Orléans : Expo de design féminin au FRAC

Pour sa nouvelle grande exposition, Paysages du design, le Fonds Régional d’Art Contemporain, le FRAC Centre-Val de Loire continue son exploration de la création féminine. Ainsi, il met à l’honneur des œuvres de design d’artistes femmes en collaboration avec le domaine de Boisbuchet.

par Sophie Deschamps

Mathias Schwartz-Clauss, commissaire exposition Frac, Paysages du design. Photo Sophie Deschamps

Les paysages de cette exposition commencent par ceux, magnifiques, du domaine de Boisbuchet en Charente et dont on aperçoit le château sur la photo à droite. Ce centre d’études et d’innovation pour le design créé en 1989 présente la particularité de réunir chaque année des amateurs du monde entier afin d’expérimenter le design sous toutes ses formes. Un lieu d’inspiration qui intéresse beaucoup les femmes depuis une trentaine d’années et dont une centaine d’œuvres issues de Boisbuchet sont présentées à Orléans. 

Les femmes s’emparent du design

Pour le commissaire de cette exposition, l’allemand Mathias Schwartz-Clauss, il s’agit de rendre ses lettres de noblesse au design et de le considérer comme un art à part entière. En effet le design intervient dans de nombreux domaines : l’architecture, la mode, la mobilier, la vaisselle, les vêtements, la mobilité mais aussi les relations sociales, la santé, l’intégration culturelle, les productions artisanales artistiques. Ainsi treize thèmes, baptisés “paysages” sont déclinés tout au long du parcours pour rendre compte  justement de la richesse des interventions du design dans notre vie quotidienne. 

Pour  Mathias Schwartz-Clauss, ce n’est pas un hasard si les femmes s’emparent du design « parce qu’elles ont moins d’ego que les hommes. Elles sont beaucoup plus intéressées de développer un projet mobilier, architectural ou autre en équipe, avec d’autres personnes. Il s’agit alors d’œuvres collectives où la coopération joue un grand rôle. »

Trouver une solution à un problème spécifique

Car le design est une discipline plurielle dont les nombreuses fonctions nécessitent justement de coopérer : « Il ne s’agit pas uniquement de vouloir faire joli même si l’esthétisme est présent » souligne le commissaire de l’exposition. Comme il le précise « un ou une designer n’invente pas quelque chose uniquement dans sa tête. C’est une personne qui a besoin de prendre des informations de tous côtés : économiques, écologiques, techniques, sociales… afin de tisser quelque chose qui, au mieux, offre une solution à un certain problème. C’est ça le design, résoudre un problème spécifique, contrairement à l’art qui pose une question en toute liberté. Le design, lui, donne une réponse et c’est pour cela qu’il a un côté fonctionnel. J’espère donc que le public découvrira à travers les œuvres de ces femmes ce qu’est le design et quels sont les sujets dont il se préoccupe aujourd’hui. »

La préservation des œuvres rurales en Inde

Deidi von Schaewen présente les fresques murales réalisées par des femmes en Inde. Photo Sophie Deschamps

Une grande photo attire également l’œil au début de l’exposition. On y voit des fresques murales peintes par des femmes aborigènes du Nord-Est de l’Inde pendant la saison des mariages et des récoltes. Certaines de ces maisons ont été rasées à cause du sous-sol riche en minéraux. Du coup, la photographe Deidi von Schaewen a fait des clichés de ces maisons pour en garder la mémoire tout en donnant l’envie à des femmes d’autres villages de faire à leur tour des fresques. Elle a créé l’association Femmes du Hazaribagh

Un hommage à Charlotte Perriand

Bibliothèque-cloison de la designer Charlotte Perriand., celle qui a inspiré Le Corbusier et pas l’inverse. Photo Sophie Deschamps

Cette exposition a enfin le mérite de faire sortir des femmes de l’ombre à l’instar de Charlotte Perriand (1903-1999). Cette grande designer et architecte a travaillé en collaboration avec Le Corbusier et Pierre Jeanneret. La fondation Louis Vuitton lui a d’ailleurs consacré une grande rétrospective en 2020. Fascinée par le mobilier d’intérieur, le FRAC présente une bibliothèque-cloison (sur la photo), un fauteuil pivotant, un siège à dossier basculant et une chaise longue à réglage continu. Des objets pour les trois derniers produits à 400 exemplaires au début des années 30. Toutefois leur coût relativement élevé n’a pas permis de les faire pénétrer dans les foyers français.

Une exposition à visiter en famille 

Cet objet est-il une chaise ? Réponse au Frac avec l’exposition Paysages du design. Photo Sophie Deschamps

Cette exposition est aussi très agréable à visiter par son aspect ludique et coloré. Les enfants ne sont pas oubliés avec des cartels qui les poussent à s’interroger ? Cet objet qui ressemble à une chaise en est-t-il vraiment une ? En fait non, puisqu’il s’agit d’un hôtel à insectes. 

Pour mieux découvrir chaque “paysage”, les adultes sont invités à prendre des planches cartonnées disposées dans des bacs et qui détaillent les œuvres présentées.

Enfin, des écrans sont disposées un peu partout dans la salle afin de découvrir la démarche professionnelle des nombreuses femmes designer exposées. 

Paysages du design

Fonds Régional d’Art Contemporain jusqu’au 31 juillet 2022.

Entrée 2, boulevard Rocheplatte à Orléans du mercredi au dimanche de 14h à 19h et c’est gratuit.

https://www.frac-centre.fr/

Photo de Une : Cabine d’été nomade conçue en 1998 par deux architectes femmes : l’américaine Ljnda Taalman et la danoise Tanja Jordan

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