences sont proposées au public et rencontrent un grand succès. Les adhérents côtoient les habitués lors de ces rendez-vous du mardi soir dans l’amphithéâtre du musée des beaux-arts, et accueillent régulièrement des auditeurs de passage intéressés par le thème de la soirée. Car ceux-ci sont très diversifiés et dépassent de loin les thèmes de l’Antiquité. La liste serait trop longue à évoquer car on dénombre aujourd’hui plus de 400 conférences orléanaises depuis 1954 (liste disponible sur le site bude-orléans.org)

En marge des conférences qui sont le noyau dur de l’association, des ateliers ont été mis en place ces dernières années : initiation ou perfectionnement au latin ou au grec, étymologie, les enfers dans la littérature, les mille tours d’Ulysse, réunissent régulièrement les adeptes encadrés par Nicole Laval-Turpin, Emilia N’Diaye, Diane Marchand, Catherine Malissard ou Pierre-Alain Caltot.

Une activité hors les murs de visites, sorties ou voyages culturels fait aussi partie de l’ADN de Guillaume Budé, témoignant de l’ouverture dont fait preuve cette association, contrairement peut-être aux idées reçues.

Car à la définition de société « savante », l’association G. Budé préfère le terme d’humaniste, au sens de Protagoras où « l’homme est la mesure de toute chose » ou encore à l’image de l’homme de Vitruve, au cœur des énergies et de la vie. Bertrand Hauchecorne insiste sur cette dimension qui vise à « donner à tous un bagage pour maîtriser son destin ».

Des partenariats

Plusieurs partenariats construits, réguliers ou ponctuels, signent cette volonté d’inscription dans la réalité culturelle locale : avec le rectorat (rallye latin) avec le Centre Dramatique National (conférences en lien avec la programmation théâtrale) avec l’orchestre d’Orléans (dont le chef Marius Stieghorst a donné une conférence sur Beethoven récemment) avec la librairie des Temps Modernes (qui assure une table de presse lors des conférences, ouvre ses locaux pour les ateliers), avec le Cercil (pour des conférences à thème).

Les projets

Les activités 2020 ont été suspendues pour les raisons que tout le monde connaît et subit actuellement mais les responsables ont continué à travailler, préparer, innover pour une saison 2021-22 qui augure de belles surprises.

Ils acceptent de nous en révéler quelques bribes : Le thème de l’année s’intitule « L’Antiquité insolite », et devrait voir la participation de Marianne Alphant (César et toi) Blandine le Callet (Mythologie gréco romaine chez Harry Potter) Michael Lucken (Le japon grec) et peut-être une visite au musée de saint Germain en Laye. Très alléchant !

A en parler, les yeux pétillent, la passion est à fleur de peau, l’impatience de pouvoir reprendre le chemin du direct est omniprésente chez nos interlocuteurs. Ils réaffirment leur « souci de développer la culture dans un esprit humaniste », loin de tout élitisme et prosélytisme, et œuvrent vers l’ouverture aux plus jeunes, aux nouveaux membres.

Assurément, cette association qui compte déjà plus de 200 membres, affiche un budget équilibré et ne manque pas d’idées, a encore de belles années devant elle !

Anne-Cécile Chapuis

Pour en savoir plus sur les origines, principes et projets de l’association : ici

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