Déambulation, déjeuner, déambulation, moment convivial…

[Billet] La venue d’Edouard Philippe à Orléans, en soutien à Marc Fesneau dans le cadre des élections régionales, a donné lieu à une majestueuse déambulation dans les rues d’Orléans. Côté politique ? Absolument rien. Un choix stratégique qui laisse songeur quand on mesure l’incertitude du scrutin et le taux de participation présumé au plus bas.

Comment Edouard Philippe expédie la presse…

La charcuterie du Pays Basque ? Edouard Philippe connaît par cœur et adore. Le fromage de brebis ? L’ancien premier ministre d’Emmanuel Macron en mange au petit déjeuner. Le café torréfié ? L’édile du Havre avoue en boire quotidiennement un nombre incalculable. La bière pression ? Il la siffle à la Chirac. Les compétences des Régions et les politiques territoriales, la participation des habitants au prochain scrutin? Joker. Impossible de le savoir. Pour cause. À l’occasion de sa venue, vendredi 4 juin dans les rues d’Orléans en soutien à Marc Fesneau, tête de liste de la majorité présidentielle aux régionales, Édouard Philippe a parlé de tout, sauf de l’essentiel : l’enjeu d’un scrutin qui s’annonce incertain. Le programme de la journée, a priori, annonçait la couleur.

« Déambulation, déjeuner, déambulation, moment convivial »

Le tout ponctué par un point presse express où les journalistes apprendront que l’ancien premier ministre entretient avec Marc Fesneau « une relation d’amitié et d’estime ». Ce long après-midi, marqué par un nombre impressionnant de selfies, notamment aux côtés de jeunes gens propres sur eux, aura donc tourné au show-buzz politique totalement assumé par l’intéressé. « Je suis ici pour me montrer et susciter l’intérêt des gens », a expliqué Édouard Philippe à Magcentre à l’occasion de sa première grosse sortie électorale. « À Marc [Fesneau] de produire ses idées et de créer le débat ». La déambulation dans le marché couvert des Halles-Châtelet aura néanmoins permis à la députée LREM Stéphanie Rist d’assouvir sa passion tennistique face à un écran de télé présent devant un étal. « Vous pouvez encore discuter deux minutes ? J’attends la balle de match! », a-t-elle lancé, non sans humour, à l’ancien premier ministre.

Édouard Philippe place du Martroi le vendredi 4 juin 2021 @Mourad Guichard

Cette séquence n’est, certes, pas unique, ni novatrice. Ce brouillage des cartes renvoie à Jean-Christophe Cambadélis (PS) venu soutenir, en 2015 sur le marché d’Orléans-l’Argonne, un candidat socialiste aux cantonales, il avait eu alors, pour seule parole forte et politiquement engagée : « Le thé, ça change du café ». Tandis que le sénateur socialiste Jean-Pierre Sueur interpelait un patron de bistrot : « Vous connaissez Monsieur Cambadélis ? Il passe souvent à la télé ». Tout ceci serait presque risible si la faible participation annoncée ne venait entacher la sincérité du scrutin. D’autant que l’exécutif s’acharne à gommer les étiquettes des candidats des communes de moins de 9000 habitants, quand ce ne sont pas les candidats eux-mêmes qui jouent sur un flou artistique déloyal.

Rendez-vous au soir du premier tour pour juger de la pertinence ou non de faire campagne sans aborder les thèmes majeurs qui conduiront les politiques régionales pour les années à venir.

Mourad Guichard

A lire aussi: https://www.magcentre.fr/211219-regionales-la-liste-de-marc-fesneau-senrichit-a-droite/

 

Commentaires

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  1. “en même temps”, la presse ne devrait-elle pas taire ce genre de propos insignifiants, voire à boycotter l’ensemble du contenu de leur déplacement, pour ne pas servir de caisse de résonnance à ces élus qui n’ont rien de politique à dire ? Et ce, afin que peu à peu les élus en viennent à se dire : “si je ne parle pas sérieusement, je ne serai pas relayer”. M’est avis que les concernés prendraient vite le pli …

  2. Toutes ces déclarations de politiques sont plus affligeantes les unes que les autres par leur vacuité et le mépris des électeurs qu’elles révèlent. Bien triste, tout ça!

  3. A quoi joue Edouard Philippe ? prépare-t-il son retour en politique , teste-il sa popularité dans le pays ?
    Pas très clair tout çà !!

  4. Une petite réaction ce soir, à l’article de @MagCentre, rédigé par #mouradguichard. A 15 jours du premier tour des élections, je suis globalement d’accord avec le fond de l’article. Un élément de sa conclusion m’interpelle quand même.

    Les candidats aux départementales ont fait parvenir aux électeurs, via les services de la préfecture, leur profession de foi MAIS le débat d’idées, la confrontation des projets pour donner aux électeurs les clés d’un choix éclairé restent absents, en tout cas sur le Canton Orléans-2 où @marccostys et moi nous nous présentons.
    Ce débat est pourtant indispensable, pour que chacun puisse comprendre le rôle du département, ses missions, ses pouvoirs mais aussi ses limites et puisse interroger les candidats sur leurs projets et leurs stratégies.
    En résumé : on fait quoi demain ? Pourquoi ? Comment ?

    Je profite de ce léger billet d’humeur pour préciser un point : dans un monde où, je pense, peu d’entre nous se reconnaissent à 100% dans les propositions d’un parti, des élections locales, comme les départementales, permettent de combiner les tendances et de créer un espace novateur.
    Dans notre cas, nous n’avons pas l’investiture mais le soutien des partis du Centre. La différence est énorme. Si @marccostys est LaRem, que @Yoennbernard est proche d’Agir, Marie-France Pilon et moi-même sommes de la société civile.
    Notre quadrinôme s’est construit sur la volonté de proposer un projet concret et une vision pour demain. Pour cela, nous avons reçu des soutiens.
    La tentation des étiquettes est peut-être rassurante, mais n’est plus une solution : il faut que notre société apprenne à construire ensemble une stratégie qui dépasse les clivages. Le monde se réinvente constamment. Il serait temps que la vie politique se mette à niveau et se réinvente aussi.

    • “Il serait temps que la vie politique se mette à niveau et se réinvente aussi.” : Mme la candidate LREM aux départementales, pouvez-vous faire passer le message à M. Philippe, votre camarade de parti puisque c’est justement ce que l’auteur de l’article et les commentateurs lui reprochent ?

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