Sculpture et photographie à Saran (45) : un duo majeur

Réunis jusqu’au 27 février au Château de l’Etang, à Saran (45), la plasticienne Valérie Barrault et le photographe Jean-Claude Picard offrent une exposition commune aussi insolite qu’harmonieuse. Où la nature de l’une s’exprime autant que celle photographiée par l’autre.

Par Jean-Luc Bouland

Valérie Barrault et ses sculptures habitées.

La Loire est multiple, généreuse, créative, propre à susciter des rencontres artistiques surprenantes. Ainsi, jusqu’au 27 février, le Château de l’Etang, à Saran (45) présente deux artistes passionnés qui ne se connaissaient pas avant de se retrouver en un même lieu (1). On peut saluer là le métier de l’équipe de programmation. Valérie Barrault, la plasticienne, et Jean-Claude Picard, le photographe, nous offrent une partition à deux voix toute en douceur et en harmonie qui incite à venir et revenir, pour mieux découvrir, et mieux s’imprégner de leurs univers respectifs.

Les portraits et les personnages sculptés de Valérie ne vous révèleront jamais en une fois tous leurs mystères, pas plus que les oiseaux de Loire photographiés par Jean-Claude Picard. Eux-mêmes, avouent-ils sans se concerter, dans une modestie qui sublime leur talent, ne pourraient pas tout vous dévoiler de leurs œuvres ou de leurs techniques. Pour Valérie, certaines sont encore en devenir, et pour Jean-Claude, le fruit d’instants uniques qu’il n’aurait jamais imaginés. Mais toutes ont en commun une poésie et une douceur indéniable, entrainant le visiteur en un monde surprenant.

Si la Loire était une femme, Valérie, née sur ses rives, aujourd’hui installée en Sologne, lui aurait certainement fait un portrait inspiré. Peut-être tenant en sa main un des nombreux oiseaux qui peuplent ses atours et habitent à loisirs les images du naturaliste Jean-Claude Picard. La première, à côté de ses activités professionnelles, a trouvé son mode d’expression privilégié dans la maîtrise de l’argile voilà une quinzaine d’année, privilégiant l’inspiration et l’intuition pour élaborer ses créations. Le second, aujourd’hui retraité, est un pêcheur affirmé, venu à la photographie pour mieux immortaliser l’environnement qui le fascine, et qu’il veut défendre. Il a développé pour cela des techniques insolites en totale immersion qu’il est le seul à bien expliquer.

Jean-Claude Picard magnifie la faune de Loire.- Photo JLB

Ils sont tous deux très présents pendant cette exposition, souvent ensemble, et intarissables sur leur passion, aptes à s’arrêter sur chacune de leurs œuvres pour en conter leur histoire unique. Ainsi en sera-t-il, par exemple, de la Marianne de Valérie ou de sa femme à la robe violette, encore inachevée à ses dires. « Il me faut parfois six mois pour concevoir une statue avant de passer à la réalisation. Et même aujourd’hui, certaines n’ont pas encore toutes leurs formes définitives. Pour ma Marianne, il me fallait trouver la personne qui correspondait à ma vision, avant de commencer le projet ». Ainsi, expliquait-elle voilà quelques temps à Jean-Louis Ringuet, bonimenteur avéré, “mon plaisir est toujours de modeler des visages, de trouver des expressions justes, une authenticité. Montrer l’invisible : capter les émotions et les rendre vivantes. Parler avec mon cœur et mes tripes. Mon univers onirique me permet de faire passer des messages grâce à des allégories“.

Pour Jean-Claude, retraité de l’imprimerie et fin coloriste, si la photographie est souvent la concrétisation d’un instant unique, c’est surtout la conjonction optimale d’une connaissance intime de l’environnement et de la faune alliée à une sensibilité unique. « Derrière les belles images, il y a parfois plusieurs années de travail à patauger dans la vase et le froid », déclarait-il en 2017 dans un interview accordé à la revue Nat’Image, qui lui accordait 4 pages. Pour ses visiteurs, dans une même logique, il préfèrera plus parler d’environnement que de photographie, de nature que de technique de prise de vue. “La nature se dégrade, les espèces d’oiseaux se raréfient“, expliquent celui qui veut ainsi les magnifier pour nous montrer combien on se doit de les respecter. Un combat qu’il mène aussi au sein de Loiret nature Environnement, insistant sur le fait que ce action devient essentielle.

Si l’une et l’autre ont déjà acquis une belle notoriété dans leurs domaines respectifs, ils n’en affichent pas pour autant une gloire insolente. Leur moteur premier est la passion et l’envie d’aller plus loin dans leurs recherches respectives. Nous devrions bientôt apprécier d’autres œuvres encore plus surprenantes, peut-être issues de cette rencontre initialement improbable. Au fil de la Loire, tout est possible.

(1) : Expo ouverte du mardi au vendredi de 14h à 17h; Samedi et dimanche de 14h à 17h30 (en présence des artistes) – Entrée libre – Fermé le lundi.

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