Mennetou-Salon : Le cow-boy ne veut plus être solitaire

C’est l’histoire d’un poor lonesome cow-boy qui ne veut plus être seul, sur son Joly Jumper, un brin de paille aux lèvres. C’est l’histoire de Franck Gilbert, un gamin qui jouait au cow-boy et qui, adulte, veut continuer à le faire. C’est l’histoire de la construction d’un village d’après la guerre de Sécession qui a cessé c’est sûr, dans le Cher, à quelques encablures du Sancerrois.

 Par Fabrice Simoes

Le saloon est maintenant terminé. Il manque encore les portes à battants mais… DR

Belle Fouche, c’est un bourg de 6000 âmes dans le Middle West américain, à l’embranchement de la rivière du même nom, de la Redwater et du torrent Hay Creek. Belle fourche c’est au Dakota du Sud, pas trop loin des Black Hills, à moins de 3 heures de Wounded Knee. Belle Fourche n’était qu’à une trentaine de kilomètres du centre géographique global des États-Unis jusqu’à ce que les admissions de l’Alaska et d’Hawaï en 1959 ne le déplacent … Belle Fouche, en langue Sioux c’est Mniwasta, ou “Bonne eau”… Bell Fourche City, à l’américaine pour le jeu de mot (bell signifie cloche en anglais), sans le e à la fin de Belle, entre Mennetou-Salon et Achères, pas loin des vignes du Sancerrois, ça se dit Belle fourche City en français, et en Berrichon aussi, et pi pas pu, selon Madame Chaput. Bell Fourche City c’est l’idée, le rêve, le jouet, la danseuse de Franck Gilbert un ancien directeur informatique berrichon fan du far West des pionniers et de la grande frontière. Bell Fourche City a commencé à sortir du sol. Le village devrait ouvrir ses portes en juin de l’année prochaine.

Six jours pour monter le saloon

A la fin des années 1990, Franck Gilbert s’est d’abord mué en éleveur de chevaux, des paint-horses, des vaches aussi mais des Galloway. La race s’est fortement implantée dans l’Ouest américain vers la fin du XIXe siècle. Insuffisant pour aller au bout de la passion. « L’histoire de la conquête de l’Ouest me fascine. Après un voyage dans le middle West aux États-Unis, j’ai décidé d’avoir mon propre ranch, mes chevaux, mes vaches, et puis aussi ma ville western… », explique-t-il sans détour. C’est d’abord à travers l’association Western Stories Club, créée officiellement en 2017, et des copains « frappadingues », que le projet a mûri. Les idées des uns, des autres, tournées vers cet objectif de village western ont débouché sur la création d’un campement de pionniers, de tipi, puis la réalisation d’un saloon tout en pin, monté en six jours. Franck explique d’ailleurs que le bois vient du Morvan. « Ce n’est pas trop loin. Il est fait en planches de Douglas. »

Franck Gilbert a toujours rêvé d’un village western. Photo AD2T

Au début de cette année l’Agence de Développement du Tourisme et des territoires du Cher (AD2T) a lancé un appel à projet auquel Franck Gilbert a répondu. Le sien a été parmi les 8 retenus, sur 29 présentés, par l’agence départementale, notamment pour la cohérence et son intérêt pour le développement du territoire. Il a pu ainsi bénéficier d’un accompagnement complet sur le développement de leur projet et sur la mise en place d’outils de communication pour mener à bien une campagne de financement participatif qui vient tout juste de se terminer. Sur le site de crowdfunding, le Berruyer espérait obtenir 5000 euros. Au final, il a plus que doublé l’objectif, de quoi construire la prison dans le bureau du shérif, la banque et le general store inhérent à tout village far West…

Si le projet inclus des ateliers de tir au pistolet à poudre noire, d’utilisation de coach gun (un fusil à canon scié NDLR), ou de lasso, l’intention n’est pas pour autant de transformer le village en Disneyland. Pas d’attaque de la diligence ou de la banque de prévu. Au contraire, immersion serait plutôt le terme le plus approprié selon Franck Gilbert, entrer dans ce nouveau monde sera « une envie de simple, dans la nature, au contact des animaux avec tout le confort du XIXe siècle à l’époque de la conquête de l’Ouest. Nous sommes dans l’idée de chercher à vivre un jour, un week-end ou une semaine, comme dans une ville de la frontière du XIXe siècle. Pas d’électricité, pas d’eau courante, l’éclairage se fera à la lueur des feux de camps, des lampes à huile ou des bougies pour ceux qui veulent faire un retour aux sources, dans un tipi ou une tente de pionnier », insiste-t-il.

Tente de trappeur ou tipi indien, les habitants du village pourront choisir. DR

Comme dans les campings, pour retourner à la vie moderne il suffira cependant de juste sortir de l’aire du camp… Pour le code vestimentaire, il n’est pas prévu, pour le moment, d’obligation de passage au vestiaire. Il ne sera pas nécessaire de troquer les robes de chez Dior, les futals de chez Hugo Boss, les polos Ralph Loren pour celles de la belle Peggy du saloon ou les fringues à franges de Wild Bill Hickok, même si ça aide pour entrer dans la peau d’un personnage.

Au printemps prochain, quand le soleil se couchera au-dessus du piton de Sancerre, surveillez les signaux de fumée. Les Berrichons sont capables de passer en mode Sioux pour ne pas se faire remarquer dans le paysage.

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