Interne en médecine générale : travailler moins pour exercer mieux

Le Congrès des internes en médecine générale vient de se dérouler à Tours, les 24 et 25 février derniers. Les 600 participants ont été accueillis par François Bonneau, l’actuel président de la région Centre Val de Loire. Les congressistes se sont ensuite répartis dans de nombreux ateliers et tables-rondes pour discuter des conditions de leur futur métier.

Par Jean-Paul Briand

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Ces jeunes médecins en instance de thèse puis d’installation souhaitent un travail en équipe, la diversification des rémunérations et un exercice mixte associant libéral et salariat. Ils acceptent les délégations de tâches à d’autres professionnels de santé dans un cadre interprofessionnel consensuel. A la différence de leurs anciens, ils n’aspirent plus à multiplier les actes, à enchaîner les journées de 10 à 12 heures, les semaines à rallonge et les gardes obligatoires. Système suranné et délétère qui a poussé nombre de praticiens à l’épuisement professionnel voire au suicide. Ils veulent travailler moins pour exercer mieux et avoir une vie après la médecine.

Chaque année, le nombre d’installations nouvelles en médecine générale chute 

Si les thèmes prioritaires de ce 22ème congrès des internes étaient tournés sur la prise en charge des migrants et réfugiés, les identités de genre mais aussi sur les cabinets écologiques et la santé environnementale, la désertification médicale n’a pas été oubliée. Elle fait peser la menace d’installations obligées dans les zones sous-denses. Les internes ont tenu à rappeler que des mesures contraignantes à l’installation risquent de détourner de la médecine générale nombre d’aspirants médecins. Depuis plusieurs décennies, chaque année, le nombre d’installations nouvelles en médecine générale chute. 

En libéral, le même médecin aurait une productivité bien supérieure 

Une plénière était consacrée à l’accès aux soins, un sujet particulièrement sensible dans le Centre-Val de Loire, championne de France de la désertification médicale. Madame Aline Chassine Deniau, directrice du  Groupement d’intérêt Public Pro Santé Centre- Val de Loire (GIP Pro Santé Centre-Val de Loire) est venue draguer les futurs médecins en leur proposant le salariat. En effet le GIP Pro Santé souhaite recruter 300 médecins salariés entre 2021 et 2028. Ils devraient être rémunérés entre 5 000 et 8 950 euros bruts par mois pour 39 heures hebdomadaire et 47 jours de congé et de RTT, soit 18 à 34 millions d’euros annuel. Avec le secrétariat, les loyers, l’entretien des locaux, etc, la note risque d’être particulièrement salée pour la région Centre Val de Loire. Après avoir fait les calculs, l’Assurance maladie comme la Mutualité française ont abandonné cette idée de salarier les généralistes. En libéral, le même médecin aurait une productivité bien supérieure qu’en tant que salarié…

Un moyen coercitif déguisé afin de traiter la pénurie de généralistes

En toute fin du congrès tourangeau, le ministre de la Santé, Olivier Véran, s’est adressé aux 600 internes dans un message vidéo. Les élections approchant, il a évité les sujets qui contrarient les internes et les a surtout congratulés : « Vous êtes la pierre angulaire de notre système de santé, le premier recours, un acteur essentiel de la prévention, du suivi des patients au long cours. Vous êtes un véritable repère pour les malades et une force pour le système de santé » leur a-t-il dit chaleureusement. Les promesses ont suivi avec l’augmentation, dans les zones sous denses, des indemnisations de stages et d’hébergement mais sans évoquer l’obligation de les pratiquer dans ces territoires atteints par la désertification médicale comme plusieurs candidat(e)s à la présidence le proposent. Les internes ne refusent pas a priori une quatrième année d’internat. Ils veulent logiquement qu’elle soit authentiquement formatrice et non un moyen coercitif déguisé afin de traiter la pénurie de généralistes dans les territoires abandonnés.

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