Les femmes entre syndrome de l’imposteur et quotas imposés

La place des femmes dans la société, au-delà du schéma simpliste et dépassé de sa présence dans la cuisine, était au centre des débats, à Vierzon, à la veille de la journée des droits de la femme.

Par Fabrice Simoes

Belle ou jolie tribune, sexisme ordinaire ou jugement de compétences, la question reste posée. Photo Fabrice Simoes

« La femme est l’avenir de l’homme », c’est en citant Aragon que Céline Chouard, la journaliste du Berry Républicain chargée d’animer les débats a débuté la soirée vierzonnaise. Là, paroles étaient données à des femmes venues d’horizons très différents. Nous conseillons dès maintenant à ceux qui pensent que le poète aurait mieux fait de faire la sieste plutôt que de raconter des conneries de ne pas aller plus loin dans leur lecture. Ils vont être très déçus… Quant à ceux qui restent et se disent que « c’est normal de leur donner la parole vu que, c’est bien connu, elles parlent tout le temps ! », le devoir de Magcentre est de leur rappeler qu’ils risquent d’être vendus comme esclave à une tribu d’Amazones pour faire la vaisselle, les tâches ménagères et la procréation, si nécessaire.

Donc, en terre berrichonne comme ailleurs, la scène, malgré les décorations florales encadrant cinq fauteuils, était bien toujours trop grande pour ce type de réunion. C’était pourtant un beau parterre – on peut se demander si le qualificatif est assimilable à une remarque sexiste ou un jugement de valeur de compétences, et ce même si parterre est un mot masculin – qui était proposé à l’écoute d’un public vierzonnais aussi attentif que mixte.

Une camérawoman pour une télé locale, normal pour une table ronde sur l’avenir de l’homme. Photo Fabrice Simoes

Réunir une sportive de haut niveau, Marion Rousse, ex-championne de France de cyclisme, directrice du Tour de France féminin, consultante télé et pas seulement compagne de Julian Alaphilippe, une cheffe d’entreprise du bâtiment, désormais présidente d’un club de basket professionnel, Agnès Saint Gès, la co-commissaire de la Biennale du Frac (Fonds régional d’art contemporain), Nabila Metaïr, historienne de l’art, et une des artistes invitées de la biennale d’architecture, Louisa Babari, était déjà une sacrée gageure. Quatre identités, quatre parcours, quatre individualités mais un féminisme revendiqué au-delà de la maternité et des tracas routiniers de la vie de tous les jours. Toutes rêvent plus d’un espace partagé avec la gente masculine que d’une relation conflictuelle.

Démocratie féministe ou pensée hégémonique

A partir du constat de la persistance des inégalités plusieurs thématiques ont été mise en avant comme l’imposition de responsables aux plus hautes instances dirigeantes, que ce soit en sport, en entreprise ou en politique entre autres. La dénonciation « des structures de pensée hégémonique, la suprématie masculine au profit d’une démocratie féministe » et comment lutter contre « les stéréotypes sexistes à l’heure où la parole se libère ». Un constat : l’accessibilité de femmes à des postes de décision passe par une visibilité accrue au regard de « décennies de préjugés sur les femmes ».

Et les intervenantes, à leurs manières d’apporter leurs expériences alors que le mouvement « vers la parité ou la prise en compte des questions féministes arrivent tardivement à l’issue d’un processus très long de plusieurs centaines, voire de milliers d’années… »

Quand on supprime les fleurs et qu’on offre un panier garni. Comme pour un homme quoi…Photo Fabrice Simoes

Le rôle de potiches, pour les unes comme pour les autres, n’est pas leur tasse de thé – les derniers misogynes qui sont encore là sont priés de sortir dès la fin de cette phrase – pour elles, comme pour un homme d’ailleurs. A l’image de Marion Rousse, la cycliste passée aux commentaires de courses masculines qui ne voulait pas être engagée pour simplement permettre aux chaînes de télévision de se féminiser.

Un quota genré avant l’heure. « Je voulais montrer que j’avais ma place aux commentaires parce que je savais de quoi je parlais… J’ai fait assez de kilomètres et souffert, sur un vélo, pour parler d’une course aussi bien qu’un garçon ! ». Agnès Saint Gès assure que, quel que soit le poste proposé, « une femme va peut-être se poser plus de questions comme les capacités à tenir le poste, de quelle manière je vais pouvoir allier ma vie personnelle, ma vie de femme, et ma vie professionnelle ?.. On se doit, comme tout homme ou femme, de ne pas se mettre de frein justement pour tout donner et montrer que nous sommes là parce que nous en avons les compétences. Nous ne sommes pas là par défaut !» Ce syndrome de l’imposteur est prégnant chez les femmes, quel que soit le domaine, a affirmé Louisa Babari.

Aragon avait probablement raison, « l’avenir de l’homme est la femme. Elle est la couleur de son âme. Elle est sa rumeur et son bruit. Et sans elle, il n’est qu’un blasphème. » En 2022 c’est pas encore tout à fait gagné !

Lire aussi notre dossier : Le sexisme ordinaire, la tare sociétale

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