Covid 19 : la valse des variants

Depuis quelques temps la pandémie due au coronavirus voit défiler l’alphabet grec avec l’arrivée de nouveaux variants. La levée quasi complète des mesures de confinement, va-t-elle être à l’origine d’un été de tous les dangers ? Quelle est la lettre qu’il faut redouter ? Essayons d’y voir plus clair.

Source ARS

Dans un précédent article, nous avions évoqué les très nombreuses mutations du coronavirus responsable de la COVID-19. Au cours de ses nombrables réplications, le Sars-Cov 2 enfante naturellement, par pur hasard, de multiples mutations dans son génome. La plupart de ces mutations sont sans conséquence sur l’activité du virus et ne perdurent pas. Néanmoins, certaines lui donnent des avantages significatifs sur la souche virale dont il provient. Dans ce cas les virus porteurs de la mutation prospèrent.
Ils sont théoriquement classés en 3 groupes de variations qui peuvent se combiner :
– variation de la transmissibilité : le virus a une contagiosité différente,
– variation de la pathogénicité : le virus peut causer une Covid 19 à symptomatologie modifiée,
– variation d’échappement immunitaire entraînant un risque de ré-infections.

Les variants font l’objet d’un suivi de leur capacité évolutive

Il est toujours à redouter qu’une modification génique entraîne, chez le virus, un échappement immunitaire pouvant lui permettre une recirculation massive. C’est pourquoi il a été mise en place le Consortium Emergen, qui est une plateforme de surveillance et d’étude de l’évolution des différents variants du Sars-Cov 2. Elle est déployée sur tout notre territoire et associée à la surveillance internationale. Les variants y font l’objet d’investigations afin de connaître leur niveau d’infectiosité, de pathogénicité et surtout leur sensibilité aux traitements et à l’immunité acquise après une infection ou la vaccination.

Cette analyse aboutit au classement des variants en trois catégories :
– variant préoccupant, ou VOC (« variant of concern » en anglais), pour lequel il a été démontré une augmentation de la contagiosité ou une augmentation de la gravité de la Covid 19 induite, ou encore un changement des signes cliniques de la maladie ou une diminution de l’efficacité des mesures de contrôle ;
– variant à suivre, ou VOI (« variant of interest » en anglais) caractérisé par des mutations responsables de transmissions communautaires ou par de multiples clusters ;
– variant en cours d’évaluation (« variant under investigation »), a priori sans impact en santé publique malgré la présence de mutations retrouvées chez un ou plusieurs VOI.
Les variants considérés comme prioritaires, font l’objet d’un suivi de leur capacité évolutive pour déterminer s’ils donneront naissance à de nouvelles générations de variants contre lesquels l’efficacité de la vaccination serait amoindrie.

La valse des variants pourrait perturber la sérénité de la période estivale

Afin d’améliorer la communication destinée au public, d’éviter confusion et stigmatisation des populations, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a souhaité que la dénomination soit simplifiée, unifiée et standardisée. Les experts de l’OMS recommandent désormais de ne plus nommer les variants en fonction du lieu de leur première découverte, d’ailleurs souvent erroné, ni d’utiliser l’une des nombreuses nomenclatures scientifiques rébarbatives, qui n’ont d’intérêt que pour les chercheurs. Les variants sont désormais désignés par des lettres grecques.

Ainsi pour les VOC, le variant anglais est nommé Alpha, celui d’Afrique du sud Beta, celui du Brésil Gamma et d’Inde Delta. Ce dernier se répand très rapidement en France mais semble bloqué par la vaccination. Il y a actuellement sept VOI : Epsilon, Zêta, Êta, Thêta, Iota, Kappa, Lambda, dont les impacts sur la pandémie ne sont pas encore bien connus. Le respect des mesures de précaution doit rester présent à l’esprit car des travaux, à confirmer, laissent à penser que les variants Epsilon et Lambda seraient particulièrement contagieux et résistants aux anticorps neutralisants et pourraient être classés VOC. Sans vaccination complète et sans un minimum de précautions, la valse des variants pourrait bien perturber la sérénité de la période estivale…

Photo Magcentre

Ne pas submerger à nouveau notre système sanitaire

L’arrêt des mesures contraignantes de confinement, la diminution des demandes de vaccinations et la circulation en très forte augmentation du variant Delta ainsi que l’apparition immanquable de nouveaux variants agressifs peuvent faire craindre une remontée importante des contaminations. Eviter les décès, ne pas détruire l’activité économique, reprendre une vie normale sont des finalités incontournables. L’objectif prioritaire reste pourtant de ne pas submerger à nouveau notre système sanitaire par des hospitalisations de cas de Covid 19 graves.

Seule la vaccination, qui protège des formes sévères, permet d’atteindre cet objectif premier. Aussi, il est bien difficile de comprendre pourquoi une proportion non négligeable des soignants hésite encore à se faire vacciner contre la COVID-19 alors que c’est ce même personnel qui est directement impacté par l’augmentation des malades hospitalisés. Ces comportements vont très probablement nécessiter de rendre obligatoire la vaccination pour tous les personnels de santé. L’Académie de médecine prône cette obligation vaccinale depuis plusieurs mois. Si cette obligation est décidée, faudra-t-il s’en féliciter ou le déplorer ? Les leaders d’opinion, le personnel politique, les scientifiques devraient réfléchir sur les causes cette défiance vaccinale et sans doute se remettre en cause…

Lire aussi : Comment réconcilier les Français avec le vaccin ?

Jean-Paul Briand

Commentaires

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  1. “il est bien difficile de comprendre les soignants qui hésitent encore ” Il serait bienvenu de les écouter ces gens qui sont directement impliqués dans la gestion de cette crise. Hors nous n’entendons que “la voix de son maître” (quels maîtres?) . Peut-être que cet univoque signifie que faute de consacrer les efforts en premier lieu à améliorer les SOINS puisque les vaccins ne sont pas d’une efficacité avérée , à donner aux soignants des conditions dignes d’exercer leur profession, le choix a été fait (encore une fois) de faire porter la responsabilité aux usagers, pas si usagés que ça d’ailleurs.

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