Par dessus les temps, Dame Jeanne déprime

Si pour Bécaud, les tantes Jeanne étaient nombreuses, c’est qu’elles étaient éphémères. Par Sainte Nitouche et Saint Pansard, alors que des primes tombent en Brenne au fond d’étangs anciens, d’aucuns s’affrontent sur fond des temps modernes pour honorer dame Jeanne. Drôle de climat, où les tics politiques interpellent l’éthique.

« C’était une chanson qui avait au moins vingt couplets. L’eau et le vin s’accusaient réciproquement de faire le malheur du genre humain, tout en s’adressant à eux-mêmes les plus grands éloges. Moi, je trouvais que c’était l’eau qui avait raison, mais le vacher disait que le vin n’avait pas tort non plus ». Sans conteste, Dame Marguerite Audoux, qui connut la gloire à Paris au début du XXe siècle, avait le sens de la mesure. Ainsi décrivait-elle dans “Marie-Claire“, la vie de la campagne, qu’elle découvrit dès sa naissance en Berry, du côté de Sancoins, d’Aubigny et de Bourges. Montée à 18 ans à la capitale, elle y rédigea ce livre qui lui offrit le prix Fémina, et inspira le magazine éponyme. L’histoire ne donne pas le nom et les paroles de la chanson, mais suppose que certains savaient mettre de l’eau dans leur vin.

Certains, peut-être, mais pas moi“, signait Néa ma jumelle dans un message très matinal, suivi d’un appel embrouillé. Partie en Brenne, l’impétueuse donzelle a trouvé gîte dans une longère regorgeant de vieux ouvrages mangés par les ans. “Hé ! Le vrai nom de la dame était Donquichote ! Là, ça me plait mieux. Faute de moulins, il y a d’autres combats à mener par ici“. Diantre ! Quel nouveau cheval de bataille a-t-elle encore enfourché ? “En fait, entre l’eau et l’alcool, ici, j’ai du mal à choisir“, hésita-t-elle à poursuivre, la voix pâteuse. Et pour cause. L’étang attenant, comme beaucoup de ses voisins, est menacé d’être comblé. “Ils veulent même donner des primes pour ça, à cause de l’écosystème“. En ce dimanche 9 mai, jour de mobilisation pour le Climat, l’info parait paradoxale. “Ben non, c’est La Nouvelle République qui le dit. Il y en a trop, et ils sont mal entretenus. Et les primes vont jusqu’à 2 000 euros“. Son trouble et ses propos vaseux venaient-ils vraiment de l’eau des marais ? Que nenni ! Têtue comme un âne du Berry, la miss a testé les produits locaux. Après une liqueur au doux nom de Capricieuse qui semblait lui correspondre, le périple a continué par une bière ambrée beaucoup plus inspirante. “Une Impie, tu te rends compte. Et complètement bio, faite avec éthique, à La Palisse !” A croire qu’elle en est tombée sous le charme, ou sous la table. “Les vérités de La Palisse sont essentielles“, ajouta-t-elle, laissant entendre qu’elle aurait pu en avaler le contenu d’une Dame Jeanne.

Une Dame Jeanne ? Bio ? Ethique ? Y-aurait-il un message caché dans tout ce verbiage ? Jouerait-elle les morosophes pour mieux cacher son ivresse ? “Heaume sweet heaume ! Jeanne d’Arc n’est pas la propriété d’Orléans ! Elle est aussi venue en Berry ! Note qu’elle a séjourné à Bourges, et à Mehun sur Yèvres“. La finaude a plus d’un défilé dans sa besace. Quant au reste, c’est presque un tour de force. “A propos de bioéthique, en un seul mot, l’Eglise catholique n’est pas en reste. La congrégation des évêques de France a même une commission qui étudie le sujet, dirigée par un certain Pierre d’Ornellas, évêque de Rennes. Ce nom te dit quelque chose ?

Mazette, mes seigneurs. Le monde est bien étrange. Ne serait-ce pas l’oncle d’une ancienne Jeanne d’Arc orléanaise, aujourd’hui journaliste ? “Et qui fête son anniversaire ce 9 mai“. Les tortues de la Brenne, cistudes pour les experts, ont-elles dessinées les voies du seigneur ? Ou celle de Talleyrand, seigneur de Valençay, convaincu qu’ « il n’y a qu’une seule chose que nous aimions à voir partager avec nous, quoiqu’elle nous soit bien chère, c’est notre opinion » ?

Allons, mes cousins, sans jouer les pucelles effarouchées, doit-on croire Pierre Desproges, né lui aussi un 9 mai, qui déclarait que “Dieu est peut-être éternel, mais pas autant que la connerie humaine.” Diable ! Mais, alors, qui est le géniteur de cette dernière ?

Néo (et Néa) Triboulet

Commentaires

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  1. De l’humour pour des sujets graves de l’actualité bérichonne et Orléanaise c’est ce qu’il me fallait ce matin commencé par une belle pluie et qui continue (et pourvu que ça dure) par un soleil timide et un coin de ciel bleu. Toutes ces polémiques sur la petite Jeanne me gavent des carabistouilles comme on dit chez moi dans le nord (par mon père) La petite Jeanne je l’aime bien je suis née à Reims et il y a 55 ans je suis venue à Orléans et je l’y est retrouvée je me suis arrêtée là parce qu’à Rouen ça brûle et je m’y trouve bien si ce n’était depuis un bon moment cette guéguère des égos et malheureusement ce n’est pas terminé Régionales, départementales et présidentielles y a de quoi faire heureusement j’ai un moral à toutes épreuves … mais quand même ça use et pas seulement les souliers . Bonne journée

    • Bonjour, je ne sais pas qui vous êtes mais j adhère à votre propos, merci pour le bien être qu ‘il m’a procuré….Petite parenthèse appréciée….

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