Quatre femmes du désert chantent avec force leur tradition

Dimanche après-midi, la Scene nationale proposait un concert prévu à l’origine en novembre dernier, au moment du deuxième confinement. Des chanteuses sahariennes, voix magnifiques de leur culture commune, ont fait la fête sur la scène, jouant comme lors des réunions féminines de leurs pays. L’authenticité de leur art a fait merveille, entraînant tout le public.

Elles sont quatre chanteuses à arriver sur scène dans leurs habits pleins de couleurs. Noura Mint Seymali, la Mauritanienne, commence un chant simple, sans instrument, et d’un geste de la main, passe le chant à sa voisine, Dighya Moh Salem, la Sahraouie, qui le continue à sa manière. Et qui à son tour, du même geste, le donne à Souad Asia l’Algérienne, pour que les sons finissent dans la voix de Malika Zarra la Marocaine, qui aussi se frappe la poitrine pour rythmer sa chanson. Cette transmission de la voix, magnifique introduction au concert, prouve le partage de culture de ces pays sahariens.

Souad Asla, Dighya Moh Salem, Malika Zarra et Noura Mint Seymali

Quatre musiciens, dont une remarquable percussionniste, Anne-Laure Bourget, maniant la calebasse avec dextérité, ce qui n’est pas courant, complèteront rapidement le groupe pour un formidable moment de partage. Des chansons traditionnelles s’il en est, issues de moments de fêtes ou de cérémonies, ou tout bonnement des succès populaires. On est là vraiment au cœur du folklore musical de cette immense région qui regroupe donc des sources différentes, berbères, touaregs ou gnawas. transmis par ces artistes en pleine possession de leur art. Et que ce soient quatre femmes à l’origine de ce projet n’est pas innocent ; elles seules dépassent les luttes intestines pour affirmer la force commune de leur situation.

Noura joue du ardin, une harpe à une dizaine de cordes. Capture Youtube

Des voix modulées, parfois douces et parfois forcées, des sons proches des litanies, le jeu des couplets et des réponses, comme dans tout folklore, le chant leader repris par le chœur, les interminables reprises avec variations et relances, cris et youyous (avec écho dans le public), les danses des chanteuses. Chacune a son caractère, son style, sa manière de chanter comme de danser, de se draper ou de se dévoiler, mais toutes les quatre donnent une énergie communicative. D’ailleurs, la salle debout a suivi, participant au rythme et à la fête.

On pense bien sûr à la tradition du blues, celui du début, proche des champs de coton. D’ailleurs le Sahara a largement contribué à l’évolution de cette musique mondiale qui s’est installée depuis l’après guerre jusqu’à aujourd’hui. Pourtant, ces quatre femmes gardent toute la fraîcheur et l’authenticité de leur culture, ce qui en fait leur force. Elles nous entrainent dans leur monde qui n’est plus très loin géographiquement, mais qui reste totalement étranger.

Belle découverte !

Bernard Cassat

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