Les Crudettes imaginent la salade du futur grâce à l’aéroponie

À Châteauneuf-sur-Loire (Loiret), dans une serre expérimentale, se joue l’avenir de la salade et des herbes aromatiques. Des agronomes et un service R&D travaillent depuis 2013 sur une production innovante et écologique en aéroponie : c’est le projet Cap Vert des Crudettes, l’un des leaders de l’agro alimentaire, filiale du groupe LSDH (Laiterie de Saint Denis de l’Hôtel), pionnier de la salade verte en sachet, des salades composées et crudités prêtes à manger toute l’année.

Par Estelle Boutheloup

L’aéroponie est un système de production hors sol où les racines sont pulvérisées par une solution nutritive identique à celle présente dans la terre. Ici une production d’herbes aromatiques. Photo : Les Crudettes

Produire français toute l’année, proposer des produits ultra-frais et sains, à l’abri des aléas climatiques, en espace sec pour limiter les maladies, sans aucun traitement chimique, avec 90% d’eau en moins, et en limitant l’empreinte carbone, voici le pari écologiquement vertueux de la société Les Crudettes, spécialiste de la salade en sachet et autres crudités prêtes à manger toute l’année.

Pour cela, ni champ, ni terre, mais une serre de 3000 m2 en aéroponie. « Un système de production qui consiste à pulvériser une solution nutritive, identique à celle présente naturellement dans le sol, sur les racines de salades et herbes aromatiques », explique Armel Collon, directeur achats et filières au pôle végétal de la Laiterie de Saint Denis de l’Hôtel. Des racines plongées dans le noir à l’air libre comme celles de ces jeunes plants de laitue, feuille de chêne, batavia et herbes aromatiques en développement sur 25 mètres de linéaires de culture : « Sous ces modèles, un robot mobile pulvérise automatiquement la plante qui ne capte que quelques gouttelettes. L’eau pulvérisée inutilisée repart en circuit fermé, soit une économie de 90% d’eau par rapport à une culture identique de pleine terre où une infime partie seulement est utilisée par la plante sans oublier le lavage en usine. »

Relocaliser la production de salades

En exploitation depuis fin 2019, cette serre d’une capacité de 13 000 salades et aromatiques ne laisse rien au hasard et teste tous les facteurs de développement. Dans un laboratoire adjacent privé de lumière naturelle, différents essais sont effectués sur la qualité de la nutrition, la grosseur des gouttelettes pulvérisées ou encore les lumières dont le prisme s’étale du rosé clair au fuchsia : « Le rouge participe au développement des feuilles, tandis que le bleu, lui, agit sur la structure de la feuille. » Plus loin, une dernière partie abrite un tunnel de 60 mètres de long sur 12 mètres de large où les salades achèvent leur développement jusqu’à maturité avant récolte.
Un projet expérimental de 4 millions d’euros qui servira de tremplin pour implanter en 2022 une serre à plus grande échelle de 7000 m2, unique en Europe, dédiée aux herbes aromatiques et de 7 millions d’euros, sur le site de la Laiterie à Saint Denis-de-l’Hôtel. « L’idée n’est pas de faire à la place des producteurs. Mais de développer une technologie qui ne peut pas être mise en place sur une terre agricole et montrer que c’est possible pour ensuite la leur proposer. C’est une partie de l’agriculture de demain en complément de la production conventionnelle. Une production plein champ c’est environ 300 tonnes par ha et par an. Ici, c’est 950 tonnes. »

La serre expérimentale de Châteauneuf-sur-Loire peut produire 13.000 salades et herbes en zone totalement contrôlée, du jeune plant jusqu’au produit fini. Photo : Les Crudettes

Plus encore, l’enjeu est environnemental pour la société Les Crudettes qui s’approvisionne en salades et herbes aromatiques auprès de 300 maraîchers dont 200 français. « Cela va permettre de relocaliser à l’année la production qui vient aujourd’hui d’Espagne ou de l’Italie du Sud pour la campagne hivernale. Mais aussi d’échapper aux aléas climatiques de plus en plus nombreux : orages dévastateurs, trop de pluies… » Autre avantage : l’absence de corps étrangers ou encore l’augmentation de la date de limite de consommation de 2 à 4 jours grâce à la réduction du délai entre la récolte et la transformation. « À terme pour Crudettes, c’est d’être totalement autonome dans sa production, conclut Armel Collon, et pourquoi pas dupliquer ces écosystèmes en proximité de zones de consommation pour approvisionner les collectivités (restaurations scolaires, hospitalières…) ou les supermarchés d’une agglomération… .»

Photo de Une Les Crudettes

Commentaires

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  1. Super innovation merci les crudettes pour cette avancé technologique, merci armel pour les explications, je me sens éclairé sur le sujet, vivement que j’achète les salades du turfu

  2. qu’est-il du goût ? de la valeur nutritive ? l’article n’en dit rien

    le coût écologique de la production de la “solution nutritive” est-il inclu dans le décompte en eau par exemple ?

    manquerait plus qu’on nous raconte des salades !

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