Pour les réfugiés, le maire de Vierzon a pris les clefs du camion

Les camions d’aide sont partis de la deuxième ville du Cher, en Berry. Les camions d’aide ont fait un détour par Bitterfeld-Wolfen, en Saxe-Anhalt. Les camions d’aide sont arrivés à Mistra Kamienna Gora, en Basse-Silésie, le week-end dernier. Les trois villes jumelées étaient réunies pour venir en aide aux réfugiés ukrainiens. En tête de convoi, au volant de l’un des véhicules, le maire de Vierzon…

Par Fabrice Simoes

Conduire, charger et décharger, le périple n’était pas un voyage d’agrément. DR

« Vous êtes les gens de Vierzon. On vous connait… On vous aime ! » En trois petites phrases comme autant de petits camions – des 11m² tout de même – partis quelques jours plus tôt de la deuxième ville du Cher, des habitants de Kamienna Gora, en Pologne, en Basse-Silésie, dans le rayon d’un supermarché ont fait part de leur gratitude aux voyageurs solidaires Berrichons. Les gâteaux achetés là en ont eu un autre goût, celui de la reconnaissance d’un élan et d’une démarche sans arrières pensées.

Sur place, le maire de Vierzon et celui de Kamienna Gora ont pu échanger sur les divers besoins des uns et des autres. DR

C’est à l’issue d’un rassemblement pour la paix et la solidarité avec le peuple ukrainien, initié par la municipalité, que l’idée a germé dans l’esprit du maire communiste de Vierzon, Nicolas Sansu, d’aller plus loin que les seules intentions. « Nous avons fait une visioconférence avec le maire de Kamienna Gora, Janusz Chodasewicz. Il nous a expliqué que les premiers réfugiés arrivaient, d’abord au compte-goutte, et qu’ils en attendaient plusieurs millions dans tout le pays dans les jours et semaines à venir. Pour la Basse-Silésie, on devrait avoisiner les 600 000 personnes dont 800 à 1000 dans sa ville de 19 000 habitants. En commun nous avons listé les besoins pour le centre de réfugiés qui venait d’être installé dans une ancienne école. Nous avions prévu d’affréter deux fourgons mais l’afflux de dons a nécessité un troisième », affirme l’élu local.

Les six chauffeurs, pour trois véhicules, se sont relayés pour rejoindre la Pologne. DR

Matériel de couchage, d’hygiène, de vêtements chauds, de denrées alimentaires aussi, de nécessaires pour les enfants par l’intermédiaire de la crèche, mais aussi pour les plus âgés avec des dons en provenance de l’Ehpad vierzonnais, sont parvenus rapidement dans les locaux municipaux. Les institutions, la communauté de communes par exemple, tout comme les particuliers, ont vivement réagit et les trois fourgons ont été vite quasiment pleins.

Finalement, cinq agents de la ville dont une traductrice franco-polonaise, et le maire, ont pris la route de la Pologne. Six chauffeurs, pour les trois véhicules, et un trajet de 1600 km qui n’a pas emprunté le chemin le plus court. Pour combler les derniers espaces libres, le convoi est passé par Bitterfeld, la ville allemande jumelée avec Vierzon et Kamienna Gora. Un détour solidaire pour un jumelage tripartite…

Des familles bientôt accueillies à Vierzon

Sur place, les Berrichons ont rencontré les élus locaux mais aussi des bénévoles et les premiers réfugiés. Une réunion émouvante où les mots, en français, en polonais, en ukrainien, pouvaient se chevaucher tandis que les visages exprimaient toutes les détresses, la traversée de la frontière polonaise après quatre jours d’attente, les joies et les remerciements du moment même si…. Un moment fort qui n’a pas laissé insensible Johanna, la traductrice : « C’était une belle leçon d’humilité ! Nous sommes ici et nous avons à manger mais nos garçons sont restés là-bas, m’a expliqué l’une alors qu’une autre m’a dit, le Ciel d’Ukraine ce n’est que des bombes, que des bombes. Nous avons fini enlacées… »

Sur les réseaux sociaux polonais , les “gens de Vierzon” ont fait le buzz. Photo Ville de Vierzon

Depuis son retour, Nicolas Sansu a rencontré le préfet pour parler de l’arrivée en France de la centaine de milliers d’Ukrainiens estimés. « Nous serons sollicités, c’est évident. Sur place nous avons rencontré des familles, deux souhaitent venir en France. Certains des enfants rencontrés sont déjà scolarisés là-bas. La discussion a été facilité par Anastasia, étudiante au Lycée Français de Kiev. Elle parle le Français couramment, à 17 ans. Sa mère est professeure de littérature », selon Nicolas Sansu.

Désormais, nul besoin de vêtements chauds – les dons ont été particulièrement nombreux – mais outre le soutien moral c’est l’aspect financier qui est au centre des débats. Pour la deuxième ville du Cher, il est envisagé de transiter en partie par l’association des maires de France et par l’association de Kamienna Gora qui gère les centres de réfugiés sur place. « Nous sommes en contact direct avec le maire et les personnes qui s’occupent du centre et nous continuons à travailler ensemble par visio… », explique le maire de Vierzon.

Quant à la décision de ce périple, l’ancien député du Cher est clair : « C’était une décision d’urgence et à certains moments il ne faut pas tricher … »

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