La truffe berrichone en marché réduit

En version réduite l’an passé, la 19e édition du marché aux truffes d’Issoudun devait retrouver un peu plus d’éclat en cette fin d’année. Las, la pandémie fait des siennes. La fête ne pourra avoir lieu mais le marché est maintenu pour le samedi 18 décembre, en toutes saveurs mais à l’extérieur.

Par Fabrice Simoes

15 000 chênes truffiers ont été plantés en Berry depuis une vingtaine d’années. DR

Les champignons c’est vachement bon. « Et pas qu’en fumette », ajouterait Alexandre, un bienheureux parti élever des chèvres en Périgord plutôt que dans le Larzac. Même simplement poêlés avec une noix de beurre, un peu d’ail et de persil. C’est vachement bon, on vous dit. Le problème c’est quand on est infoutu de faire la différence entre un cep de Bordeaux, même ramassé en Sologne sur le domaine public – avec des grillages de 2 mètres de haut, c’est devenu plus compliqué d’aller dans les propriétés privées. Propriétaires égoïstes va ! – et un bolet de Satan ou un bolet amer. Ça craint… C’est probablement pour éviter de se tromper que le grand ordonnateur de tout, dans sa mansuétude, a créé la truffe.

Enfoncé dans le sol, voilà un champignon qui ne fait pas le malin avec des couleurs chatoyantes et des chapeaux plus ou moins grands. Et surtout il ne se prend pas pour un autre. En plus, la truffe possède la vertu d’éviter à certains cochons de passer de vie à jambons trop vite. Le problème c’est que ces qualités en font une espèce rare !  Des bords du Cher aux rives de l’Indre, la truffe a fait son trou. Dès lors, quand un marché aux truffes se tient en Berry, c’est le branle-bas de combat chez les amateurs, les épicuriens et tous les gastronomes. C’est que la truffe, ça parfume, ça embaume et ça titille le palais. Ses effluves sont à nuls autres pareil. La seule condition c’est d’aimer ça, parce que, finalement, les goûts et les couleurs ! Alors, si on n’aime pas…

A Issoudun c’est que de la bonne

Normalement, depuis une vingtaine d’années, le dernier week-end avant Noël, à Issoudun, se tient le marché aux truffes le plus ancien en Berry. Bon an, mal an, ce sont ainsi six ou sept marchés qui se succèdent de la mi-décembre à la mi-février. Ici, comme le souhaite depuis sa création l’association des Trufficulteurs de Champagne Berrichonne, les trufficulteurs présents sur site sont tous adhérents. Pas de négociants… Leurs truffes sont essentiellement berrichonnes et toutes de la variété « melanosporum » ou « truffe noire du Périgord ».

Cette année, pour une fête digne de ce nom, tout était prévu pour une installation à l’intérieur du Pepsi, la salle emblématique issoldunoise, avec des ateliers de dégustation et un repas gastronomique pour 350 personnes. Même, des stands de foie gras et produits transformés, chocolats, volailles fermières, morilles – encore des champignons – vins AOC, safran, escargots, étaient annoncés. On avait aussi un whisky made in Berry à présenter en avant-première. Patatras et bardafouette, Omicron s’est pointé et a mis à mal le programme mijoté par l’Association Issoudun Cité de la Truffe (ICT).

Le marché aux truffes d’Issoudun est renommé pour la qualité de la production en Berry. DR

Après mûres réflexions, la décision a été prise de réduire le marché à sa plus simple expression avec des producteurs récoltants qui s’installeront, samedi 18, en bordure de la place du 10 Juin. Ce petit village de truffes sera ouvert de 8h30 à 13 heures. Promis, juré, la qualité sera au rendez-vous. C’est que, à Issoudun, on ne rigole pas avec ça. A force de patience, « la pomme féerique » comme la surnommait la bonne dame de Nohant, George Sand, a reconquis son territoire et personne ne veut brader ce patrimoine gastronomique.

Une vingtaine d’années après les premières plantations d’arbres mycorhizés, le Berry truffier a renoué avec sa tradition de récoltes locales. Elles se comptaient en tonnes à la fin du XIXe siècle, sur les deux départements berrichons. La culture de la truffe en Berry ne date pas d’hier. Il n’était pas rare de « caver » deux tonnes de truffes, parfois plus, au XIXe siècle dans toute la Champagne Berrichonne. En 1860, par exemple, on a enregistré des volumes de 500 kilos pour l’Indre et 2 tonnes dans le Cher. La qualité, telle est la force de la truffe du Berry. Si après ça, vous confondez encore avec un bolet de Satan, c’est à désespérer !

Commentaires

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  1. Excellent papier truffé d’odeurs et de saveurs rabelaisiennnes. Toutefois vous auriez pu citer le nom du premier cochon qui par son flair averti nous mit devant cette merveille du monde.
    Mais ne soyons pas truffe, vive le Berry et ses berrychonneries

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