Orléans, la puissante Sarah McCoy au Campo Santo

Encore un concert de la Scène Nationale reporté, et heureusement ! Sarah McCoy, cette incroyable blueswoman, a réchauffé le Campo Santo plutôt frais, samedi soir. Sa voix, telle une tempête sonore, a tout balayé au fur et à mesure qu’elle chantait. Pianiste aussi, elle a proposé des titres enregistrés et de nouvelles chansons dont elle est l’auteure et la compositrice. Impressionnante et magnifique présence de cette femme hors du commun.

Elle est apparue juste à l’heure, sorte de tigresse exubérante et dominatrice, son verre de rouge à la main et des éclats de rire aux lèvres, une feuille et des fleurs dans ses cheveux décolorés en rouge. Sarah McCoy, c’est avant tout un personnage. Elle dit d’ailleurs de sa musique, pour tenter de la définir, que c’est un genre de vie.

Et lorsqu’elle s’installe au piano et qu’elle commence à chanter, on comprend ce que ça veut dire. Elle s’empare totalement de ses sources d’inspiration, blues et soul, pour les tordre à sa propre mesure. Car dès qu’elle chante, sa voix s’impose. Puissante, mélodique, agressive ou glissant dans la tendresse, Sarah nous fait vivre ses émotions intérieures, comme tous les bluesmen ou women. Elle nous raconte sa vie, et Dieu sait qu’à 35 ans, elle a déjà pas mal vécu !

Photo BC

Après « la route », comme elle le dit dans plusieurs interviews, elle a croisé des gens qui lui ont permis de prendre son véritable envol. Dont Chilly Gonzalez et son ami Renaud Letang, qui l’ont finalement poussée à venir s’installer en France et à conquérir le public européen.

Quand elle ne chante pas, elle parle. Disant tout et n’importe quoi dans de grands rires forcés, comme une ado prématurément vieillie. Mais son chant est mature, sa voix s’impose non seulement par sa puissance mais aussi par le phrasé, la modulation, la profondeur. On a parlé de Janis Joplin, d’Amy Winehouse. Oui, ces femmes hors du commun, inclassables et puissantes dans leur art, ces femmes qui ont aussi eu leur part de malheur et qui le propulsent hors de leur corps avec une émotion incroyable.

Une énergie qui vient du plus profond

Sarah s’est « formée » sur la route et à la Nouvelle Orléans, elle a construit son blues un peu sale, son blues de bordel, sur les trottoirs du quartier français. En gardant toute la vulgarité et la grossièreté des bas fonds, qu’elle manie avec beaucoup de naturel et d’humour. Mais son énergie vient du plus profond d’elle même. D’ailleurs ses chansons racontent sa difficulté à se regarder, à s’accepter, à supporter son image dans la glace. Elle va même jusqu’à demander à sa mère, une ancienne nonne qui a épousé un policier mort trop tôt, de prier pour elle ! C’est sa manière savante de mélanger violence et tendresse, rébellion et preuve d’amour, attirance et répulsion. Elle hurle pour se faire croire qu’elle vit sans la peur ! De la mort, de l’échec, de tout. Des thèmes de blues, quoi. Mais quel incroyable manière de les dire.

En deuxième rappel, elle s’est lancée sans micro et sans piano à faire chanter le public. Et on l’a suivie. Elle a fini sur les genoux, tant l’exercice était exigeant. Epoustouflant.

Bernard Cassat

Un beau clip pour retrouver la magie :

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