80 ans de la Rafle du Vel d’Hiv : le rôle de la SNCF dans la déportation

Les 80 ans de la Rafle du Vel d’Hiv sont l’occasion de se pencher sur le passé des camps d’internement du Loiret par lesquels ont transité 16000 hommes, femmes et enfants. Un passé douloureux qu’il faut regarder en face et transmettre impérativement aux nouvelles générations pour lutter contre le révisionnisme et l’antisémitisme toujours prêts à resurgir. D’où l’importance de l’ouverture le 17 juillet 2022 de la gare de Pithiviers en tant que musée et lieu de mémoire.

Par Sophie Deschamps 

Ce sont sur ces rails que des milliers de juifs, hommes, femmes et enfants sont partis en train vers les camps de la mort en 1942. Photo Sophie Deschamps

C’est la première fois en France qu’une gare devient un lieu de mémoire de la déportation des Juifs. Et cette gare de Pithiviers en est l’un des symboles puisque six convois sont partis de ses quais entre 1941 et 1942 ( voir encadré) avec à chaque fois près ou plus de 1000 déportés entassés dans des wagons de marchandises.

Une déportation qui n’aurait pas été possible sans le concours de la SNCF. Mais celle-ci ne reconnaîtra son rôle que dans les années 1990 comme l’explique sans détours Alain Leray, conseiller Mémoire et Histoire du comité exécutif de la SNCF : « Jusqu’au début des années 90, la SNCF c’était la bataille du rail, donc une entreprise qui avait été résistante. Or, on sait très bien que la vérité est beaucoup plus complexe. Le rassemblement des archives a commencé en 1992. Et c’est en 1996 que la SNCF a commandé au CNRS le rapport Bachelier. C’était véritablement la première initiative que SNCF a prise pour essayer d’y voir plus clair sur cette triste époque ». 

Délégation de Filles et Fils de Déportés Juifs de France (FFDJF) devant la gare de Pithiviers le 20 mai 2012 en présence de Serge Klarsfeld. Un document présenté au musée de la gare. Photo SD

Les nombreuses archives de la SNCF concernant la seconde guerre mondiale sont stockées au Mans. Elles sont consultables par le public en ligne depuis 2012. Certains de ses documents sont d’ailleurs exposés à la gare de Pithiviers. 

Comme le souligne Jacques Predj, directeur du Mémorial de la Shoah de Paris : « Il faut remercier la SNCF qui n’a pas hésité à soutenir l’institution privée qu’est notre Mémorial. Et ce soutien ne date pas d’aujourd’hui puisque remonte aux années 2000. Guillaume Pépy (ancien patron de la SNCF de 2008 à 2019, NDLR) est rentré au conseil d’administration du Mémorial. Donc il y a un engagement très fort de la SNCF, sans laquelle ce musée n’aurait pas pu voir le jour.»

A noter enfin que la SNCF reste propriétaire de la gare de Pithiviers et le Mémorial de la Shoah en est le locataire pour un euro symbolique pendant quinze ans. Un bail qui sera bien sûr prolongé.

Six convois sont partis de la gare de Pithiviers pour Auschwitz-Birkenau entre juin septembre 1942 :

Convoi 4 : 25 juin 1942 

1000 déportés 

82 rescapés en 1945

Convoi 6 : 17 juillet 1942 ( le second jour de la rafle du Vel d’Hiv)

928 déportés dont 24 enfants 

99 rescapés en 1945

Convoi 13 : 31 juillet 1942 

1049 déportés dont 140 enfants ( le nombre des enfants déportés augmente après la rafle du Vel d’Hiv)

21 rescapés en 1945

Convoi 14 : 3 août 1942

1003 déportés, dont 107 enfants 

5 rescapés en 1945

Convoi 16 : 7 août 1942

1072 déportés, dont 303 enfants 

6 rescapés en 1945

Convoi 35 : 21 septembre 1942

1001 déportés, dont 168 enfants 

35 rescapés en 1945

A noter aussi que deux autres convois sont partis de la gare de Beaune-la-Rolande, toujours en 1942.

Convoi 5 : 28 juin 1942 

1039 déportés, dont 16 enfants (on est pourtant avant la Rafle du Vel d’Hiv des 16 et 17 juillet 1942)

92 rescapés en 1945

Convoi 15 : 5 août 1942 

1013 déportés dont 214 enfants 

9 rescapés en 1945

Rappelons enfin qu’aucun de ces enfants déportés à Auschwitz-Birkenau n’a survécu.

Retrouvez tous les articles de notre dossier sur les 80 ans de la rafle du Vel d’Hiv: Dossier : 80 ans de la Rafle du Vél d’Hiv

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  1. Irène Némirovsky arrêtée le lundi 13 juillet par des gendarmes français, fût internée à Pithiviers le 16 juillet, déportée le 17 juillet à Auschwitz par le convoi 6. Admise d’emblée au Krankenrevier, elle est assassinée le 17 Août par ses bourreaux. Autrice de renom, son livre posthume « Suite française » obtint le prix Renaudot en 2004. Ce livre est de mon point de vue le meilleur sur la période de l’Occupation, avec une description de l’haïssable collaboration

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