Fatoumata Diawara, déesse et flamme à Olivet

 
A n’en pas douter, le concert donné jeudi par la chanteuse et guitariste malienne Fatoumata Diawara, au théâtre de verdure d’Olivet, restera dans les annales du 49e festival de Sully et du Loiret. Près de deux heures sans faiblir et allant crescendo, cette artiste étourdissante de générosité et de talent, de profondeur et d’un désir fou de vivre et de partager, enflamme le public composé d’enfants et d’adultes. Les uns et les autres la rejoindront sur scène pour un bouquet final qui n’en finira plus de conjuguer danse et chanson.  Déesse émouvante qui met le public en apesanteur en tout début de concert, cette musicienne dégrafe tout à coup une liberté de ton qui ensorcelle un site idyllique.  
 
Par Jean-Dominique Burtin

“Rien que la paix, au nom de tous nos enfants”

 

Une déesse captivante. Photo Didier Depoorter

Superbement entourée de quatre musiciens, cette femme aux riffs ravageurs ne se lasse pas de répéter avec une douceur incandescente et prévenante qu’il faut que “l’amour revienne sur cette terre et règne pour nos enfants”.
Dès vingt-heures trente, au parc du Poutyl, sur la scène du Théâtre de verdure donnant sur le Loiret, s’avance, avec une folle élégance, celle qui fut la complice de Matthieu Chedid sur le si joli titre “Une âme“. Quelques notes s’égrènent, sa voix résonne de gravité sur les accents électriques de son instrument. Fatoumata Diawara, encore statique, est une belle silhouette se découpant sur le la rivière lisse où se reflète la nuée pâle et rose de la fin du jour. Le temps de saluer le public et voici que les premiers frissons parcourent les spectateurs. Par de subtiles volutes, la voix touche aux cimes des derniers vols d’oiseaux, puis l’artiste adopte un punch langoureux, enlace comme embrase le parterre avec un chant parfois rauque, éraillée, provenant d’outre terre ou d’outre espace. Tout est ici superbe. 
 
Et Fatoumata Diawara de prendre la parole et d’affirmer sa volonté de vouloir de représenter toute L’Afrique, de “célébrer son continent beau de belles histoires et de traditions”. La positivité est son désir :  “Désormais, il ne faut pas seulement parler de guerre, de la famine, des femmes battues, mais de dignité, ce dont nos enfants ont besoin afin d’être normaux dans la planète”. 
Avec les paumes rougeoyantes de ses mains ouvertes, parfois le sifflet à la bouche comme une meneuse de samba, cette artiste continue d’arpenter la scène avec rire et sourire tels de fiers défis et de mettre le feu aux poudres, d’embraser scène et gradins, en entrant follement dans la transe.
 

“Nous sommes la voix des sans voix”

 

Avec Yacouba Kone, guitare. Photo Didier Depoorter

Continuant d’être au plus proche du public et de lui parler, Fatoumata Diawara tient à rendre hommage à Fela Kuti , et à toutes “les femmes leaders survivantes de la planète” telles que Angélique Kidjo, Oumou Sangaré et aussi Nina Simone : “Nous avons tous le sang rouge, il faut que l’amour revienne sur cette terre et règne pour nos enfants. Nous sommes la voix des sans voix. Encore une fois nous voulons la paix, rien que la paix et cela nous suffit.” 
En fin de concert accompli et partagé, Fatumata Diawara, renversante et radieuse, alors que le public est en partie debout sur l’herbe et en partie sur la scène, s’adresse une nouvelle fois aux spectateurs acquis et conquis : ” Merci la vie d’être en vie, merci à toute la nature et à vous. La musique est là pour soigner nos peines, la musique est là pour nous tous. Nous l’écoutons et la dansons, c’est comme l’eau et le feu, il y a là de quoi se faire du bien, car nous le méritons “.  Dernier instant d’un long et si beau moment.
 
Photos Didier Depoorter
Avec
Fatoumata Diawara, chant/guitare
Yacouba Kone, guitare
Arecio Smith, claviers
Juan Finger, basse

Jean-Baptiste Gbadoe, batterie

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