Claire Boris, sculptrice, cimente un “petit monde” de poésie

Une délicate comme audacieuse fragilité est à l’œuvre sur une matière impressionnante. Le ciment. Lorsque Claire Boris entre dans ses ateliers, que ce soit dans celui de Saint-Ay ou dans celui de Vitry-sur- Seine, cette sculptrice sait exactement ce qu’elle va sculpter, l’attitude qu’elle va donner à son personnage sur lequel elle va travailler deux mois durant à flux tendu. Tout nait, au départ, de l’observation des gens de la rue.
Par Jean-Dominique Burtin
Claire Boris, sourire et signe. Photo: DR.
Pas de croquis préparatoire. Le regard qui enregistre lui suffit. Que la rencontre se soit passée il y a deux jours ou six mois, tout ressurgit sur le champ et la vie de l’un de son peuple de personnages commence à prendre vie.  Tous composent un sensible comme impressionnant “Petit monde”. Le nôtre. Qui ne cesse de voyager à bord d’une poésie du quotidien. Celui des villes et de la nature.  Mais aussi de la profonde solitude des êtres.

Un “Petit monde” à flux tendu

Au cœur de la nature. Photo : DR.
Jamais à court d’idées et travailleuse insatiable, Claire Boris, Prix des Artistes Orléanais en 1998, n’en finit pas de lutter avec le matériau et d’apprivoiser le poids du ciment, de dompter cette matière, à la fois puissante, brute, pour en faire naître la légèreté d’une expression. Place, dès lors, au mouvement suspendu d’une écharpe, ou à un pan de veste soulevé par le vent. 
Claire Boris : “Plus je travaille, plus je parviens à ce que je veux.  Lorsque je m’arrête trop longtemps, c’est à dire plus d’une semaine, il m’est difficile de me remettre à l’œuvre dans l’atelier. “
En vérité, cette créatrice qui n’en finit pas d’être requise ici et là, pour des expositions à Malaga, à Bruxelles, Mulhouse à Aigues Mortes ou en Haute Savoie, assure la logistique de tout son travail. Elle se met ainsi au volant du camion pour livre des commandes et honorer des invitations. Tout cela pour promouvoir son art mais aussi pour aller à la rencontre des amateurs de son travail, discuter avec eux de la poésie altière de son œuvre et s’enrichir de ces échanges. 

De voyages en voyages

Passants du jour. Photo : DR.

Aujourd’hui, l’agenda de cet artiste, comme celui de bon nombre de solistes de la scène musicale ou théâtrale ou cinématographique, est complet jusqu’en 2024. Notons cependant que, dans notre région, une exposition collective et de cœur prévue depuis deux ans, se déroulera en septembre 2023, à la Trésorerie de Saint-Pryvé Saint Mesmin (Loiret), en compagnie de ses amis, les peintres orléanais Psycho et Capton.  Aujourd’hui, jour après jour, simplement, physiquement, poétiquement, Claire Boris n’en finit pas de faire naître son petit peuple qui nous ressemble tant. Tout naît dans l’atelier, sans musique, avec infiniment d’énergie et de concentration. Avec un don de soi absolu. S’appuyant sur la mémoire d’un regard, d’un coup de cœur, qui fait écho et défi. En vérité c’est avec un charme direct que Claire Boris nous avoue, en toute solitude, par instants, ne pas vouloir quitter ” sa bassine de ciment”. Jouvence pour nous offrir d’attachantes présences.

Les passagers du vent. Photo : DR.
Proches expositions à venir
 
 “Eternels Voyageurs” est à l’Atelier Perché, 18 rue Ville Close, à Bellême (61). 
Du 15 septembre au 13 novembre 2022. Vernissage samedi 17 septembre de 16 heures à 21 heures.
Les sculptures de Claire Boris sont ici présentées avec les pièces de Catherine Legrand et les peintures de Christophe Legrand et Serge Rat.
 
Trente-quatrième édition du Salon Européen d’Art Contemporain à Saint-Brisson sur-Loire.  Du 29 octobre au 13 novembre 2022.
 

Dates des expositions de 2022, comme en Haute-Savoie, Mulhouse et Bruxelles, à découvrir sur le site :  www.claireboris.com

Commentaires

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  1. Passants pensifs. Penchés. Le long des rues, des trottoirs, leur pas pressé sous l’averse. Leur silhouette, une onomatopée inconnue. Leur ombre, une écriture effacée. Parapluies repliés sous le coude. Poignets menottés de sacs plastique. Leur histoire emportée par l’histoire, coques d’huîtres déblayées d’un revers de coude. Dans l’odeur d’iode et de bruine quelques égratignures de lointain entre les façades. Des lettres d’enseignes tremblées aux ressauts d’un bus. Un vertige dans le gaspillage de l’attention. Son accroche sans tri. Dans l’inconséquence. Le bouillon cérébral. Passants vacillant sous l’orage. Dans le gris d’une lumière chiche glissée entre leurs doigts et qui les laisse pendus à son absence. Passants qui serrent leurs écharpes, rabattent leurs capuches. Multipliés de leurs doubles aux contours flous pour une moindre solitude. Le cou rentré entre les omoplates, genoux osseux sous le pantalon mouillé. Dont la connaissance de la pluie est entière dans ce coin de tissu humide collé aux cuisses. L’eau gèle une pincée de froid à la pointe des chaussures. Passants. Plantes de pieds lourdes de marches d’escalier, d’allées glissantes, de passages cloutés, de pentes de parkings descendues en pliant les jambes. Mains attardées au vent. Et l’empreinte de leurs semelles à côté de celles des moineaux.
    Claude Ber
    …Mais moi je suis petit et gros et ai bien peu de chance d’être un passant qui …ne passe pas pour notre artiste.

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