Le groupe de luxe LVMH a inauguré ses deux nouveaux sites de production vendômois en présence de Bruno Le Maire, ministre de l’Economie, des Finances et de la Relance le 22 février dernier. A terme, ce sont cinq cent emplois dans la maroquinerie qui verront le jour dans la cité des bords du Loir.
Par Jean-Luc Vezon
Une maroquinière explique à Bruno Lemaire les étapes de la fabrication du sac MM. Crédit photo Jean-Luc Vezon.
La nouvelle de l’arrivée de Louis Vuitton (LV) avait fait grand bruit en 2018. Le leader mondial de la maroquinerie de luxe s’était porté acquéreur du bâtiment Régence, rebaptisé l’Abbaye, bâtiment historique datant de 1032 dans le quartier de Rochambeau au cœur de Vendôme. La ville, longtemps réputée pour ses tanneries, lui avait alors cédé le site pour 1,7 M€ puis vendu la marque Vendôme cuir et bijoux pour la somme (modeste) de 10 K€.
Après un investissement de 15 millions d’€ et deux années de travaux de restauration, LV lançait la production de produits « de petite maroquinerie » à l’image des sacs Capucines en cuir de croco dont raffole notamment la clientèle asiatique qui n’hésite pas à débourser plusieurs milliers d’euros pour ses symboles de l’art de vivre à la française.
Fort de cet accueil, LVMH décidait en 2019 de faire construire un second site en périphérie de la ville sur la commune d’Azé à une portée de fusil de la gare TGV. Entièrement éco-conçu, l’Oratoire est le 18e atelier de la marque en France. Ce site de dernière génération accueille actuellement 75 salariés mais devrait monter en puissance pour atteindre 400.
Lors de sa visite guidée par Valérie Dubois, directrice des ateliers France et Michael Burke PDG de Louis Vuitton, Bruno Le Maire a pu mesurer le haut niveau de savoir-faire de l’entreprise qui sort quatre collections par an. Véritable artisanat, les sacs Vuitton sont fabriqués à la main avec une finition irréprochable. LV mise pour cela sur une formation pointue. D’abord recruté par Pôle Emploi selon la méthode de recrutement par simulation, les maroquinières ont bénéficié d’une solide formation et d’un tutorat opérationnel.
C’est le cas de Maelle Caillaud qui assemble les sacs cabas Neverfull MM après sa formation au Centre technique du cuir. « Je suis ravie d’avoir rejoint cette entreprise du patrimoine qui nous offre d’excellentes conditions de travail » souligne la jeune femme qui sera complètement polyvalente et autonome sur toutes les étapes de la fabrication après 18 mois.
Très impressionné par la précision du travail des maroquinières, Bruno Le Maire s’est enflammé : « Vous êtes les dépositaires de la culture française. Vous avez de l’or dans les mains. L’intelligence de la main vaut celle de l’esprit ». Le ministre a aussi insisté sur la volonté du gouvernement d’accélérer « la reconquête industrielle » au travers trois leviers : la formation des hommes et femmes, la compétitivité (améliorée par la baisse de dix milliards des impôts de production ou celle de l’impôt sur les sociétés à 25 %) et l’innovation et les technologies de rupture. Objectif affiché faire passer la part de l’industrie de 12 à 20 % de la richesse créée.
LVMH 2021 une année historique
L’arrivée à Vendôme de Louis Vuitton, entreprise fondée en 1854 par ce malletier jurassien, est sans conteste une bonne affaire pour les finances et l’image de la sous-préfecture dont le taux de chômage est l’un des plus bas en France. Président-directeur général du groupe LVMH, Bernard Arnault a confirmé la pleine santé du groupe dont le chiffre d’affaires a grimpé de 44%, à 64,2 milliards d’euros tandis que son résultat courant bondissait de 107%, à 17,5 milliards d’euros. Il s’agit de la meilleure année dans l’histoire du groupe.
L’Abbaye, l’atelier situé dans le bâtiment Régence au coeur de la ville de Vendôme a fait l’objet d’une remarquable restauration. Crédit photo Jean-Luc Vezon.
« Je ne suis pas obsédé par le cours de bourse. Nous travaillons pour le long terme ; le profit est une conséquence de la qualité de notre travail, pas un objectif », a déclaré le big boss dont la fortune est estimée à 187,4 milliards USD en 2022 selon le magazine Forbes. Accompagné de son fils Frédéric, (1), il a aussi rendu un hommage appuyé aux salariés qui bénéficient d’une politique de RSE dynamique et d’accords de participation et d’intéressement exceptionnels en 2021 (6 mois de salaires).
(1) Polytechnicien et CEO de l’une des filiales du groupe LVMH, TAG Heuer, l’un des leaders des montres sportives de luxe.