André Laignel se paye le quinquennat

Dans une Lettre aux maires, le premier magistrat d’Issoudun, André Laignel, vice président délégué de l’Association des maires de France (AMF), a dressé le bilan du dernier quinquennat. Une analyse qu’il a partagée avec ses collègues maires. De quoi mettre un peu colère certains élus de la majorité présidentielle, à quelques jours du premier tour de l’élection présidentielle. 

Par Fabrice Simoes

André Laignel a plus que regretté l’absence du candidat Macron devant les élus locaux. Capture d’écran

On dira ce qu’on voudra mais quand on n’est pas dans les petits papiers d’André Laignel, on n’est pas dans ses petits papiers. C’est que l’André du Berry quand il n’aime pas quelqu’un, il n’aime pas et le fait savoir à qui veut bien l’entendre. Depuis des années il s’oppose au pouvoir central. Depuis des années, il se fait des ennemis. Depuis des années il est toujours là… Lors du dernier congrès des maires, il avait déjà épinglé Emmanuel Macron, entre autres, quant aux difficultés financières des communes. Selon Gala, magazine spécialisé en politique comme chacun le sait, le président avait alors indiqué, vouloir « cartonner Laignel ».

A l’orée du premier tour de la présidentielle, le Berrichon n’a pas manqué de se rappeler aux bons souvenir du candidat à sa réélection. Ce n’est pas parce que l’on a blanchi sous le harnais de nombreuses années de politique que l’on doit se relâcher, n’est-il pas ? Dernière preuve en date, le mail du ci-devant maire d’Issoudun envoyé à quelques collègues élus, comme lui, à la tête de communes de l’Hexagone. Même s’il est précisé que le message est adressé « à un certain nombre d’élus dont il est proche » et qu’il s’agit « d’un envoi régulier d’informations et autres argumentaires et n’engage pas l’AMF », il n’en resta pas moins que le message a été perçu tout autrement. Une certitude, il a touché la cible.

Déjà, voilà une quinzaine de jours, dans la Gazette des communes, l’élu issoldunois depuis plus de 45 ans, premier vice-président délégué de l’Association des maires de France et président du comité des finances locales, avait débattu avec Jean-René Cazeneuve, président de la délégation aux collectivités territoriales et à la décentralisation à l’Assemblée nationale et député LREM de la 1er circonscription du Gers. Il a été établi que, a minima, ils n’étaient pas d’accord… Le sujet était simple : le bilan du dernier quinquennat. Et comme on lui a posé la question, André a répondu comme il sait si bien le faire quand il veut que ça pique les yeux.

CVAE, organisation institutionnelle et coupes dans les budgets des collectivités

Il ne restait plus qu’à enfoncer le clou… Chose faite avec la missive aux amis. Là, le cacique socialiste a démarré sa prose en fustigeant le président de la République qui, le 15 mars dernier, « n’avait pas répondu positivement à l’invitation de Territoires Unis (AMF/ADF/RdF*) qui auditionnait les prétendants à la fonction présidentielle ». Une absence qui avait empêché le candidat-président d’entendre les qualificatifs d’André Laignel, soutien d’Anne Hidalgo, dans son discours liminaire. « Calamiteux » en ce qui concerne « la décentralisation, les libertés locales », avait-il dénoncé.

Un petit coup sur la suppression de la cotisation sur la valeur ajoutée (CVAE) qui serait « une nouvelle attaque contre l’autonomie fiscale » qui accélérerait « la recentralisation des finances locales au sommet de l’État ». Un autre sur l’organisation institutionnelle avec « le retour du conseiller territorial (qui) nous renvoie aux années Sarkozy ». Et le coup de grâce, le constat de l’absence d’annonce, dans la lettre d’intention du président de la République, de coupes à hauteur de 10 milliards dans les budgets des collectivités.

Le député du Cher François Cormier-Bouligeon n’a pas manqué de réagir. Capture d’écran

De quoi faire réagir du côté de la majorité. Et d’entonner le refrain accusateur de se servir de l’organisation à des fins politiques plutôt que de représenter les élus locaux. La levée de boucliers a été conduite par Jean-René Cazeneuve qui rappelait que ce courrier dématérialisé était « une rupture scandaleuse de la neutralité de cette association et l’utilisation de ses moyens à des fins partisanes… et un tissu de contre-vérités ». Un argument repris par le député du Cher François Cormier-Bouligeon. Sur les réseaux sociaux ce dernier appelle même à la démission de l’Indrien de sa vice-présidence. « Ce message d’@AndreLaignel est un tissu de mensonges et un concentré de haine en total décalage avec l’état d’esprit constructif de nos maires tellement attachés à l’intérêt général. La question de la démission d’André Laignel est posée. #LaignelDémission #presidentielles2022 », écrit-il sur Twitter.

Voilà qui n’a en rien perturbé l’ancien secrétaire d’Etat de François Mitterrand. Quasiment aussi roué que son compagnon de route socialiste des années 1980, on le voit mal opérer un tel retrait dans les jours qui viennent… dans les mois qui viennent non plus d’ailleurs !  

*AMF : Association des maires de France ; ADF :  Assemblée des départements de France ; RdF : Régions de France

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