Orléans: nocturne féministe au FRAC, un moment de partage

150 personnes se sont retrouvées ce jeudi 10 mars 2022 à Orléans pour la première nocturne féministe du FRAC Centre Val-de-Loire. L’invitée était Ovidie, autrice, journaliste et cinéaste spécialiste de la sexualité féminine. Un moment rare d’intelligence et de partage. 

Par Sophie Deschamps

L’autrice et journaliste Ovidie, invitée de la première nocturne féministe du Frac Centre Val-de-Loire à Orléans. Photo Sophie Deschamps

Il semblerait bien qu’Abdelkader Damani, directeur du FRAC Centre Val-de-Loire ait réussi son pari ce jeudi soir avec sa première nocturne féministe. Cet allié des féministes continue de creuser ce sillon clairement militant : « L’objectif de ces nocturnes est de faire du FRAC un véritable lieu de débats. Car ces questions d’écologie, de genre, de migrations et du féminisme deviennent des questions centrales. (…) Et si moi en tant qu’homme je n’accepte pas l’égalité parfaite avec l’être qui est le plus proche de moi et le plus opposé comment est-ce-que je vais accepter l’égalité avec le migrant et le monde de la nature ?»

Ovidie première invitée

Pour ce premier débat, l’équipe du FRAC a donc choisi en cette ère post #MeToo d’inviter l’autrice et journaliste Ovidie, 41 ans, pour parler de sexualité avec cette question : « Doit-on laisser la politique à l’entrée de la chambre à coucher ? Ou au contraire faut-il repenser la question amoureuse, le couple et les sexualités pour des relations plus égalitaires ? »

Justement Ovidie qui dans sa jeunesse a milité dans le mouvement prosexe s’en est éloignée à cause de son refus de politiser la sexualité. « Un refus criant explique t-elle au moment de #MeToo quand une féministe comme Betty Dodson voulait parler des valeurs sexuelles positives et des femmes qui ont réussi à ne pas se faire violer (sic)!»

La discussion avec la salle a ensuite tourné autour de quatre thèmes : la sexualité donc, la maternité, l’amour et le corps.

Le viol ordinaire enfin admis par des hommes

Les hommes quoique que peu nombreux, une petite vingtaine ont largement pris la parole. Non pour dominer le débat mais pour faire des témoignages forts parfois. Tel cet homme désemparé qui a eu le courage de reconnaître en public qu’il avait sûrement violenté des femmes au cours de sa vie sexuelle. On parle ici de viol ordinaire dans une chambre à coucher alors que comme l’a rappelé Ovidie « l’image que l’on a du viol c’est un inconnu dans un parking avec un couteau ». 

Les violences obstétricales

Outre la charge mentale qu’elle induit le thème de la maternité a été aussi l’occasion d’aborder un sujet rarement évoqué, celui des violences obstétricales. Notamment lors des accouchements les touchers vaginaux des étudiant.es pour “se faire la main” et sans la consentement de la femme, donc assimilés à un viol. Sans compter rappelle Ovidie « les petites humiliations, l’infantilisation des parturientes »  

Ovidie a aussi souligné le fait que « l’on ne demande jamais aux femmes enceintes si elles ont subi des violences sexuelles dans leur vie. Car il y a le risque que la femme revive ce traumatisme pendant l’accouchement ».

Il y a  aussi les tracasseries administratives que subissent les sage-femmes qui font des accouchements à domicile sans oublier la culpabilisation des femmes qui avortent. Comme on le voit la liste est longue et non exhaustive.

Une jeune génération plus à l’écoute des désirs de l’autre

Même si les avis étaient partagés dans la salle, il semblerait selon Ovidie « que la  génération des 20-30 ans soient plus à l’écoute des désirs de l’autre. »

Toutefois des enseignant.es posent la question de leur formation pour mener à bien les trois séances obligatoires par an d’éducation à la vie affective et sexuelle de la primaire à la terminale. Parfois, une information est donnée en urgence en situation de crise notamment en lycée après un problème “grave”.

La flemme des rapports sexuels

Ovidie a enfin indiqué que « nous vivons un moment particulier où la question se pose de la compatibilité du féminisme et de l’hétérosexualité. Le problème c’est en fait l‘hétéronormativité. Ce qui peut mener pour certain.es à un arrêt des rapports intimes  à cause des trop nombreuses contraintes vécues par les deux sexes. 

Une “flemme” qui existe ailleurs puisque des études montrent qu’une Suédoise sur deux préfère faire un jogging à l’amour et qu’un Américain sur quatre préfère regarder une série. 

Une soirée riche qui appelle à un prolongement avec la proposition de refaire le point d’ici un an.

 

Pour aller plus loin, vous pouvez vous plonger dans les nombreux livres d’Ovidie notamment La sexualité féminine de A à Z (édition la Musardine, 2018) ou bien encore la BD Libres coécrite avec Diglee (édition Tapas, 2021)

Vous pouvez aussi lire ou relire le dossier sur le sexisme de Mag Centre en cliquant ici.

La prochaine nocturne féministe sera une rencontre littéraire et artistique autour de la question : « Qu’est-ce-qu’une démocratie féministe ? » 

Deux invitées viendront en parler :

Marie-Cécile Naves, autrice de l’ouvrage La démocratie féministe, réinventer le pouvoir (Éditions Calmann-Lévy)

Marion Blondeau, artiste chorégraphique évoquera sa création « f’m » (2017) qui questionne notamment la place des femmes dans nos sociétés.

A découvrir le jeudi 7 avril 2022 de 18h30 à 20h au FRAC Centre Val-de-Loire, place de la romancière à Orléans. Entrée gratuite.

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