Orléans :la sécurité contamine aussi les débats du conseil municipal

Les expulsions de « marginaux » à la gare et plus récemment derrière le théâtre mobilisent toujours l’opposition qui a soulevé cette question lors d’un conseil municipal à l’ordre du jour bien plat. Une occasion mise à profit par Serge Grouard et Florent Montillot qui ont sauté à pieds joints dans le marigot sécuritaire. À Orléans aussi ces problèmes de sécurité -ou d’insécurité- risquent de polluer le débat municipal et électoral.

Jean-Jacques Talpin

Avec un Festival de Loire unanimement apprécié par les élus de tous bords, avec une « charte de déontologie des élus » votée sans un vote contre, avec un bon bilan de la rentrée scolaire présenté par l’adjointe Chrystel de Filippi et qui ne soulève aucune critique, le conseil municipal de jeudi aurait dû être un court fleuve tranquille. Mais c’était sans compter les inévitables polémiques qui perlent constamment ces débats.

L’allumette a été allumée par Emmanuel Duplessy (groupe de gauche et écologistes) qui a interrogé le maire sur l’expulsion en juillet dernier de « marginaux » derrière le théâtre. Il s’inquiétait en particulier de savoir si l’expulsion s’était déroulée dans de bonnes règles sanitaires et avec le suivi des services sociaux. Une question, appuyée aussi par Ludovic Bourreau, Dominique Tripet et Jean-Philippe Grand, mise en relation avec l’expulsion de SDF à la gare et sous Place d’Arc et avec l’érection d’une œuvre d’art jugée « déplorable » parce qu’appelée « la Reconquête ».

« Les Orléanais veulent des résultats »

L’occasion était trop belle pour Serge Grouard, plus habitué des studios de la très sécuritaire et réactionnaire télé CNews que des estrades municipales, pour s’engouffrer dans la brèche. En rappelant que deux meurtres avaient été perpétués en trois ans chez les marginaux, le maire a pu longuement déployer son idéologie sécuritaire : « Il y a une demande forte des Orléanais en matière de sécurité et elle se renforce. La délinquance a baissé de 80% en 20 ans, mais il en subsiste. On regarde la réalité en face et on fait ce qui est en notre pouvoir pour la traiter. Nous, nous agissons, nous avons des résultats. Les causes de la délinquance ne sont pas socio-économiques (la pauvreté et la précarité) mais socio-éducatives ». Et, s’adressant à l’opposition : « Je suis pragmatique pour apporter des solutions. Mais vous, vous proposez quoi ? Rien si ce n’est des critiques insidieuses. Il n’y a pas de réponse politiques et idéologiques à la délinquance. Proposez bon sang ! ». Adepte de ces débats sécuritaires le maire n’hésite pas à assener un argument déroutant : « Les Orléanais en ont ras le bol de ces débats ils veulent des résultats ».

Serge Grouard rejoint Michel Barnier

Jamais en reste, Florent Montillot en rajoute une couche en prenant à témoin son bouc émissaire préféré, l’ex-conseiller régional écologiste Jean-Philippe Grand : « On n’est pas au Conseil régional où des SDF ont été expulsés sous les arcades avec la pose de grillages durant trois ans ! Cela n’a rien à voir avec nos pratiques ».

Halte au feu. L’opposition s’est éteinte après ces arguments en attendant les prochains débats sur « l’insécurité » qui ne manqueront pas de revenir. Il est vrai que Serge Grouard a intégré l’équipe de Michel Barnier, candidat au « congrès-primaire » de LR, qui lui aussi vient de mettre l’insécurité et l’immigration en tête de ses priorités. Et entre Orléans et La Ferté-Saint-Aubin (où Michel Barnier réside) la transmission de pensées peut être rapide !

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^{Photo de Une : Mairie d’Orléans. Photo Mourad Guichard}