Rencontre avec Christophe Galent, nouveau directeur du Théatre d’Orléans

La semaine dernière, Christophe Galent a pris son poste à la tête du Théatre d’Orléans et de la Scène nationale. Il succède ainsi à François-Xavier Hauville, parti fin 2021. Magcentre a rencontré cet acteur important du paysage culturel orléanais.

Par Bernard Cassat

Christophe Galent photo GP

Christophe Galent a dirigé pendant 10 ans les Halles de Schaerbeek, un lieu culturel de la l’agglomération de Bruxelles. « J’aurais pu rester encore à Bruxelles, mais il y a un moment où on se répète », explique-t-il. Il cherchait un « tissu culturel riche et contrasté », et a pensé qu’Orléans allait lui permettre de développer son projet. « Lors des candidatures, il faut toujours trouver un nom pour le projet que l’on présente. J’ai appelé le mien « Faire monde ? » Plus que le vivre ensemble, très à la mode depuis quelques années, ce qui m’intéresse, c’est comment on fait monde commun dans cette époque inédite.» Christophe Galent s’est toujours intéressé « au problème du in et du off, à l’articulation de la culture savante et de la culture populaire. Aux différentes manières de produire des spectacles. Comment approcher des publics différents. C’est une équation compliquée dont le questionnement m’intéresse. Et Orléans m’a semblé un endroit propice pour se poser ces questions. »

Le cirque, un fédérateur de public et de disciplines

La Scène nationale va donc sans doute accentuer certaines possibilités du cahier des charges. « La mission de production peut-être activée plus fortement. En restant pluridisciplinaire, bien sûr. L’ADN musical ne sera pas négligé. Mais on peut augmenter certains autres feux. » Le cirque l’intéresse particulièrement. La notion de cirque moderne, « comprise largement. Des univers en soi, interdisciplinaires. Des créateurs qui se jouent des étiquettes. Le cirque attire des publics très diversifiés en âge, en pratique culturelle. C’est en ce moment la discipline la plus intéressante dans son frottement avec les autres univers du spectacle. On peut attirer du public différent et lui faire découvrir des esthétiques contemporaines auxquelles il ne serait pas forcément sensible autrement. »

Pour cela, comme pour la musique d’ailleurs, « il faut réinventer certains formats de présentations. Il y a un problème d’adéquation entre la taille des plateaux, le nombre de sièges et le type de spectacle. Comment on présente tel spectacle dans les conditions les meilleures. » Il pense même à « des formats courts, en forme commando… par exemple. »

Chaque année un temps fort sur un pays étranger

Son axe important de pluridisciplinarité va le pousser à s’accorder avec les autres structures du théatre, et aussi les autres lieux orléanais. « Pour faire circuler les publics… Le hors les murs est capital. » D’ailleurs, il projette un temps fort, chaque année, réservé à un pays étranger. « Dans toutes les esthétiques, tous les types d’interventions. Pour réunir autour du thème choisi des structures orléanaises très disparates en multipliant les propositions et les lieux. »

Lorsque l’on aborde la question du Théatre et de sa gestion, Christophe Galent parle d’abord de problèmes matériels. En cette époque de grandes économies énergétiques, il est confronté à la vétusté des lieux. « Les salles ont près de 50 ans. Donc des pertes terribles. Par exemple, chauffer les bureaux implique de chauffer la salle Touchard, même si elle n’est pas en production. Et puis tous les problèmes d’équipements techniques dans les cintres. Le plateau de la salle Barrault, par exemple, est actuellement en travaux. » Des gros chantiers à venir, donc, voraces en financements alors que le budget global n’est pas extensible.

Un parcours plus sauvage que réfléchi

Lorsqu’on lui demande de parler de lui plutôt que de son projet, l’homme sourit mais ne rechigne pas à répondre. « Je suis arrivé dans la culture par hasard. Je n’aurais pas pu trouver un autre lieu. » Son engagement culturel a été plus « sauvage que réfléchi ». Une grande faim intellectuelle lui a fait suivre un parcours pas vraiment décidé au départ. Mais c’est aussi un penseur, un théoricien. Le monde de la culture l’intéresse et il a plusieurs ouvrages de réflexion à son palmarès. Jeune, il s’est rendu compte que « le véritable acte politique dans la culture, c’est le fictif. Or aujourd’hui, le fictif est un endroit menacé. On vous force toujours à avoir une identité déterminée. »

Pour l’heure, le directeur du Théatre et de la Scène nationale, après de longues marches dans sa nouvelle ville, la trouve « belle et riche. Mais il y a un retrait par rapport à cette richesse. Orléans pourrait affirmer plus sa force culturelle. »

On ne doute pas que Christophe Galent va s’y employer avec bonheur.

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