Les Vieux de la vieille ont revu la doyenne…

Pandémie oblige, les compétitions populaires de courses à pied en Centre-Val de Loire étaient réduites à la portion congrue depuis mars 2020. Cette année, les amateurs de bitume, de chemins creux, ou pas, semblent pouvoir reprendre leurs routes. A Vierzon, le 46e semi-marathon, la plus âgée des compétitions de la région, a donné le La de la reprise pour les anciens du bitume et pour les plus jeunes aussi.

Par Fabrice Simoes

Retour à la normale dans les peloton des courses hors stade. Photo Irene Chappuis

Les Vieux de la vieille ne veulent plus aller à Gouyette. Ils ne veulent pas aller en Ehpad tout de suite. Les Vieux de la vieille de maintenant ne sont plus ceux de Gilles Grangier et René Fallet. Les Vieux de la vieille d’aujourd’hui courent certes moins la gueuze que voilà quelques années, parce que l’alcool c’est avec modération, mais ils courent encore et toujours.

Pourtant, ces vieux-là ont avalé les kilomètres de semi-marathons (21,1km) qui étaient plus ou moins mesurés à 23 km ou 19,5 km. Ces vieux de la vieille ont débuté les épreuves de courses à pied sur un pari avec leur voisin à peine plus sportif. Dès lors, ils rigolent au nez des jeunots et de leurs « 5 km c’est long et demande de l’entraînement ». Les mêmes ont porté fièrement un maillot siglé Spiridon en hommage au premier vainqueur du marathon olympique. Ils ne se doutaient pas qu’ils honoreraient, des années plus tard, le grand-père de Vladimir Poutine…

On discute encore avant d’être trop essoufflé. Photo Irene Chappuis

Alors que les joggeurs et les athlètes – les coureurs sont devenus joggeurs ou athlètes en fonction de leurs capacités chronométriques tandis que la course à pied s’appelle officiellement running pour la Fédération Française d’Athlétisme – trottinent près de la ligne de départ de la 46e édition du semi-marathon de Vierzon, les vieux de la vielle ne se lamentent pas de tous ces changements. Seulement, ils ne sont pas certains que ce soit mieux qu’avant… surtout après la période particulièrement compliquée de la pandémie Covid 19.

Les différents niveaux de restrictions de déplacement de la Covid avaient fait sensiblement augmenter le nombre de promeneurs de chiens, de pratiquants de course à pied aussi. Si les toutous réclament toujours leur balade quotidienne, les joggeurs occasionnels en ont profité pour renouer avec leurs vieilles habitudes procrastinatrices… Le canapé et la télé ont retrouvé leurs saveurs d’avant. Durant de longs mois, les épreuves de courses à pied ont été à l’arrêt. Pas de compétitions officielles ou officieuses, hormis quelques parcours tracés en mode GPS.

Les plus motivés ont pu les parcourir et enregistrer leurs performances par le truchement de leurs appareils connectés. Les joggeurs sont, eux, passés au canicross, baskets au pied et chiens en laisse. Tandis que la crise sanitaire s’est installée, en réaction, les vieux réflexes de l’homosapien ont refait surface avec mise en adéquation aux conditions du moment. Le sédentaire est devenu marcheur, le marcheur joggeur, le temps d’un confinement.

Les coureurs à pied ont renoué avec l’asphalte

Le semi-marathon de Vierzon, c’est la doyenne des courses à pied de la région centre-Val de Loire. C’est la plus ancienne, née au milieu des années 1970. Mesurée à la roue de géomètre par des bouffeurs de bitume fadas et heureux de sortir des stades, l’épreuve vierzonnaise a cru péricliter avec un peloton passé de plus de 600 unités à largement moins de 200. Bon gré, mal gré, elle est toujours là. Une seule coupure au compteur, en 2020, par obligation sanitaire. Longtemps, c’est dans la deuxième ville du Cher que débutait la saison. Désormais ce n‘est plus tout à fait le cas. Par contre, avant le printemps, on continue de venir voir Vierzon plutôt que Vesoul pour faire un chrono.

Alors, pour cette reprise, on attendait du monde, beaucoup de monde. Que nenni. La masse n’est pas de retour. Pourtant, sur ce bout de bitume on a taillé le bout de gras, une bavette comme on ne l’avait pas fait depuis trop longtemps. On se retrouve enfin après des mois d’attente, d’envies à peine assouvies. On demande des nouvelles des uns et on découvre que parmi les vieux de la vieille il en manque quelques-uns.

La solitude du coureur de fond ne sera bientôt plus qu’un souvenir. Photo Fabrice Simoes

Une course à pied est toujours un salon où l’on cause de tout, de rien, de tous et de personne à la fois. Ces quelques mètres d’asphalte devant et derrière une ligne blanche, ou rouge, tracée au sol sont comme une cour de récrée avant de devenir trop essoufflé. Quelques rendez-vous, entre deux vagues de virus, entre deux vaccinations, entre deux passe-sanitaires, entre deux contrôles et deux ports du masque, avaient eu lieu en été dernier mais c’était bien peu pour sortir du phénomène des courses virtuelles. Cette fois, pour de vrai, du moins tout le monde l’espère, la vie paraît reprendre, ses petits moments de plaisir avec. Vous pouvez ajouter que la connerie humaine, elle, n’a jamais connu de repos.

Ce retour au presque « comme avant » doit cependant tenir compte des modifications liées à des mois de disette de la pratique en commun. Alors que les licenciés recherchent les parcours à performances, les populaires sont devenus plus encore consommateurs. Les courses doivent maintenant avoir lieu sur place, ou pas plus loin que pour aller au premier supermarché. La course en est devenue un rayon avec ses produits aseptisés. C’est tout cela que le retour de la doyenne a remis sur le devant de la scène. Ce premier peloton d’une classique n’a donc pas été aussi fourni qu’en plein cœur des années 1990, mais comme il a fait soleil et que des vieux de la vieille était là…

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