“Le Chêne” : une magnifique ode à la nature, sans paroles

Dans le cadre du mois de la biodiversité en Région Centre Val-de-Loire, l’Agence Régionale de la Biodiversité a fait salle comble le 17 mai 2022 au soir au Pathé Loire à Orléans avec une séance spéciale autour du film Le Chêne et ses habitants en présence du réalisateur Laurent Charbonnier.

Par Sophie Deschamps 

Des applaudissements nourris ont salué la projection du film Le Chêne et ses habitants de Laurent Charbonnier et Michel Seydoux mardi soir au Pathé Loire à Orléans. Ils en disaient long sur l’enthousiasme provoqué par ce long-métrage qui a nécessité un an et demi de travail. Ce film, qui débute par une impressionnante scène d’orage, montre la vie d’un magnifique chêne solognot, à toutes les saisons ainsi que celle des animaux qui vivent sur, dedans, sous et à proximité. Laurent Charbonnier a une longue carrière de films animaliers derrière lui. On lui doit notamment le film Chambord en 2019 et Les animaux sauvages en 2007. C’est donc avec enthousiasme qu’il a ensuite répondu aux nombreuses questions de la salle, aux petits comme aux grands : « C’est vraiment passionnant de voir comment le public a ressenti le film, si on s’est plantés ou pas et si tout marche comme on l’avait imaginé. »

En effet, le parti pris de ce film était risqué puisqu’il n’y a pas aucune voix off mais il faut bien reconnaître que les animaux, filmés presque tous dans leur milieu naturel, sont de formidables acteurs : « En fait, Michel Seydoux ne voulait pas d’un documentaire animalier mais un vrai film animalier avec une histoire, des séquences, un rythme, des moments plus calmes et d’autres chargés d’émotions, notamment la scène de la course-poursuite où l’on se demande si l’autour des palombes va manger le geai ou pas ! » 

Outre les animaux familiers, l’écureuil, le blaireau, le cerf, le sanglier, le mulot, le geai, la chouette effraie et leurs petits au printemps, ce film nous fait découvrir un tout petit insecte de 5 millimètres de longueur le balanin du chêne ou charançon qui avec sa longue trompe est responsable des petits trous visibles souvent sur les glands, puisque c’est là qu’il y pond ses œufs !

Aucune trace d’activité humaine 

Pour autant, Le Chêne n’est pas un film militant pour la préservation de la nature mais il présente la particularité de ne comporter aucune trace d’activité humaine. Un choix adopté en cours de route : « On avait imaginé dans le scénario une cartouche de chasse rouillée, par terre et un petit vélo qui se promène dans les traces d’une moto tout-terrain dans une ornière de boue. Mais finalement tout cela a été gommé au montage. On a préféré émerveiller le public parce que selon nous la beauté fait que l’on protège mieux la nature. » C’est aussi l’idée sous-jacente que la nature sait très bien se débrouiller toute seule et que l’intervention de l’homme est trop souvent perturbatrice.

En tout cas ce qui est sûr c’est que toutes les personnes qui ont vu ce film regarderont désormais un chêne autrement en pensant à toute la vie qu’il génère et protège et hésiteront peut-être avant de dégainer leur tronçonneuse !

Car Laurent Charbonnier a également le souci de la préservation de nos forêts alors que les arbres souffrent du changement climatique : « Il y a beaucoup de chênes dans de nombreux endroits qui ne sont pas en très bonne santé. On a interviewé récemment une forestière en Sologne pour un autre film. Elle nous a dit qu’elle pensait que dans quinze ans, il n’y aura plus de châtaigniers, ils seront tous morts. Donc il y a de bonnes raisons d’être inquiets et encore plus cette année avec la sécheresse qui est déjà là. »

Avec aussi une véritable envie d’être un passeur et un pédagogue au service de la nature : « Tous mes films vise depuis 45 ans à faire connaître ce qu’il y a dans la mare d’à côté, dans la haie d’à côté et là c’est dans le chêne d’à côté. »