Les salariés d’Alvance Weels toujours dans le doute

A Diors, petit village de l’Indre, les salariés de la dernière usine de fabrication de jantes en France sont dans l’expectative. Alors qu’ils étaient dans l’attente d’une décision du tribunal de commerce quant à l’offre de reprise par le groupe Saint-Jean Industrie, à la fin du mois, ils ont eu connaissance d’une autre offre, celle de M2 Capital, un fond de pension britannique. Des offres très différentes dans leurs choix économiques et industriels.

Par Fabrice Simoes

Alvance Wheels à Diors (36) est la dernière usine sur le territoire à fabriquer des jantes. DR

Dans les foyers des 270 salariés de l’entreprise Alvance Wheels on n’a pas pu passer des fêtes sereinement. L’épée de Damoclès est toujours là avec de possibles licenciements, voire une potentielle liquidation de l’entreprise berrichonne. Le feuilleton est devenu long, trop long. Beaucoup aimeraient bien que cela s’arrête. A Châteauroux, dans les communes et villes alentours, les Alvance ne savent pas à quelle sauce ils vont être mangés. Voilà quelques semaines encore, juste avant les fêtes de fin d’année, l’offre de reprise effectuée par Saint-Jean Industrie tenait la corde, malgré la suppression d’une centaine d’emplois. Le mal au cœur était là certes mais… Depuis les salariés ont eu connaissance d’une deuxième proposition. Celle-ci permettrait de redistribuer les cartes puisque le nouveau candidat, MC 2 Capital, ne licencierait personne. L’espoir est un si précieux moteur !

Vision floue ou à court terme

Sur le papier, entre l’industriel Saint-Jean-Industries et le fonds de pension M2 Capital la donne est diamétralement opposée. D’un côté des licenciements, pas de reprise des créances, 18 millions d’investissement public assorti d’un prêt bonifié et participatif de 34 millions d’euros, et une stratégie industrielle jusqu’en 2026. De l’autre, pas de licenciement, une revalorisation des salaires de 6,5 % sur 2 ans et, sur 5 ans, 10 % du montant global du résultat net excédentaire, dans l’immédiat, pas de fonds public et une stratégie industrielle qui prévoit un développement des activités et de l’emploi. Ce sont ces deux offres détaillées que le syndicat CGT de l’usine indrienne a présenté aux salariés en ce début d’année.

Un choix qui s’avère plus compliqué qu’il n’y paraît même si 85 % des « sondés » ont opté pour la solution M2 Capital. Pour le syndicat le choix se situerait plutôt entre « la peste ou le choléra » même si l’une peut sembler particulièrement alléchante malgré son flou artistique.

Les élus de Diors (36) ont marqué leur soutien aux salariés de l’entreprise en décembre dernier. DR

De son coté, Dominique Boué, conseiller régional de l’Indre, a fait part de ses inquiétudes auprès du préfet. Il explique que, pour l’un « malgré un apport de fonds publics très conséquent (50-55 millions de l’état et 5 millions dont 3 conditionnés de la région) l’offre de reprise de Saint-Jean Industrie n’est toujours pas consolidée – Renault ne s’engageant pas fermement sur des commandes suffisantes. Et assure que, pour l’autre, « l’offre de reprise de M2Capital prévoit, elle, le maintien de l’ensemble des emplois sans apport d’argent public. Les salariés n’ont pas d’autres détails sur le contenu de cette offre. Est-elle sérieuse en termes de financement… Le tribunal doit maintenant rendre sa décision sur l’avenir d’Alvance Wheels le 25 janvier et l’Etat ne semble avoir obtenu aucune avancée quant aux engagements de Renault et Stellantis. »

Entre marteau et enclume, les salariés ont vu la direction les informer en début d’année, que « étant donnés les volumes prévisionnels de janvier (19 500 roues) et février (19 800 roues) ainsi que le volume de produits finis (59 000 roues), 2 semaines d’activité partielle seront positionnées les semaines 3 et 4 (du lundi 17 janvier au dimanche 30 janvier 2022) ». Il est précisé que, « Pour le personnel de structure, il continuera, en plus, d’être en activité partielle tous les vendredis et un jeudi sur deux. » Quant aux prévisions de Saint-Jean-Industries pour 2023, elles s’établissaient autour de 300 000 jantes. On est loin du seuil estimé de viabilité, situé autour de 1,5 million d’unités/an. L’avenir est de fait conditionné à la charge de travail que les constructeurs confient à Alvance. Là encore c’est l’incertitude : Renault, par exemple, n’a pas confirmé un récent engagement de 500 000 jantes …

Pas vraiment de quoi rassurer les salariés avant l’échéance de la semaine prochaine.

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