[Info Magcentre] Ali Zada, la voix des femmes afghanes aux JO de Tokyo

[Info Magcentre] L’information vient de tomber ce mardi midi, Masomah Ali Zada, la petite reine de Kaboul, est sélectionnée pour participer aux Jeux Olympiques de Tokyo dans l’équipe de réfugiés. C’est la seconde fois qu’une telle équipe est mise en place pour les olympiades dans un hommage rendu à ceux et celles qui ont fui la guerre et les persécutions mais ont poursuivi sans relâche l’activité sportive qu’ils pratiquaient dans leur nation d’origine et au nom de laquelle il ne leur est désormais plus possible de concourir. Nul doute que l’ovation qui montera du stade olympique de Tokyo, à l’entrée de ces damnés de la guerre en exil, sera un grand moment d’émotion pour la jeune Afghane qui a su défier les forces obscures qui ensanglantent son pays et affirmer que les femmes avaient le droit de pratiquer le cyclisme dans l’espace public.

Masomah (à droite) lors d’une Vélorution orléanaise avec sa sœur Zhara et Patrick Communal (cl GP)

Masomah actuellement en stage à Aigle, en Suisse, au centre d’entraînement et de préparation de l’Union cycliste internationale, était très sollicitée depuis quelques semaines par la presse internationale et notamment américaine, sans doute particulièrement sensible, au moment où les troupes US se retirent d’Afghanistan, à l’avenir plus qu’incertain des femmes si les talibans reprennent le contrôle du pays. Je garde à l’esprit cette remarque de l’une des jeunes coéquipières de Masomah dans l’équipe afghane de cyclisme : « quand on est une fille en Afghanistan, on a l’impression d’être une erreur… » façon de rappeler que c’est aujourd’hui l’un des pires endroits de la planète où y naître femme.

Un destin olympique

Lorsque mon fils Thierry et moi-même avons accueilli, à Roissy Charles de Gaulle, Masomah, Zahra et leur famille, dans les premiers jours d’avril 2017, nous n’imaginions pas qu’un tel destin olympique soit possible, même si la petite reine de Kaboul avait déjà affiché cette perspective comme un objectif, non pas pour aller chercher une médaille, mais réaffirmer à la face du monde que les femmes avaient le pouvoir d’aller au bout de leurs rêves et qu’elles devaient refuser d’être enfermées dans une maison pour y être au service exclusif d’un mari.

Thierry Communal, cyclosportif de toujours et professeur à l’Université de Lille, a beaucoup œuvré pour guider Masomah dans son parcours universitaire et sportif. Il a pris contact en Bretagne avec David Lappartient, maire de la commune de Sarzeau dans le Morbihan et président de l’Union cycliste internationale qui a été séduit par l’histoire de la jeune Afghane et a fini par convaincre le Comité international olympique d’allouer à Masomah une bourse pour financer sa préparation aux jeux de Tokyo.

Masomah sera la première femme cycliste afghane et la première réfugiée en France à participer à des jeux olympiques. Elle est un peu orléanaise puisque sa famille réside depuis trois ans dans la cité johannique et qu’elle y passe toutes ses vacances avec sa sœur Zahra ; elles ont eu la gentillesse de m’accompagner à mon allure, bien plus lente que la leur, pour des randonnées cyclistes en Sologne, entre Orléans et Chambord ; elles ont également participé à une Vélorution à laquelle je les avais conviées. Et puis, cette image d’une jeune femme franchissant les barrières de genre, pour y diffuser un message d’émancipation, ne saurait être totalement étrangère à celle de Jeanne, libératrice de la cité.

Nous avions raconté l’histoire de la petite reine de Kaboul dans un livre, diffusé par les éditions de l’Atelier en 2018, qui pourrait s’enrichir aujourd’hui d’un nouveau chapitre, parce que la notoriété, que confère à Masomah cette sélection, fait peser sur ses épaules une responsabilité importante devant la communauté internationale au regard des menaces croissantes qui pèsent aujourd’hui sur les femmes afghanes. Elle devra sans aucun doute faire entendre sa voix et son discours sera reçu au-delà de toutes les frontières.

Patrick Communal

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