Mai, quand Marianne est tant jolie !

Au service de la République, la politique parait souvent très commune. Par sainte Nitouche et saint Pansard, alors qu’une Marianne vient de récompenser l’édile de Châteauroux, une autre pénalise un journaliste entré en campagne régionale. Preuve que tout ce qui brille n’est pas d’or, même avec un buste avenant.

D’abord faut pus d’gouvernement, / Pis faut pus non pus d’République, Pus d’Sénat et pus d’Parlement […] / Pus d’lois, pus d’armées, pus d’église“. Aristide Bruand, poète parisien natif de Courtenay, qui aurait pu fêter le 6 mai prochain son 170e anniversaire, n’y allait pas avec le dos de la cuillère en pourfendant les institutions et chantant la misère du peuple. Mais ce dernier, au début du XXe siècle, apprécia peu que cette cuillère soit en or, acquise à ses dépens, et rejeta régulièrement la candidature “Républicaine et socialiste” aux élections de ce chatelain-chanteur. Diantre, que la vie est amère, aurait pu dire sa dame, Mathilde Tarquini d’Or. D’or, certes, mais pas Marianne, n’abusons pas.

En ce jour du Bâton d’or (selon le calendrier républicain), citoyens et citoyennes, l’actualité ne manque pas d’à-propos. N’avançant pas masquées, quelques échéances électorales locales prennent garde d’éviter que Marianne ne s’endorme sur ses lauriers. Il faut battre le pavé avant qu’il ne soit trop chaud. Ainsi, du côté de Châteauroux, c’est Gil Averous, le maire de la ville, qui rayonne de joie d’avoir reçu une Marianne d’or pour son projet d’aménagement d’une friche. Il est le seul en Centre Val de Loire cette année 2021, parmi 22 autres élus de France, mais pas le premier dans l’histoire de la région. L’an passé, on comptait déjà Nicolas Perruchot en Loir-et-Cher, et avant lui Serge Grouard à Orléans (2016), comme les maires de Yevres-le-Chatel, Selle en Hermoy ou Gien (2017). Tout autant de récompenses, osent d’affreux gavroches en culottes courtes, qui ne valent que pour des projets précis et non pour la gestion globale de la ville. Un bonnet phrygien n’a jamais empêché le glaive de la justice de s’abattre sur une tête.

Marianne est peut être une fille en or, mais à la générosité mesurée. Libérale avec ceux en place, elle peut être distante avec ceux qui la courtisent. A l’image de son confrère orléanais Jean-Paul Imbault, bien implanté à France Bleu et candidat Les Républicains aux cantonales loirétaines, Périco Lagasse, journaliste chantre des bonnes choses, y trouvera peut-être un goût salé. Pour figurer en Indre-et-Loire sur la liste conduite par Marc Fesneau aux élections Régionales, il a été invité à faire table rase de toutes ses collaborations médiatiques pendant la campagne. Pas de privilèges, même pour Marianne, l’hebdo dirigé par Natacha Polony, qu’il épousa en la mairie de La Chaussée-St-Victor, commune dirigée par Jacqueline Gourault, sa marraine en politique.

Passer de Debout la France, qu’il appréciait en 2012, à La République en marche n’est pas une recette banale, et plutôt épicée. “Mazette, voilà qui ne manque pas de piment“, souffle Néa, tout en préparant sa valise. La nostalgie n’étant plus ce qu’elle était, elle tint à citer Simone Signoret, grande dame du cinéma français, dont on célèbre cette année le centenaire de la naissance. “N’ayant jamais pu réussir dans le monde, il se vengeait par en médire“. Quel rapport avec Marianne ? “C’est peut-être le lot de beaucoup de politiciens, dont je n’ai pas le nom“, susurre-t-elle. “Mais une chose est sûre. Cette inoubliable interprète à l’écran de l’orléanaise Casque d’or, n’aurait jamais pu représenter Marianne“. Certes. Magnifier ainsi une prostituée du Paris d’Aristide Bruand aurait fait un peu tache. Et si Dieu créa la première star qui interpréta Marianne, cela ne pouvait être en 1968, sous le burin d’Aslan, que la sublime Brigitte Bardot. Ce buste modelé par le plus célèbre des dessinateurs français de pin-up inspira logiquement en 1985 la création des Mariannes d’or de l’association des Maires de France, à une époque où nul n’était encore choqué que la République ait un visage aussi avenant que sa poitrine nourricière plus ou moins exposée façon Delacroix.

Sans conteste, mes cousins, sous les ors de la République, malgré ses 5 enfants, Marianne a encore de beaux restes, comme le chantait Michel Delpech. Cet amoureux du Loir et Cher, qui lui décerna voilà 50 ans l’un des plus beaux hommages, savait que quelques soient les circonstances, ça ira, ça ira…

Néo Triboulet

 

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  1. Marianne dont le père fut Aslan a été “conçue” à Thiron-Gardais (28) à deux pas de Nogent-le-Rotrou, où l’artiste possédait uen résidence.C’est à la suite d’une discussion animée avec le maire de l’époque, Philipe Lamirault, un des plus hauts cadres de Renault de l’époque que le projet mûrit un jour de fête bien arrosée.
    Il y a eu aussi une Marianne, en Loir-et-Cher, avec Marie-Amélie Le Fur, championne paralympique et présidente du CIO France Handicap pour les JO de Paris qui défendra ses médailles et titres pour la dernière fois de sa carrière à Tokyo prochainement.

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