Les oubliées du Ségur 3 manifestent à Orléans

Près de 150 personnes des services sociaux du Centre Val-de-Loire se sont rassemblées en début d’après midi à Orléans devant la direction régionale du Travail, ce jeudi 23 juin 2022. En effet, ces salariée·s du public qui ont pourtant été sur le pont durant la pandémie n’ont pas touché les 183 euros par mois accordés en mai 2022 par le gouvernement. 

Par Sophie Deschamps 

Près de 150 personnes ont manifesté à Orléans en tant “qu’oublié·e·s du Ségur. Photo Sophie Deschamps

On peut d’emblée écrire oubliées au féminin tant le secteur social est occupé principalement par des femmes. Des femmes oubliées donc par le Ségur 3 de la santé puisque la prime de 183 euros leur est passée sous le nez. Elles se sont donc fait entendre avec quelques collègues, place de l’étape à Orléans ce 23 juin devant le bâtiment rond et rose de la direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités, la DIRECCTE.

Une prime versée aux uns mais pas aux autres

Des manifestantes venues d’un peu partout dans la région comme Sylvia Havet, attachée juridique à l‘ATIL de Tours, association tutélaire d’Indre-et-Loire : « Moi je touche la prime et je considère que c’est une véritable injustice parce que notre association ne peut pas tourner sans les fonctions support, les assistantes et les comptables. Donc je suis là pour les soutenir et faire entendre leurs voix. »

Justement à côté d’elle se tenait Noémie Jubard, assistante des délégué·e·s mandataires à l’ATIL, et donc l’une des oubliée du Ségur : « Nous sommes ce que l’on appelle les métiers support. On n’exerce pas la mesure de protection à proprement parler mais nous gérons toute l’administration du dossier. Notre fonction n’est pas connue alors qu’on a été présentes durant la pandémie. On passe encore au second plan. Y’en a marre, il faut que ça change d’autant que j’aime mon métier. Mais après un an et demi de travail je gagne seulement 1300 euros net par mois, donc les 183 euros seraient les bienvenus surtout avec les prix qui montent actuellement. J’ai déjà des collègues qui sont parties vers d’autres métiers, mieux payés. »

Les UDAF aussi concernées 

Cette non-reconnaissance entraîne un désintérêt pour ces métiers pourtant indispensables comme le rappelle Yves Bodard, salarié au service des tutelles de l’Union départementale des associations familiales, UDAF du Loiret : « Nous sommes une équipe et nous estimons que les assistantes, les emplois administratifs et les agents d’accueils méritent comme nous d’être revalorisés d’autant qu’il s’agit des salaires les plus faibles. Par ailleurs, un mandataire judiciaire qui prend ses fonctions touche 1300 euros net par mois donc du coup nous avons plusieurs postes qui ne sont pas pourvus, notamment à Montargis.»

Des sous effectifs qui font augmenter la charge de travail. Un travail  qui en plus est déshumanisé comme le dénonce Yves Bodard : « Les personnes dont on s’occupe sont réduites à des points. Une curatelle à domicile vaut tant de points, une tutelle en maison de retraite en vaut d’autres. On doit atteindre 700 points pour être considérés comme rentables, ce qui représente à peu près la prise en charge de 60 personnes. Du coup, on croule sous la charge de travail, avec des burn-out et des personnes non remplacées. »

Mathilde le Pivain et Thomas Morizeau, de l’UDAF 28 venu·e·s manifester à Orléans le 23 juin 2022 pour la prime Ségur. Photo Sophie Deschamps

Même son de cloche du côté de l’UDAF d’Eure-et-Loir avec Mathilde Le Pivain qui exerce un métier très peu répandu, celui d’équicienne : « On a un service de médiation animale. Je fais de l’accompagnement social au quotidien en passant par la relation avec le cheval à Chartres. Et du coup je suis une oubliée du Ségur. Je travaille depuis plus de sept ans et je touche 1800 euros net. Au bout de quasiment dix ans, gagner 2000 euros, ça ferait pas de mal. Surtout que j’ai le même diplôme d’éducatrice spécialisée que les mandataires, mais moi je n’y ai pas droit alors que je fais le même type d’accompagnement. C’est injuste, je me sens flouée.»

La démotivation n’est jamais loin surenchérit Thomas Morizeau, mandataire judiciaire à l’UDAF d’Eure-et-Loir, qui lui touche la prime : « On veut que tout le monde soit revalorisé. On a un travail déjà difficile avec une charge de travail énorme et quand les secrétaires n’ont pas leur revalorisation, c’est vrai qu’elles sont démotivées.»

Une délégation a été reçue à la DIRECCTE du Centre Val-de-Loire. Les manifestant·e·s espèrent aussi être mieux entendue·s du gouvernement maintenant qu’il a perdu sa majorité absolue à l’Assemblée Nationale. À suivre.

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