[Sexisme ordinaire] « Les employeurs ne doivent rien laisser passer », Ulrich Thomir

Délégué général du Medef 41, Ulrich Thomir revient pour Magcentre sur les actions de l’organisation patronale pour lutter contre les agissements sexistes et les violences sexuelles en entreprise. Un dossier prioritaire.   

Propos recueillis par Jean-Luc Vezon

Pour Ulrich Thomir, délégué général du MEDEF 41 ” les entreprises doivent ouvrir le débat pour débattre des violences” . Photo Jean-Luc Vezon

Comment le Medef appréhende-t-il cette question renforcée par le mouvement social #MeToo ?

Ulrich Thomir : Le sexisme et les violences sexuelles au travail sont une préoccupation majeure des représentants patronaux à la fois car elles sont une atteinte aux femmes mais aussi car elles sont sources d’absentéisme et de moindre productivité. La dernière convention du mouvement à Bordeaux l’a d’ailleurs évoqué avec force. Un guide pratique présentant les démarches à suivre a ainsi été conçu l’an passé. Il fait l’objet d’une large diffusion. Précurseur, dès 2013, le Medef avait par ailleurs édité un manuel de résistance aux stéréotypes sexistes en entreprise. Nous travaillons aussi sur la sensibilisation aux violences domestiques et invitons les entreprises à informer les femmes sur les dispositifs d’alerte et de secours mis en place par le gouvernement. (1)

Comment agir ?

U.T. : Dans le cadre réglementaire (article L.1142-2-1) et celui propre à l’entreprise (règlement intérieur), l’employeur ne doit rien laisser passer en tant que responsable de la santé et du bien-être au travail de ses collaborateurs. Nos recommandations sont les suivantes : élaborer une charte de bonne conduite, créer un climat de confiance, sensibiliser et former salariés et managers, développer et entretenir des relations valorisant la mixité (gestion de projet par exemple) et surtout instruire, faire cesser et sanctionner les salariés se livrant à ces faits qui, je le rappelle, pour certains, comme le harcèlement sexuel, sont passibles de 2 ans d’emprisonnement et jusqu’à 30 000 euros d’amende.     

Localement que fait le MEDEF Loir-et-Cher ?

U.T. : Paul Seignolle, président du Medef 41 et les membres du CA sont convaincus qu’il faut « une tolérance zéro ». Nous incitons donc nos membres et les branches adhérentes à agir en particulier en mettant en place et formant des référents, obligatoires dans les entreprises de plus de 11 salariés. En 2018, Elisabeth Moreno, actuelle ministre déléguée à l’Égalité femmes-hommes, à la Diversité et à l’Égalité des chances était d’ailleurs l’invitée de notre assemblée générale. Dans les semaines à venir, nous allons réunir notre commission Ressources Humaines et le club Direction des Ressources Humaines. De grandes entreprises comme L’Oréal et Accor (114 au total) ont aussi lancé en décembre 2018 l’initiative #StOpE. Elle a pour objectif de partager et de promouvoir les bonnes pratiques de lutte contre le sexisme dit « ordinaire » au travail. Les entreprises et organisations signataires s’engagent à déployer au fil de l’eau huit actions prioritaires pour le faire reculer durablement. Un livret d’engagements et de bonnes pratiques et un baromètre ont été mis en place.

Au-delà des violences sexistes, la question de l’égalité réelle se pose …

U.T. : C’est exact. L’écart de salaires entre hommes et femmes est de 19% et touchent beaucoup de femmes cadres ; mais les femmes souffrent encore trop souvent de progressions de carrières ralenties et certains secteurs leur sont plus difficilement accessibles. Il faut donc changer notre culture. Les entreprises ont une responsabilité sociale et sociétale à assumer. Au Medef, nous considérons que la mixité est une richesse. Sur le fond, le monde du travail n’est que le reflet de notre société et la vraie bataille se gagnera en amont par l’éducation. Cependant, les chefs d’entreprise doivent devenir des acteurs de ce changement et agir concrètement pour ne laisser aucune de ces violences impunies. Je rappelle que 8 femmes sur 10 sont ou été confrontées au sexisme ordinaire.

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