Châteaumeillant, futur village des Justes

Dix-huit ans après la plaque commémorative posée par Ida Rozenberg-Apeloig sur un mur du Chapitre, qui accueille désormais la mairie de Châteaumeillant, la commune du Boischaut devrait entrer parmi le petit groupe du réseau des villes et villages des Justes de France. Près de 150 personnes ont été cachées et mises sous protection dans ce territoire du Berry-Sud, durant la seconde guerre mondiale.

Par Fabrice Simoes

Une plaque commémorative est apposée, depuis 2004, sur l’un des murs du chapitre. Photo Fabrice Simoes

La petite ville de Châteaumeillant, bien avant que le président Emmanuel Macron ne vienne la placer sous les feux des projecteurs, était connue, par exemple, des amateurs de vin gris. Après avoir été un élément déclencheur de mauvais réveils du dimanche matin, jusqu’à la fin du siècle dernier, et si son abus est vivement déconseillé, les spécialistes reconnaissent que, depuis, les cuvées se sont sacrément améliorées au fil des ans. D’autres, les fans des gambettes de majorettes, des baguettes de tambours de la fanfare du coin, des confettis et des chars décorés de fleurs en papier vous parleront plutôt de la fête des Grattons – elle existerait depuis plusieurs siècles selon les « mémoires » locales. Les randonneurs n’auront de mots que pour les 45 bornes de marche entre la commune et Toulx-Sainte-Croix. Quant aux historiens, professionnels ou pas, il ne partiraient pas de ce coin de Boischaut sans faire un tour par l’oppidum gaulois, le musée Emile-Chenon et ses amphores qu’on ramasse ici à la pelle. Au printemps prochain, un autre éclairage devrait être donné sur le village du Berry-Sud et ses 1800 âmes.

Près de 140 personnes cachées dans la bourgade berrichonne

En novembre 2004, Ida Rozenberg-Apeloig, 3 ans à son arrivée en Berry et scolarisée cinq ans dans l’école du village, a fait poser une plaque commémorative. Un hommage, à ses frais, aux personnes qui, entre 1940 et 1945, l’avaient cachée, elle, sa famille ainsi qu’une quarantaine d’autres familles juives. Une attitude loin d’être en odeur de sainteté auprès du gouvernement de l’époque, conduit par le Maréchal Pétain, quoique que puisse s’en faire l’écho les réformistes de l’histoire de France actuellement.

En 1943, le cours moyen de Châteaumeillant comptait plusieurs enfants juifs. Photo Michel Cluzel

En juin prochain, la bourgade devrait intégrer officiellement le réseau des villes et villages des Justes de France. Une distinction, créée en 2010, décernée par l’institut israélien Yad Vashem. La bourgade berrichonne rejoindra une communauté de 140 communes françaises, dont Vichy déjà inscrite dans le réseau depuis plusieurs années déjà. Cette attribution, par cet institut qui œuvre pour la mémoire de la Shoah, est rare mais est une véritable reconnaissance de l’engagement individuel des habitants de la commune berrichonne. « Toute ma vie, je serai reconnaissante à Châteaumeillant. Aujourd’hui, je veux l’honorer et dire “merci” à ses habitants qui, malgré les risques encourus, ont recueilli, caché et sauvé la très grande majorité des juifs, hommes, femmes et enfants, qui étaient venus se réfugier dans la commune. », a raconté Ida Rozenberg-Apeloig au Berry Républicain, le journal local, pour expliquer sa détermination à rendre aux Castelmeillantais cet hommage. 

Pour l’actuel maire « Il n’existe pas de raison particulière à cette empathie vis-à-vis des persécutés. Il fallait le faire, se sont simplement dit les habitants. » Comme pour le titre de Juste parmi les nations, une enquête est diligentée par le musée-mémorial de Yad Vashem, à Jérusalem, avant la remise de la distinction, mais il faut aussi en faire la demande. C’est ce point qui était à l’ordre du jour lors de la visite présidentielle, en décembre dernier.

Un vote pour l’adhésion au Comité français pour Yad Vashem qui avait été favorable. Depuis, le dossier a fait son chemin… Châteaumeillant devrait rejoindre la sous-préfecture voisine, Saint-Amand-Montrond, et le village de Boulleret pour le Cher, Bouesse, Chasseneuil, Mézière-en-Brenne dans l’Indre, Pezou en Loir-et-Cher, Tours et Descartes en Indre-et-Loire. La démarche n’est pas la première dans le département du Cher. D’autant plus qu’en 2012, la première assemblée générale du réseau était présidée par le maire de Saint-Amand de l’époque, Thierry Vinçon, cocréateur, avec Paul Shaffer, du réseau.

Vichy, avec Pétain, Saint-Amand-Montrond avec Maurice Papon, une certitude : il ne faut jamais assimiler communautés et figures tutélaires …

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