[Rétro] Faurécia, une douche à l’Italienne

 

 

Le monde des équipementiers automobile est en crise. Quand il se heurte à de possibles malversations, la situation devient encore plus délicate. Dernier avatar en date, l’usine de produits composites Faurécia, à Theillay, dans le Loir-et-Cher devait être racheté par un groupe basé au Luxembourg. Deux de ses principaux dirigeants sont aujourd’hui emportés dans une tourmente judiciaire en Italie …

Par Fabrice Simoes

En 2015, le site avait été amputé d’une centaine de salarié.e.s@Fabrice Simoes

La méfiance, une deuxième nature

Une choses est certaine, on ne peut pas reprocher aux représentants des salariés une certaine volonté de comprendre le système économique qui les préoccupe. Par exemple, chez Faurécia Automobile Composite, la CGT, syndicat majoritaire du site de Theillay, on était un peu dans l’expectative depuis la fin de l’année dernière. Le groupe avait annoncé la vente de l’unité solognote mais aussi de Saint-Méloir (Ille-et-Vilaine), ainsi que du centre technique de Saint-Malô (Ille-et-Vilaine) au groupe Ixellion. Une changement de nom de plus pour la structure solognote construite sous pavillon Matra avant de devenir Sotira et enfin Faurécia. A chaque mutation son lot de départs plus ou moins volontaires certes, mais l’établissement conservait encore près de 200 salariés à l’orée de 2022. La méfiance est, dans le même temps, devenue une deuxième nature chez les personnels locaux. Prendre des vessies pour des lanternes, ce n’est pas vraiment leur truc depuis qu’on les balade d’un industriel à un autre. On se demande souvent à quoi peuvent bien servir les syndicats. On ne répondra pas ici par des phrases toutes faites même si chacun peut avoir sa petite idée sur le sujet. Sur ce coup là, les représentants de salariés ont été bien au-delà du simple rôle de partenaire social.

Cette fois, ils ont cherché qui était ce groupe Ixellion, « groupe technologique qui investit dans l’innovation et les matériaux de pointe… » selon son site internet (exclusivement en Anglais, merci les traducteurs automatiques). En première lecture on apprend que le groupe serait basé au Luxembourg, aurait un n° d’enregistrement professionnel européen, des adresses à Fiumicino (Rome), et à la bourse de Londres. En cherchant plus loin on découvre que le groupe existait précédemment (juin 2016) et était localisé en Estonie. Légalement, rien de répréhensible dans tout cela. L’optimisation fiscale est visible à plein nez, mais il paraît que l’éthique, l’argent qui n’aurait aucune odeur, le capitalisme et son petit cousin le libéralisme, tout ça …

La direction de Faurecia n’était pas au courant…

Poils à gratter toujours, sur leur temps libre, des délégués locaux ont mis un coup d’ongle sur le vernis Ixellion. Ils ont ainsi découvert un premier article du Corriere de la Sierra, intitulé Antonio Sedino e Elisa Cristhal Zanarotto: la coppia di truffatori Ixellion che comprava villa e auto di lusso (Antonio Sedino et Elisa Cristhal Zanarotto : le couple d’escrocs d’Ixellion qui a acheté une villa et une voiture de luxe merci les traducteurs automatiques. bis) et d’avoir encore plus de détails avec un second opus « Ixellion, arnaque milliardaire à Côme : 160 clients dupés… » On comprend que Antonio Sedino, membre du conseil d’administration d’Ixellion, et son épouse, Elisa Cristhal Zanarotto, vice-présidente, membre du conseil de surveillance d’Ixellion SA seraient, pour l’un en prison, pour l’autre assignée à résidence ! « Une puissante opération de maquillage financier pour laquelle le néant a été recouvert de papier d’or et vendu comme métal précieux ». Ici est décrite, selon les mots du juge, l’escroquerie dans le secteur de la haute technologie conçue et mise en œuvre par un couple, domicilié à Côme , qui aurait trompé au moins 160 investisseurs, convaincus d’acheter des actions d’une société qui n’a jamais été cotée en bourse. «Les époux, d’après ce qui a été reconstitué par la police financière, avaient déjà récolté plus de 4 millions d’euros , mais l’objectif était d’atteindre rapidement les 2 milliards. » relate la journaliste Anna Campaniello (en Italien, merci les traducteurs automatiques. Ter). Le maire du village de Theillay avouait lors de ses vœux médiatiques qu’il avait des difficulté à contacter les représentants du groupe Ixellion. On comprend mieux pourquoi maintenant …

Le site de Theillay a connu d’autres appelations que Faurecia; Le problème n’est pas de s’appeler Ixellion mais … @Fabrice Simoes

En début de semaine, lors d’un CSE (comité social et économique) les représentants syndicaux ont interpellé la direction quant à la procédure de vente en cours. Il était en effet prévu la vente de 70 % des parts de l’entreprise au premier semestre 2022, et les 30 % restants 1er janvier 2025 dernier carat. La direction aurait botté en touche déclarant vouloir élucider ce problème judiciaire et vérifier ces dernières informations. Du coté syndical, on est quelque peu interloqué par tant de manque de « discernement ou d’incompétence, voire des deux associés. »

Alors que le carnet de commande est suffisamment garni pour envisager l’embauche d’une trentaine d’intérimaires, voilà qui n’est pas exactement ce qui peut apporter de la sérénité sur le bord de l’ancienne RN 20.

PS: l’usine Faurécia de Nogent sur Vernisson n’est pas concernée par cette restructuration: Premières relocalisations en région Centre-Val de Loire

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