[Retro] Cyclisme: Julian Alaphilippe, champion du monde bis mais …

La trêve des confiseurs est pour Magcentre aussi l’occasion d’un coup d’œil dans le rétroviseur de l’année 2021. Nous vous proposons quelques articles qui ont marqué cette année, en oubliant les désagréments…

Il faudrait être sourd, aveugle et habiter sur une île déserte même pas sur la carte pour ne pas savoir que Julian Alaphilippe est devenu Champion du Monde cycliste, dimanche dernier, en Belgique. A Louvain, il est devenu le premier Français à endosser le maillot arc en ciel pour la deuxième fois consécutivement. Dans le même temps, la petite reine meurt en silence dans les campagnes.

Par Fabrice Simoes

Julian Alaphilippe a débuté chez les professionnels dans l’équipe de l’Armée de terre. L’équipe a disparu en 2017. Photo Fabrice Simoes

Un peu plus d’un tiers du journal L’équipe était consacré à la victoire, la deuxième consécutive, de Julian Alaphilippe au championnat du monde de course cycliste en ligne. Le natif de Saint-Amand-Montrond, seuls les historiens fans de Maurice Papon situent la ville sur une carte, a donc doublé la mise sur un terrain encore plus propice à ses exploits que le circuit d’Imola, en Italie, l’an passé. Un vrai festival d’attaques, de mouvements, une course de vélo à l’ancienne où les baroudeurs font la nique aux calculateurs et autres « suceurs de roues ». Une course sans oreillettes mais avec beaucoup de feeling et de capacité à se faire mal. Julian Alaphilippe est donc, à nouveau, et pour un an de plus, sur le toit du monde du cyclisme. Il est fort probable que le coureur de la Quick Step ne portera jamais le maillot jaune du Tour de France sur les champs Élysées. Cependant, pour les spécialistes, pour les sportifs de canapés aussi, il est désormais au niveau des plus grands. A côté de Bernard Hinault et d’Anquetil, c’est déjà classe mais être aussi célèbre que Poulidor, ça vous situe bien dans le milieu…

Il a fait mieux que d’autres Berrichons. Mieux que le Vierzonnais Georges Meunier, 2e et 3e lors de championnats du monde (1956-1957) de cyclo-cross. Dans cette discipline petit Julian excellait à ses débuts. Il a d’ailleurs été sacré champion de France, en 2012, sous les couleurs de l’Armée de terre. Mieux que Jean Graczyk, le gars de Neuvy-sur-Barangeon et ses 2 maillots verts emmenés jusqu’à Paris, avec son maillot jaune porté 14 jours sur un même Tour de France.

Nombre de clubs en baisse, de licenciés itou

Pourtant, les succès de Julian Alaphilippe – officieusement numéro Un mondial en 2019 – ceux de Guillaume Martin, ceux d’Arnaud Demarre ou de Thibaud Pinault ne sont que les arbres qui cachent la forêt. Pendant que sont célébrées leurs victoires, le cyclisme amateur, au moins dans les campagnes, meurt à petit feu.

Sur la ligne d’arrivée de la classique Paris-Vierzon (65e édition cette année) – elle a depuis de nombreuses éditions abandonné son démarrage parisien pour un départ à Chalette-sur-Loing – ils étaient quelques uns à en faire l’amer constat. Alors que les coureurs étaient en approche de la deuxième ville du Cher, Guy Page, le speaker-animateur de l’épreuve parlait de ce phénomène de désertification débuté bien avant la pandémie actuelle. Aux abords de la ligne d’arrivée, jugée au bout d’un court faux plat pour des coureurs entraînés ou au bout d’une longue montée pour le quidam lambda, c’est selon, un maigre public se penchait déjà sur les barrières de sécurité. Il ne sera pas beaucoup plus nombreux au moment du sprint final. Les quelques gouttes de pluie, le ciel un peu gris, pouvaient expliquer cela mais pas que. «  Les spectateurs ne viennent plus beaucoup autour des circuits. Cela fait déjà quelques années que, doucement, le public délaisse les bords de routes. Quant aux clubs, ils abandonnent peu à peu, par manque de coureur le plus souvent. » A Vierzon, par exemple, le nombre de coureurs licenciés est en nette baisse depuis plusieurs saisons. Le phénomène s’est amplifié pour les plus jeunes, et pas uniquement par manque de bénévoles pour les accompagner, la réglementation participe aussi de ce délitement.

La foule n’est plus au rendez-vous sur les lignes d’arrivée. Ici pour la victoire de Kevin Avoine (CC Nogent sur Oise), à l’occasion du 65e Paris-Vierzon. Photo Fabrice Simoes

Le régression est nette, par exemple, pour le Challenge du Boischaud-Marche, dans le Sud du Cher. La compétition, créée en 1987, prend en compte les résultats de plusieurs courses d’un jour, toutes inscrites au calendrier élite nationale, disputées en fin de saison dans le département. On est ainsi on est passé de 8 épreuves en 2017 à 6 cette année. En 2022, une ou deux autres pourraient disparaître en raison de l’arrêt possible de clubs organisateurs. L’an passé, pour la première course en ligne organisée dans le département du Cher depuis le début de la crise sanitaire, la 77e éditions du Prix des Grattons, à Châteaumeillant, on comptait près de 150 coureurs inscrits, et 106 partants. Voilà quelques semaines, sur la même ligne de départ, ils étaient à peine plus de 30 … Dès lors, il paraît normal que les organisateurs se posent quelques questions quant à l’avenir de leurs courses. Surtout quand le ticket d’entrée fédéral, par épreuve, est proche des 3000€.

Alors que sur ces mêmes routes du Cher Julian Alaphilippe a livré ses premiers faits d’armes sous le maillot de l’US Florentaise, le vélo berrichon, voir national, ne devrait pas profiter de sa tête d’affiche mondiale. La faute à des exigences hors sol des uns, des autres, de la Fédération Française de Cyclisme, des instances institutionnelles, des coureurs aussi.

Dommage, la vitrine est pourtant sacrément belle !

Julian Alaphilippe est le seul coureur cycliste français à conserver son maillot de champion du Monde. Photo Fabrice Simoes

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