Escapade estivale.. en vallée de la Creuse

Entre Centre-Val de Loire et Nouvelle Aquitaine, à la limite de l’Indre et de la Creuse, la vallée de la Creuse nous propose de multiples découvertes patrimoniales et culturelles. Entre impressionnistes et vestiges de la guerre de cent ans, sports nautiques et ateliers d’artistes, il y en a pour tous les goûts.

Il y a des appellations qui peuvent tromper, mais qu’importe les noms, quand ce qu’ils définissent ne manquent pas d’intérêt. Ainsi, au sud de la région Centre-Val de Loire, à la très poreuse limite virtuelle entre le pays d’oc et le pays d’oil, le département de l’Indre nous invite à découvrir la vallée de la Creuse, et le département de la Creuse à nous promener dans la vallée des peintres. Làs ! chanteraient à l’unisson trouvères et troubadours, relevant de surcroît qu’il suffit d’un pont au dessus de cette rivière magnifiée pour aller d’une région à l’autre. Et, justement, ce pont, dit de Crozant, tout nouveau tout beau, a été inauguré fin juin 2021, après 8 mois de coupure entre les deux rives, le temps de remplacer le précédent, devenu trop fragile pour continuer à supporter la circulation. Alors, pourquoi ne pas en profiter pour commencer cette escapade estivale, après d’autres vallées comme celles du Loir ou de l‘Indre (en Indre et Loire !).

Le nouveau pont de Crozant a été inauguré en juin 2021.

En un peu plus de 40 km, naviguant entre les deux rives de la Creuse au gré des intérêts, connus et moins connus, les surprises y sont nombreuses. Notre première halte sera pour Fresselines, en Creuse, pays phare de la Vallée des peintres, village d’artistes marqué par les deux Creuse, “torrents ou rivières, qui courent l’une vers l’autre et se mêlent au confluent“. Fresselines, c’est le village du Castelroussin Maurice Rollinat, dont un portrait signé Rodin pare l’église, mais aussi celui de Claude Monet, maître de l’impressionnisme, qui y réalisa 23 toiles lors de son séjour, ou de Léon Detroy et Gaston Thierry. Aujourd’hui, on y trouve encore des ateliers d’artistes, et surtout l’espace Monet-Rollinat, superbe lieu d’histoire, de création et d’exposition, à l’accès actuellement limité aux détenteurs du pass sanitaire.

A Fresseline, Rodin sculpta un portrait de Maurice Rollinat sur l’église.

Ensuite, retour sur Crozant, vers le nord, l’une des escales creusoises du chemin de Compostelle, village perché sur un promontoire entre Creuse et Sédelle, et connu internationalement tant pour son site paysager et historique exceptionnel que pour son « École des Peintres », portée notamment par Armand Guillaumin. Georges Sand fut une des premières à remarquer la beauté du site, comme le conte l’Hôtel Lépinat, reconverti en espace de mémoire des artistes, faisant un complément appréciable à celui de Fresselines. En quittant le village pour rejoindre l’ancienne forteresse médiévale dominant la rivière, on remarquera en souriant les 4 maisons aux prénoms des 4 membres d’une même famille, tout en appréciant par ailleurs le paysage. La forteresse est accessible au public, mais uniquement aux détenteurs du pass sanitaire, bien que le site soit escarpé, totalement en plein air, et rarement fréquenté par plusieurs dizaines de personnes en même temps. Après cette visite, un des autres intérêts du lieu, après avoir retraversé le pont, sera sans conteste de se rendre au restaurant-hôtel du lac pour la promenade sur le lac d’Eguzon. Elle est commentée, dure 1h15, aucun pass sanitaire n’est exigé à l’embarquement, mais le masque est obligatoire pendant tout le trajet, qui nous emmène sur 17km jusqu’à 300m du barrage.

Eguzon, et sa mairie installée dans l’ancien château.

Retour dans l’Indre

Nous sommes désormais de retour dans l’Indre, en vallée de la Creuse. Eguzon-Chantome et les 9 communes situées autour des 3 lacs formés par le barrage (Eguzon, La Roche aux Moines, la Roche Bat l’Aigue) constituent principalement une belle station verte balnéaire, avec nombre d’activités nautiques, plus ou moins classiques. Mais d’aucuns, férus d’histoire, apprécieront que la mairie soit installée dans l’ancien château, dont il ne reste que la porte, et d’autres, plus enclins aux légendes, retiendront que le lac de la Rocha Bat l’Aigue aurait été modelé par les bottes de Gargantua. Il est temps ensuite de reprendre la route, par la rive gauche ou la rive droite de la Creuse, en direction d’Argenton sur Creuse.

Dans l’Indre, le barrage d’Eguzon était un des plus grand d’Europe à sa création.

En prenant la rive droite, on pourra monter au point de vue dominant le barrage, en longeant la centrale électrique. Situé sur la rivière Creuse, il était l’un des plus grands d’Europe lors de sa construction (1917 à 1926). Aujourd’hui, il produit annuellement de l’électricité pour 41 000 personnes, soit l’équivalent de la ville de Châteauroux. En redescendant et en reprenant la direction d’Argenton, la prochaine halte sera sans conteste Gargilesse-Dampierre, classé depuis 1982 parmi l’un des plus beaux villages de France.

Gargilesse. La mairie à gauche, et la maison de Georges Sand, au fond de la cour, à droite.

Gargilesse accueille aujourd’hui de nombreux touristes et pèlerins “attirés par le charme romantique de ses maisons serrées, aux toitures pentues tapissées de tuilettes brunes, resserrées autour du château“. Comme en Vallée des peintres, George Sand, avant beaucoup d’autres artistes, fut l’une des premières à succomber à son charme, au point de venir y habiter. Sa maison y est identifiée, au fond d’une cour. Plus contemporain, Pierre Jamet, harpiste de renommée internationale, fondateur en 1964 de l’Académie Internationale de Harpe, y créa un festival qui perdure et renaît tous les ans en août, faisant du village un haut lieu pour cet instrument. Il fait bon y flâner, y apprécier les ateliers d’artistes et les paysages sans cesse renouvelés au hasard des rues.

La Boucle de la creuse, après Gargilesse, sur la route d’Argenton.

Ensuite, on reprend la route, on peut faire une halte pour photographier la Boucle de la Creuse, et, si le coeur nous en dit, on peut même retraverser la rivière pour retourner vers le sud, jusqu’à la commune de Ceaulmont, où se niche un petit château privé, récemment racheté, celui de la Prune du Pot, dont les propriétaires ont contribué à la création de la Fédération des chemins de la guerre de 100 ans, dont le siège est basé à Châteauroux.

A Ceaulmont, sur la rive gauche de la Creuse, le château de la Prune du Pot connut la guerre de cent ans.

Il est temps de reprendre la route vers Argenton-sur-Creuse, baignée par la rivière et offrant de beaux paysages, mais pas que cela. La promenade dans la ville et dans le coeur historique permettra de faire une halte au Musée de la Chemiserie, consacré aussi à l’élégance masculine (unique en Europe), mais toutefois réservé aux détenteurs du pass sanitaire, tout comme pour celui d’Argentomagus, consacré au passé gallo-romain du lieu, au nord de la ville, à Saint Marcel. Voilà une belle escapade qui se termine, ou presque…

Argenton sur Creuse, ses bords de Creuse et son patrimoine gallo-romain.

Des “Châteaux de ville”

La visite est-elle vraiment terminée ? Pour le plaisir, on pourrait presque s’attarder sur quelques autres curiosités dans le secteur. Ainsi, n’a-t-on pas remarqué que la mairie d’Eguzon est installée sur le site de l’ancien château-fort, entouré de douves aujourd’hui verdoyantes ? Ce n’est pas un cas isolé dans la région. Aux abords d’Argenton-sur-Creuse, on appréciera ainsi deux cas similaires. Le premier sera celui de la mairie du Pêchereau, installée dans le château du Courbat, vestige de l’architecture rurale du XVIIe siècle, entouré de larges douves, et élue en 2015 parmi les 12 plus belles mairies de France. L’actuelle réfection de sa toiture a été rendue possible grâce à un financement participatif réalisé en 2019-2020. Et, au nord d’Argenton, on ne manquera pas d’apprécier la mairie du Pont-Chrétien, elle aussi installée dans un ancien château, dominant une vallée.

A l’entrée d’Argenton, la commune de Le Pechereau possède avec le château de Courbat l’une des plus belles mairies de France.

Sans conteste, aux portes de la Nouvelle Aquitaine, là où le patois local, pur berrichon pour certains, mélange langue d’oc et langue d’oil, il y a beaucoup de découvertes à faire. A moins de deux heures de route de la ville préfecture, est-il bon de préciser.

Jean-Luc Bouland

Le château du Petit Broutet, devenu la mairie de la commune de Le Pont-Chrétien-Chabenet, au nord d’Argenton, dominant le village.

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